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🖤 🎬Retour sur Annie Colère de Blandine Lenoir: drame social engagé et lumineux, ce film choral fort documenté rend compte avec un didactisme assumé et bienvenu (thèse de Lucille Ruault à l’appui) de l’action invisibilisée, oubliée et pourtant fondamentale du MLAC (Mouvement pour la Liberté et la Contraception) ; se doublant d’un récit initiatique juste et émouvant à travers le portrait très attachant de son héroïne, qui, à la suite de son avortement, devient militante et se découvre, le film, récit d’une douce mais irrépressible métamorphose, mêle harmonieusement intime et politique : ouvrière et épouse soumise Annie, déjà mère de deux enfants, tombe accidentellement enceinte et, cherchant une solution, pousse la porte du MLAC, réseau d’activistes bénévoles qui, en réaction aux décès provoqués par des avortements clandestins pratiquaient et diffusaient gratuitement la méthode Karman (par aspiration)… 🎬🖤 Outre l’interprétation infaillible de l’ensemble du casting, Laure Calamy en tête, le film séduit par sa narration intelligente décrivant à travers le regard novice et le parcours de son héroïne le fonctionnement d’un mouvement capital dont l’action, illégale mais pas clandestine, a fait bouger les lignes et rendu possibles les lois Veil 🖤🎬Évitant les scènes d’avortement sordides (ni solitude, ni sang, ni peur) la cinéaste filme la force du collectif et de la transmission (chansons et dialogues accompagnent les actes effectués par des professionnels qui soulagent sans terrifier) et retranscrit la lutte et l’incroyable solidarité de ces femmes, issues de tous milieux sociaux, qui s’entraident, se soutiennent et bouleversent le destin d’Annie 🎬🖤 Mêlant habilement l’intime et le politique, le film, récit d’émancipation et photographie d’une époque charnière, est à voir en complément, non en contrepoint, de L’événement d’Audrey Diwan, adapté du récit autobiographique d’Annie Ernaux: versant collectif, féministe et solaire de l’histoire de l’avortement en France, il salue l’engagement sans faille d’hommes et de femmes qui ont oeuvré et contribué au changement de la société: un film solaire, nécessaire et beau 🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #anniecolère

3/8/2024, 12:27:20 AM

🎬🦈Lancement fort réussi, à l’UGC Parly, du Cineclub, animé par Dominique Legrand avec, pour débuter ce cycle sur la peur, Jaws, de Steven Spielberg … Immense plaisir de replonger dans ce chef-d’œuvre très librement inspiré du roman de Peter Benchley, qui cosigne le scenario avec Carl Gottlieb, de revoir sur grand écran le 2ème long-métrage du maître et de trembler à nouveau sur l’inoubliable thème de sa bande-son emblématique signée John Williams (oscar de la meilleure partition originale pour ce film) … 🦈🎬 Intelligemment construit en diptyque, le film, sorti en 1975, témoigne déjà de l’incroyable maîtrise de Spielberg tant dans son langage cinématographique (célèbre travelling compensé entre autres) que dans sa direction d’acteurs… D’abord axé sur la cité balnéaire, le film bascule ensuite dans un huis clos maritime palpitant à bord de l’Orca… 🎬🦈Film de genre empruntant aux codes de la série B, du film d’aventure (la chasse au requin, épique, rappelle les grandes quêtes mythologiques) du film d’horreur (le monstre est d’abord suggéré par une caméra subjective ; son surgissement est savamment préparé par une mise en scène de la peur proprement magistrale) et au film catastrophe (audacieuses trouvailles de mise en scène, maitrise du rythme et justesse des personnages contribuant au réalisme saisissant de ce film tourné en décors naturels)🎬🦈Personnage à part entière, la musique, qu’on a tord de réduire à l’ostinato cultissime, leitmotiv angoissant signalant la présence invisible du requin, joue également sur les silences … À l’image de ce thème obsédant d’une simplicité redoutable, le film continue de fasciner par sa maîtrise et son efficacité 🎬🦈À l’issue de la projection, Dominique Legrand est resté pour contextualiser le film et raconter les conditions de tournage si éprouvantes qui contribuent au mythe de ce film fondateur considéré comme le premier blockbuster, témoin de l’impressionnante créativité, de la ténacité sans borne et du génie de Spielberg…Un grand merci à lui pour cet échange, à l’UGC Parly pour cette initiative passionnante et son chaleureux accueil, et à Alexis pour sa compagnie si rassurante 🦈🎬 #leclapetlaplume #cinema #jaws

5/14/2023, 11:56:51 PM

🖤🎬 Encore une excellente soirée à l’UGC Parly : soirée débat en présence de Jean-Paul SALOMÉ après la projection de son dernier film, La syndicaliste… Outre le plaisir de revoir cet excellent thriller politique (le film est d’une maîtrise et d’une pertinence rares) et de retrouver Isabelle Huppert, cette séance dite de rattrapage (pour moi plutôt une triple récidive) permet d’appréhender le film dans les détails et d’apprécier la minutie, la justesse et l’intelligence de sa construction comme de l’interprétation de l’ensemble des acteurs… Derrière l’histoire ahurissante de cette si belle héroïne, on perçoit, dans la direction remarquable des comédiens comme dans la construction fort habile du film (entre le film-dossier paranoïaque et le portrait d’une héroïne résistante) un humanisme intelligent, sensible, d’une grande puissance malgré le constat terrible qu’il dresse… 🖤🎬 L’échange, passionnant, qui a suivi la projection confirme cette intuition: accessible, à l’écoute et d’une grande disponibilité, le cinéaste Jean-Paul Salomé, comme à sa précédente venue, quelques semaines plus tôt pour l’avant-première du film, a, pendant près d’une heure, répondu aux interventions du public, précisant son travail et le contexte si particulier de la sortie de ce film important… Un grand merci à l’UGC Parly pour cette soirée débat précieuse et son accueil toujours si chaleureux 🎬🖤 Le billet du film est disponible sur cette page et sur @agnes_le_clap_et_la_plume #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #soireedebat #lasyndicaliste #jeanpaulsalome @agnes_le_coeur_et_la_plume @agnes_le_clap_et_la_plume @ugc_cinecite_parly @jpaulsalome @le_pacte_officiel @isabelle.huppert

4/22/2023, 2:00:35 PM

🖤🎬 Encore une excellente soirée à l’UGC Parly : soirée débat en présence de Jean-Paul SALOMÉ après la projection de son dernier film, La syndicaliste… Outre le plaisir de revoir cet excellent thriller politique (le film est d’une maîtrise et d’une pertinence rares) et de retrouver Isabelle Huppert, cette séance dite de rattrapage (pour moi plutôt une triple récidive) permet d’appréhender le film dans les détails et d’apprécier la minutie, la justesse et l’intelligence de sa construction comme de l’interprétation de l’ensemble des acteurs… Derrière l’histoire ahurissante de cette si belle héroïne, on perçoit, dans la direction remarquable des acteurs comme dans la construction fort habile du film (entre le film-dossier paranoïaque et le portrait d’une héroïne résistante) un humanisme intelligent, sensible, d’une grande puissance malgré le constat terrible qu’il dresse… 🖤🎬 L’échange, passionnant, qui a suivi la projection confirme cette intuition: accessible, à l’écoute et d’une grande disponibilité, le cinéaste Jean-Paul Salomé, comme à sa précédente venue, quelques semaines plus tôt pour l’avant-première du film, a, pendant près d’une heure, répondu aux interventions du public, précisant son travail et le contexte si particulier de la sortie de ce film important… Un grand merci à l’UGC Parly pour cette soirée débat précieuse et son accueil toujours si chaleureux 🎬🖤 Le billet du film est disponible sur cette page et sur @agnes_le_coeur_et_la_plume #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #soireedebat #lasyndicaliste #jeanpaulsalome @agnes_le_coeur_et_la_plume @agnes_le_clap_et_la_plume @ugc_cinecite_parly @jpaulsalome @le_pacte_officiel @isabelle.huppert

4/22/2023, 1:55:54 PM

🖤🎬 Toi non plus tu n’as rien vu, de Béatrice Pollet : sortie le 8 mars, cette passionnante chronique judiciaire librement inspirée de faits réels aborde l’épineux tabou social du déni de grossesse* et, au-delà de son sujet complexe, questionne avec pertinence le traitement de la parole des femmes aujourd’hui : avocate brillante, épouse épanouie et mère heureuse de deux petites filles, Claire est retrouvée inconsciente, baignant dans son sang sur le sol de sa cuisine; transférée à l’hôpital, elle est immédiatement accusée de tentative d’homicide sur enfant de moins de 15 ans: on a en effet retrouvé un bébé dans un sac en plastique posé au-dessus du conteneur de sa poubelle… 🎬🖤Rigoureux, documenté, pédagogue, le film évite la victimisation et s’articule, sans en donner le clés, autour du personnage impassible de Claire davantage que sur le procès en lui-même; le spectateur est confronté à ce phénomène encore méconnu et mal compris par l’opinion mais surtout par l’appareil judiciaire : le titre, très juste, interpelle autant que cette judicieuse scène d’ouverture qui, mieux que toute démonstration, sidère a posteriori : ni mari, ni amis, ni spectateurs, personne n’a rien vu et pourtant… 🎬🖤Par une réalisation soignée, le film, qui n’oublie pas ses répercussions sur l’entourage, témoigne, tente d’expliquer avec rigueur et humilité (en très joli fil rouge, le motif de l’eau, symbole de la grossesse, se décline autour du caché et de l’invisible, via l’activité professionnelle du mari qui sonde sous l’écorce des arbres) et montre en flirtant avec les codes du thriller, comment la victime, faute d’accompagnement et de crédit, bascule au statut de coupable 🖤🎬Fort bien entourée par un casting solide, Maud Wyler, remarquable, incarne avec force et authenticité le combat silencieux de cette femme confrontée dans le même temps à l’incompréhensible et à la logique implacable d’une justice qui refuse de prendre en compte ce qu’elle ne maîtrise pas 🖤🎬 Courageux, salutaire, féministe, le film est aussi beau qu’efficace, aussi sobre qu’émouvant et démontre que le déni de grossesse reste surtout un déni de société 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #toinonplustunasrienvu

3/21/2023, 11:35:48 AM

🖤🎬 Toi non plus tu n’as rien vu, de Béatrice Pollet : sortie le 8 mars, cette passionnante chronique judiciaire librement inspirée de faits réels aborde l’épineux tabou social du déni de grossesse* et, au-delà de son sujet complexe, questionne avec pertinence le traitement de la parole des femmes aujourd’hui : avocate brillante, épouse épanouie et mère heureuse de deux petites filles, Claire est retrouvée inconsciente, baignant dans son sang sur le sol de sa cuisine; transférée à l’hôpital, elle est immédiatement accusée de tentative d’homicide sur enfant de moins de 15 ans: on a en effet retrouvé un bébé dans un sac en plastique posé au-dessus du conteneur de sa poubelle… 🎬🖤Rigoureux, documenté, pédagogue, le film évite la victimisation et s’articule, sans en donner le clés, autour du personnage impassible de Claire davantage que sur le procès en lui-même; le spectateur est confronté à ce phénomène encore méconnu et mal compris par l’opinion mais surtout par l’appareil judiciaire : le titre, très juste, interpelle autant que cette judicieuse scène d’ouverture qui, mieux que toute démonstration, sidère a posteriori : ni mari, ni amis, ni spectateurs, personne n’a rien vu et pourtant… 🎬🖤Par une réalisation soignée, le film, qui n’oublie pas ses répercussions sur l’entourage, témoigne, tente d’expliquer avec rigueur et humilité (en très joli fil rouge, le motif de l’eau, symbole de la grossesse, se décline autour du caché et de l’invisible, via l’activité professionnelle du mari qui sonde sous l’écorce des arbres) et montre en flirtant avec les codes du thriller, comment la victime, faute d’accompagnement et de crédit, bascule au statut de coupable 🖤🎬Fort bien entourée par un casting solide, Maud Wyler, remarquable, incarne avec force et authenticité le combat silencieux de cette femme confrontée dans le même temps à l’incompréhensible et à la logique implacable d’une justice qui refuse de prendre en compte ce qu’elle ne maîtrise pas 🖤🎬 Courageux, salutaire, féministe, le film est aussi beau qu’efficace, aussi sobre qu’émouvant et démontre que le déni de grossesse reste surtout un déni de société 🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #toinonplustunasrienvu

3/21/2023, 11:30:41 AM

🖤🎬Seule la Terre est éternelle de François Busnel et Adrien Soland: documentaire amoureux sur Jim Harrison que le journaliste (qui n’apparaît ni à l’image ni en voix off) suit dans le monde sauvage qui sert de si beau décor à ses romans, le film, « testament spirituel et joyeux » est l’autoportrait sensible et sans fard d’un homme aussi simple et accessible que son œuvre est immense et donne accès aux admirateurs érudits de l’auteur de Dalva ou Légendes d’automne comme à ceux qui le découvriront via ce document intime aux ultimes confidences d’un des plus grands écrivains américains de son époque 🎬🖤On est surpris, d’abord, par l’allure de ce vieil homme abîmé, fatigué, à l’allure négligée qui contraste tant avec la pertinence éblouissante de ses réflexions et la beauté vertigineuse des grands espaces qui l’entourent ; on est séduit, très vite, par le rythme et le ton si particuliers du film, par la discrétion extrême des journalistes qui laissent le « cyclope à la démarche de grizzly » comme le qualifie Busnel s’exprimer et sourire, se taire, contempler, vivre et vagabonder au gré d’une nature indomptée, comme lui, au gré de ses souvenirs et de ses pensées…🎬🖤Une ode à la nature et à la littérature qui invite le spectateur à se perdre dans les vastes espaces du Montana ou de l’Arizona comme dans les œuvres de Jim Harrison, à retrouver la nature sauvage pour mieux retrouver sa nature humaine… Jim Harrison est mort quelques jours avant le tournage, au printemps 2016, de la deuxième partie de ce road-trip littéraire, humaniste et philosophique ; il laisse une œuvre immense, incontournable, qui raconte l’Amérique comme personne; ses mots, immortalisés, ce visage sillonné par une vie de démesure, d’excès et de luttes qui ont forgé un esprit humble et grandiose, restent gravés sur pellicule, lumineux, éternels… 🎬🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #littérature #portrait #seulelaterreesteternelle #leclapetlaplume #lecoeuretlaplume #cinema #seulelaterreesteternelle #cinemafrancais #cinema2022 #documentaire #portrait #autoportrait #ecrivain #ecrivainamericain @francoisbusnel

3/17/2023, 11:05:49 AM

🖤🎬Seule la Terre est éternelle de François Busnel et Adrien Soland: documentaire amoureux sur Jim Harrison que le journaliste (qui n’apparaît ni à l’image ni en voix off) suit dans le monde sauvage qui sert de si beau décor à ses romans, le film, « testament spirituel et joyeux » est l’autoportrait sensible et sans fard d’un homme aussi simple et accessible que son œuvre est immense et donne accès aux admirateurs érudits de l’auteur de Dalva ou Légendes d’automne comme à ceux qui le découvriront via ce document intime aux ultimes confidences d’un des plus grands écrivains américains de son époque 🎬🖤On est surpris, d’abord, par l’allure de ce vieil homme abîmé, fatigué, à l’allure négligée qui contraste tant avec la pertinence éblouissante de ses réflexions et la beauté vertigineuse des grands espaces qui l’entourent ; on est séduit, très vite, par le rythme et le ton si particuliers du film, par la discrétion extrême des journalistes qui laissent le « cyclope à la démarche de grizzly » comme le qualifie Busnel s’exprimer et sourire, se taire, contempler, vivre et vagabonder au gré d’une nature indomptée, comme lui, au gré de ses souvenirs et de ses pensées…🎬🖤Une ode à la nature et à la littérature qui invite le spectateur à se perdre dans les vastes espaces du Montana ou de l’Arizona comme dans les œuvres de Jim Harrison, à retrouver la nature sauvage pour mieux retrouver sa nature humaine… Jim Harrison est mort quelques jours avant le tournage, au printemps 2016, de la deuxième partie de ce road-trip littéraire, humaniste et philosophique ; il laisse une œuvre immense, incontournable, qui raconte l’Amérique comme personne; ses mots, immortalisés, ce visage sillonné par une vie de démesure, d’excès et de luttes qui ont forgé un esprit humble et grandiose, restent gravés sur pellicule, lumineux, éternels… 🎬🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #littérature #portrait #seulelaterreesteternelle #leclapetlaplume #lecoeuretlaplume #cinema #seulelaterreesteternelle #cinemafrancais #cinema2022 #documentaire #portrait #autoportrait #ecrivain #ecrivainamericain

3/17/2023, 11:04:24 AM

🎬🖤Retour sur…Emmett Till, le visage d’une révolution de Chinonye Chukwu: reconstitution déchirante du martyr du jeune afro-américain, victime d’un lynchage barbare, et du parcours de sa mère qui a rendu visible ce qu’aucun discours ne pouvait mieux dénoncer, le film dresse leur double portrait, évoquant les deux visages de la communauté noire des États-Unis, l’une broyée par une haine raciale sans limite, l’autre résistante et digne, militant pour les droits civiques: août 1955, lors d’un court séjour chez ses cousins dans le Mississippi, Emmett Till, peu au fait des terribles mœurs sudistes, est, pour avoir sifflé une femme blanche, kidnappé et sauvagement exécuté; devant le visage méconnaissable de son enfant, sa mère expose l’insoutenable spectacle du massacre racial auquel son fils a succombé en l’enterrant à cercueil ouvert, geste radical qui marque le coup d’envoi d’un long combat🖤🎬Documenté, intelligent et précis dans la reconstitution historique d’une Amérique coupée entre un Nord encore bien timidement progressiste et un Sud viscéralement ségrégationniste, le film parvient à restituer, par contraste avec la relative insouciante de Chicago, le quotidien de terreur maintenu au Sud; par des partis-pris de mise en scène pertinents (montrer, évidemment, le visage supplicié du jeune garçon mais suggérer, par des cris et des bruits de coups suffisamment glaçants, l’innommable calvaire qu’il a subi) le film, de facture classique, rend compte de la sidération face à la haine des bourreaux, à leur bonne conscience volontiers provocatrice pendant le procès lapidaire qui les innocente (on est au bord de l’écœurement) mais aussi du retentissement des photos du corps : en sacrifiant l’intimité du recueillement pour exposer à la face du monde le visage effroyable de son fils, Mamie Till, confrontant l’Amérique à son hypocrisie criminelle, a su galvaniser la communauté noire🖤🎬Soulignant sa triste actualité, ce bouleversant réquisitoire rappelle que la loi faisant du lynchage un crime fédéral vient à peine d’être signée par Joe Biden, 67 ans après le supplice du gamin qui lui donne son nom… D’utilité publique🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #emmetttill

3/3/2023, 10:33:00 AM

🎬🖤Retour sur…Emmett Till, le visage d’une révolution de Chinonye Chukwu: reconstitution déchirante du martyr du jeune afro-américain, victime d’un lynchage barbare, et du parcours de sa mère qui a rendu visible ce qu’aucun discours ne pouvait mieux dénoncer, le film dresse leur double portrait, évoquant les deux visages de la communauté noire des États-Unis, l’une broyée par une haine raciale sans limite, l’autre résistante et digne, militant pour les droits civiques: août 1955, lors d’un court séjour chez ses cousins dans le Mississippi, Emmett Till, peu au fait des terribles mœurs sudistes, est, pour avoir sifflé une femme blanche, kidnappé et sauvagement exécuté; devant le visage méconnaissable de son enfant, sa mère expose l’insoutenable spectacle du massacre racial auquel son fils a succombé en l’enterrant à cercueil ouvert, geste radical qui marque le coup d’envoi d’un long combat🖤🎬Documenté, intelligent et précis dans la reconstitution historique d’une Amérique coupée entre un Nord encore bien timidement progressiste et un Sud viscéralement ségrégationniste, le film parvient à restituer, par contraste avec la relative insouciante de Chicago, le quotidien de terreur maintenu au Sud; par des partis-pris de mise en scène pertinents (montrer, évidemment, le visage supplicié du jeune garçon mais suggérer, par des cris et des bruits de coups suffisamment glaçants, l’innommable calvaire qu’il a subi) le film, de facture classique, rend compte de la sidération face à la haine des bourreaux, à leur bonne conscience volontiers provocatrice pendant le procès lapidaire qui les innocente (on est au bord de l’écœurement) mais aussi du retentissement des photos du corps : en sacrifiant l’intimité du recueillement pour exposer à la face du monde le visage effroyable de son fils, Mamie Till, confrontant l’Amérique à son hypocrisie criminelle, a su galvaniser la communauté noire🖤🎬Soulignant sa triste actualité, ce bouleversant réquisitoire rappelle que la loi faisant du lynchage un crime fédéral vient à peine d’être signée par Joe Biden, 67 ans après le supplice du gamin qui lui donne son nom… D’utilité publique🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #emmetttill

3/3/2023, 10:31:26 AM

🖤Il est sans aucun doute un des cinéastes contemporains qui me séduit et me fascine le plus et dont j’attends, un peu comme on attend, fébrile et impatient, un rendez-vous amoureux, le nouveau film… 🖤Observateur extralucide et bienveillant des errances sentimentales de ses personnages qu’il sait rendre extraordinairement attachants, Emmanuel Mouret ne se contente pas pour autant de décortiquer, dans de tendres marivaudages modernes, les doux paradoxes et la complexité du sentiment amoureux et du désir ; cinéaste de la parole en mouvement, en suggérant plus qu’en parlant, en questionnant plus qu’en dévoilant, il accorde une place capitale au langage, qui compose avec raffinement et acuité une incroyable partition, tout à la fois sensuelle et spirituelle, limpide et sophistiquée, aux comédiens qu’il a le don d’associer et de diriger avec intelligence et sensibilité, que ce soit dans des films dits chorals comme Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait ou plus intimistes, en tous cas plus resserrés autour d’un couple comme la sublime Chronique d’une liaison passagère…🖤 Mariant les tons comme un peintre mélange les couleurs sur la toile, Mouret, dialoguiste exceptionnel, sait comme personne conjuguer une mise en scène gracieuse, fluide, lumineuse à une écriture ciselée, littéraire mais jamais bavarde ; ses films, d’un raffinement amusé et léger, d’une élégance presque ludique, toujours virtuose, sont de délicieuses promenades des sens et de l’esprit dans les mots et les images, dans les sentiments aussi… dans lesquelles le spectateur s’évade au gré des déambulations langagières et amoureuses de ses personnages…🖤 J’ai eu la chance de rencontrer Emmanuel Mouret (pour la présentation à l’UGC Cine Cité Parly, de Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait,) et j’ai découvert un homme à l’image de son cinéma : délicat, humble, discret et passionnant… Je le remercie indirectement et humblement ici pour la joliesse et le charme de son œuvre et de sa personne et attends évidemment avec passion son prochain d’opus 🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #portrait #emmanuelmouret #cineaste

2/25/2023, 5:30:22 PM

🖤🎬Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait d’Emmanuel Mouret: fresque sentimentale d’un romantisme irrésistible, cette comédie amoureuse chorale séduit par sa bienveillante lucidité et la grâce avec laquelle elle décline, dans un chassé-croisé habile et savoureux, la complexité du sentiment amoureux🎬🖤L’histoire, héritée des récits enchâssés du XVIIIeme siècle, est délicieusement sophistiquée: s’articulant autour de la rencontre entre Daphné et Maxime, les deux narrateurs principaux qui, pour faire connaissance, se racontent leur parcours sentimental respectif, d’autres intrigues se déploient; le film suit sans jugement, au gré de flashbacks alternés, les trajectoires sentimentales des personnages, leur égarement, leurs doutes et leurs contradictions, et tend, en démêlant les paradoxes et la confusion des sentiments, à décrire le désir et l’amour dans ce qu’ils ont de plus beau et de plus cruel🖤🎬Portés par un très beau casting, les personnages touchent par leur sensibilité, leur maladresse, leur honnête naïveté qui, entre douleur et douceur, pudeur et érotisme, enthousiasme joyeux et triste désillusion, illustrent l’ambivalence du désir; la scénographie minimaliste et les décors absolument somptueux (formidable travail sur la photographie), la fluidité et la délicatesse de la direction d’acteurs laissent la part belle aux dialogues dont la beauté et la précision sont un véritable enchantement; enfin, écho sentimental aux marivaudages et conflits intérieurs qui se jouent, la musique, très présente, accompagne avec un lyrisme élégant les émotions des personnages dont elle souligne à la fois la légèreté et la gravité 🎬🖤Conte moral d’un incroyable raffinement, le film, très abouti, entraîne le spectateur dans une valse douce-amère, ludique et bouleversante, qui prend même, sur la fin, la forme d’un polar sentimental particulièrement touchant: une ode à la vie et à l’inconstance, comme le suggère son titre, d’une tendre ironie, que les héros vivent, sans filtre, avec sensibilité et réflexion; c’est du très, très beau cinéma🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #leschosesquonditleschosesquonfait

2/20/2023, 10:03:31 AM

🖤🎬 Retour sur… Mademoiselle de Joncquieres d’Emmanuel Mouret : adapté d’un des récits enchâssés de Jacques le fataliste de Diderot, ce conte moral raconte la vengeance cruelle fomentée par Madame de la Pommeraye pour punir le marquis des Arcis, amant qui l’a séduite puis délaissée et qu’elle entend humilier publiquement en utilisant une aristocrate déchue, Mlle de Joncquières🖤🎬Avec beaucoup de grâce, le film excelle à mettre à jour les jeux de pouvoir et de séduction qui régissent les comportements amoureux; laissant la part belle aux dialogues, littéraires, précis et d’une extrême élégance, beaucoup plus qu’à l’action, souvent suggérée, le film montre les personnages en mouvement, souvent lors de plans séquences et, livrant deux magnifiques portraits de femme, chacune incarnant, autour du libertin malhabile, une forme singulière de féminisme, il souligne la complexité du sentiment amoureux : à la vengeance implacable érigée en combat s’oppose la puissance d’un amour véritable🖤🎬Chacun des personnages nage entre deux eaux (entre la julibation orgueilleuse de la vengeance et la souffrance de la femme blessée chez Mme de la Pommeraye, entre goût des plaisirs charnels et sentiments véritables chez le marquis, entre pure sincérité et honte du vice chez Mlle de Joncquières) ; jeu de faux semblants où la sincérité expose dangereusement (la scène de la rupture est à ce titre exceptionnelle) l’histoire séduit par sa modernité et par l’interprétation sans faille du casting, fort judicieux : face à Édouard Baer, parfait en libertin au bon cœur (loin du cynisme de Valmont, il attendrit) Alice Isaaz et Laure Calamy sont impeccables et Cécile de France, magistrale (les sourires maîtrisés, les regards sereins dont elle maquille sa peine trahissent une amoureuse dangereuse et fragile, terriblement émouvante dans ses efforts pour contenir sa douleur mais redoutable dans la vengeance qu’elle échafaude pour survivre) 🖤🎬Étude minutieuse des fluctuations irrépressibles du désir, le film un bijou d’une délicatesse et d’une intelligence remarquables🎬🖤 #lecoeuretlaplume #leclapetlaplume #cinema #mademoiselledejoncquieres

2/19/2023, 11:32:28 PM

🖤🎬 Derrière un polar à hauteur d’hommes, dont le cinéaste revisite les codes, La nuit du 12, incroyablement captivant en dépit de son parti pris de départ, livre un réquisitoire poignant et sans appel contre les violences, systémiques, faites aux femmes… C’est remarquable de bout en bout : le scénario est rigoureux et précis; le casting parfaitement dirigé; la lumière et la photographie, subtiles et pertinentes (sublime vallée de la Maurienne, huis clos à ciel ouvert servant d’écrin majestueux et oppressant à cette enquête impossible); la musique, magnifique, contribue à l’atmosphère si particulière du film, entre réalisme documentaire et élégie funèbre; les dialogues, manient d’habiles ruptures de ton; l’interpretation de l’ensemble des acteurs est magistrale, Bastien Bouillon & Bouli Lanners en tête, mais les seconds rôles, Pierre Lottin notamment, sont impeccables … 🖤🎬 Un film dont on ressort changé, hanté, à l’image de son protagoniste qui, quoiqu’englué dans une enquête qui tourne en rond, se dirige doucement vers la lumière…L’omniprésence des hommes qui, en très grande majorité commettent les crimes et, en très grande majorité également, tentent de les résoudre, est écrasante mais il faut saluer la prouesse rassurante d’avoir fait un film qui, malgré un casting presque exclusivement masculin, met tant les femmes en lumière: autour d’Anouk Grinberg, merveilleuse en juge tenace, Pauline Serieys, Charline Paul, Camille Rutherford et Mouna Soualem, portent un message féministe puissant ; quant à la victime (poignante Luna Cotton-Frappier), elle qui n’apparaît que sur l’affiche et dans la scène initiale éprouvante mais nécessaire que le cinéaste a filmé avec beaucoup de pudeur provoquant une sidération dénuée de complaisance, elle se fait l’écho des innombrables nuits du 12 et de la liberté des femmes, chaque jour menacée ou sacrifiée🖤🎬 Film important, d’une grande lucidité, La nuit du 12 est un bel objet de cinéma qui véhicule avec une force tranquille mais redoutable un message urgent, féministe et humaniste … Césars exigés🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #lanuitdu12 #césar2023 @agnes_le_clap_et_la_plume @agnes_le_coeur_et_la_plume

2/10/2023, 3:26:08 PM

🖤🎬Celle que vous croyez de Safy Nebbou : thriller psychologique passionnant autant que chronique d’une époque, le film, adapté du roman de Camille Laurens, dresse un portrait très juste d’une femme sensible et blessée mais qui refuse, avec une rage désespérée, l’image à laquelle on veut la réduire alors qu’elle ne correspond en rien à sa soif d’exister, d’être vue et d’être désirée : pour épier son jeune amant Ludo qui la délaisse, Claire, une prof séduisante et brillante de 50 ans que son mari vient de quitter, se crée un faux profil sur Facebook et entame, sous les traits d’une belle jeune femme de 24 ans, une relation virtuelle mais intense avec Alex, le colocataire de Ludo; rapidement piégée par son avatar, elle évite comme elle peut la rencontre de plus en plus inévitable qui briserait le charme enivrant de cette idylle virtuelle...🖤🎬Construit comme un thriller à partir des confessions de Claire à sa psychiatre, haletant jusqu’à la scène finale, vertigineuse, le film, au scénario précis, très actuel, emporte les spectateurs dans les méandres d’une histoire complexe et les errements désespérés d’une femme abandonnée, terrifiée par une époque paradoxale où l’injonction de vérité côtoie celle des apparences ; entre Clara et Claire, entre virtualité et réalité, entre mensonge et vérité, elle bascule dans l’engrenage d’un piège cruel... Pour explorer les thèmes du double, de la projection amoureuse et des ravages de la manipulation, Safy Nebbou crée une atmosphère sombre et tragique, accompagnée par la sublime musique d’Ibrahim Maalouf; à travers des plans magnifiques d’une ville anonyme et froide ou des falaises normandes, au bord du vide, il manifeste le vertige irrépressible d’un amour impossible, dangereusement décuplé par le jeu des apparences auquel invitent plus ou moins insidieusement les réseaux sociaux (voir le motif récurrent et parfaitement exploité du miroir) 🖤🎬 Intelligent, refusant la facilité, le film, hypnotique, est un conte moderne, tragique et puissant, qui livre surtout un portrait de femme en tout point bouleversant porté par une actrice au sommet 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #cellequevouscroyez @safynebbou @juliettebinoche

11/22/2022, 4:18:12 PM

🖤 🎭Retour sur la lecture publique par Jean-Pierre Bouvier et Anne Jacquemin de la très jolie pièce De passage, signée Jean-Paul Denizon, au théâtre Rive gauche de Paris…🎭🖤 J’ai jalousement et précieusement conservé pendant une petite semaine le plaisir qu’a constitué pour moi ce moment de rencontre, de partage, de découverte et de théâtre que je dois à la générosité d’un comédien que j’admire de loin depuis tant d’années maintenant, que j’ai longtemps attendu à la sortie des théâtres sans oser, à qui je dois tant d’émotions et de souvenirs, et qui a eu la générosité de m’inviter, d’abord, et d’échanger si gentiment avec moi avant et après la lecture… 🖤🎭Outre le plaisir de découvrir la grande qualité d’un texte nouveau, dont le thème est original autant qu’universel et l’écriture aussi brillante et pertinente que d’une belle et juste sensibilité, quel privilège ce fut de découvrir, en lecture, deux comédiens hors pairs, au travail, incarner par leur seule voix et leur incroyable talent deux personnages en devenir, terriblement attachants, qui ont pris corps sous mes yeux, en direct! 🖤Moment très intense pour moi, que je n’ai pas songé à immortaliser en prenant une photo mais qui reste ancré dans mon cœur avec chaleur et reconnaissance : merci Jean-Pierre (puisque je suis autorisée maintenant à te tutoyer et à t’appeler par ton prénom) pour cette parenthèse lumineuse, cette proximité et cette gentillesse; longue vie à De passage que j’espère vivement voir mise en scène très vite… merci la vie et le théâtre pour ces fulgurances essentielles 🎭🖤 #leclapetlaplume #theatre #theatrecontemporain #lecture #lecturepublique #rencontre #depassage #jeanpauldenizon #jeanpierrebouvier #annejacquemin #annebourgeois #theatrerivegauche @jeanpierre.bouvier.9 @theatrerivegauche

11/14/2022, 8:29:05 PM

🖤🎬Un bon début de Xabi et Agnès Molia: documentaire sensible et nécessaire, le film s’attache au parcours d’une poignée d’adolescents en situation de décrochage qu’accompagne, au sein de son dispositif Starter, Antoine Gentil, enseignant spécialisé dans la prise en charge d’élèves en rupture scolaire, créateur et coordinateur du dispositif ; c’est dans la classe unique implantée dans le lycée professionnel de Guynemer à Grenoble que, refusant de considérer comme irrécupérables ces adolescents en marge dont le parcours est souvent complexe et douloureux, Antoine Gentil et son équipe entendent redonner du sens, favoriser l’estime de soi et, sans renoncer à l’exigence, recréer le lien qui les remettra sur les rails pour les faire sortir de l’échec, de l’impasse et du renoncement 🎬🖤 Véritables héros du film, ces adolescents en rupture (poly exclus, pris en charge par la protection de l’enfance ou la protection judiciaire de la jeunesse), vulnérables mais diablement attachants, partagent leur temps, au sein de starter, entre enseignements généraux en classe (Brevet à la clé) et stages d’apprentissage en milieu professionnel pendant que leurs référents éducatifs rivalisent d’empathie, d’écoute, de patience et d’engagement pour les tirer vers l’action… 🖤🎬 Filmé en scope, adoptant le ton juste et une distance pertinente entre la proximité presque intime qui permet d’approcher et de comprendre les problématiques de ces jeunes et la pudeur nécessaire à l’enjeu du documentaire, le film évite habilement tout misérabilisme comme toute tentation de moralisation : insistant sur l’importance primordiale du sens et de l’échange, notamment avec les familles, qui sont autant mobilisées que rassurées, le dispositif, alliance éducative bienveillante, instaure une véritable relation de confiance et d’exigence (la place centrale de la culture - Koltes, La Fontaine, Molière sont étudiés - l’indéfectible soutien du maître qui investit jusqu’aux marges de l’établissement méritent d’être soulignées) 🖤🎬 Une leçon d’opiniâtreté et d’engagement, d’espoir et de bienveillance 🎬🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #unbondebut #documentaire #dispositifstarter

10/22/2022, 3:16:27 PM

🖤🎬Un bon début de Xabi et Agnès Molia: documentaire sensible et nécessaire, le film s’attache au parcours d’une poignée d’adolescents en situation de décrochage qu’accompagne, au sein de son dispositif Starter, Antoine Gentil, enseignant spécialisé dans la prise en charge d’élèves en rupture scolaire, créateur et coordinateur du dispositif ; c’est dans la classe unique implantée dans le lycée professionnel de Guynemer à Grenoble que, refusant de considérer comme irrécupérables ces adolescents en marge dont le parcours est souvent complexe et douloureux, Antoine Gentil et son équipe entendent redonner du sens, favoriser l’estime de soi et, sans renoncer à l’exigence, recréer le lien qui les remettra sur les rails pour les faire sortir de l’échec, de l’impasse et du renoncement 🎬🖤 Véritables héros du film, ces adolescents en rupture (poly exclus, pris en charge par la protection de l’enfance ou la protection judiciaire de la jeunesse), vulnérables mais diablement attachants, partagent leur temps, au sein de starter, entre enseignements généraux en classe (Brevet à la clé) et stages d’apprentissage en milieu professionnel pendant que leurs référents éducatifs rivalisent d’empathie, d’écoute, de patience et d’engagement pour les tirer vers l’action… 🖤🎬 Filmé en scope, adoptant le ton juste et une distance pertinente entre la proximité presque intime qui permet d’approcher et de comprendre les problématiques de ces jeunes et la pudeur nécessaire à l’enjeu du documentaire, le film évite habilement tout misérabilisme comme toute tentation de moralisation : insistant sur l’importance primordiale du sens et de l’échange, notamment avec les familles, qui sont autant mobilisées que rassurées, le dispositif, alliance éducative bienveillante, instaure une véritable relation de confiance et d’exigence (la place centrale de la culture - Koltes, La Fontaine, Molière sont étudiés - l’indéfectible soutien du maître qui investit jusqu’aux marges de l’établissement méritent d’être soulignées) 🖤🎬 Une leçon d’opiniâtreté et d’engagement, d’espoir et de bienveillance 🎬🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #leclapetlaplume #unbondebut #documentaire #dispositifstarter

10/22/2022, 3:09:24 PM

🖤🎬Guy d’Alex Lutz : faux documentaire sur un chanteur fictif ancienne gloire des années 60, le magnifique deuxième long-métrage d’Alex Lutz est un véritable coup de maître: audacieux et sensible, ce documenteur irrésistible sur Guy Jamet, crooner has been délaissé par les medias, se double d’une très belle enquête filiale qui ouvre une réflexion subtile, sur la célébrité, le temps, la filiation; illusion fort habile qui lui confère une maladresse touchante et renforce son authenticité, le film est en effet réalisé par Gauthier, jeune journaliste et fils illégitime du chanteur, qui entreprend de rencontrer son père sans se dévoiler à lui🖤🎬 Personnage composite bluffant rappelant tour à tour Claude François, Johnny, Herbert Léonard ou Michel Sardou, Guy Jamet est d’abord arrogant, presque antipathique, un brin ringard; le portrait qu’en dresse Alex Lutz est d’une grande finesse et d’un réalisme absolument stupéfiant (formidable reconstitution de sa carrière, fausses images d’archives, extraits de clips et pochettes de disques à l’appui); mais on dépasse très vite les clichés pour découvrir, sous l’impressionnant travail de grimage et d’interprétation, un personnage incroyablement lucide et terriblement attachant, qui doit autant au prodigieux talent de portraitiste d’Alex Lutz qu’à la mise en scène, ingénieuse et fluide, et à la bande originale exceptionnelle, signée Joad🎬🖤Ni parodique ni hagiographique, le portrait de Guy Jamet bouleverse par son humanité: au fil de ses rencontres (avec son ex femme, sa seconde épouse, sa fidèle attachée de presse ou son fils) ou de ses échanges directs avec Gauthier, les instants de vie sont saisis sur le vif, teintant d’une touchante mélancolie la performance ébahissante du comédien🖤🎬Illusionniste hors pair, Alex Lutz, via la fiction, ressuscite avec finesse, émotion et poésie ces chanteurs populaires qui «font la BO de notre vie»; immense coup de coeur pour cet hommage intelligent et sensible à une culture populaire souvent dénigrée et, au-delà, à ces pères, réels, culturels, spirituels, qui nous font: un bijou de créativité et d’émotion porté par un casting idéal 🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #guy #leclapetlaplume

10/11/2022, 4:22:04 PM

🎬🖤Ennio de Giuseppe Tornatore: documentaire passionnant, très émouvant, sur le compositeur le plus prolifique et le plus populaire du XXeme siècle, cette rétrospective soignée, riche et dense (plus de 2h30), non contente de rendre hommage à un parcours unique et à une œuvre aussi belle que colossale (plus de 500 BO de films, et quels films, en 70 ans de carrière) dévoile une personnalité très attachante : nourri d’extraits de films, d’archives et de fragments de la vie privée de l’artiste, le film, fruit d’un long travail, s’appuie sur une interview accordée, chez lui, par Morricone lui-même, et entrecoupée de commentaires d’une myriade d’intervenants prestigieux qui, sans éviter l’hagiographie (comment faire autrement?) aident à la saisir la dimension du personnage🎬🖤Le film embrasse ainsi sa carrière pléthorique (ses débuts d’arrangeur pour la variété italienne, sa contribution au succès des westerns de Leone, son regret d’avoir manqué Orange mécanique, son échec douloureux aux Oscars pour Mission…) mais ne cherche pas l’exhaustivité ; il laisse surtout entrevoir la genèse de quelques-unes de ses plus célèbres partitions et autres trouvailles décalées (joli montage qui fait glisser l’image de Morricone, fredonnant a capella, au film qu’il sublime); derrière ces anecdotes, on discerne un être d’une formidable discrétion, pudique et exigeant, passionné et intransigeant, dont la sensibilité intacte bouleverse autant que son inventivité, qui parait infinie, impressionne; lui qui se rêvait médecin et qui devient compositeur en suivant l’injonction, pour le moins atypique, de son père trompettiste, longtemps hanté par une culpabilité que ses pairs ont alimenté presque tout au long de sa carrière, aura nourri son œuvre vertigineuse d’un désir de revanche qui s’exprime dans une volonté d’expérimentation constante doublée d’une incroyable générosité🎬🖤Accessible, généreux et rigoureux, à l’image de l’icône longtemps niée dont il traite, Ennio rend hommage et justice à un compositeur novateur et fédérateur dont l’œuvre aura, par son audace, donné de sublimes lettres de noblesse à un art considéré comme mineur : indispensable !🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #ennio

7/20/2022, 3:16:08 PM

🖤🎬 La panthère des neiges de Marie Amiguet et Vincent Munier: documentaire épuré, somptueux et atypique, plaidoyer pour la nature d’une bouleversante beauté, cette aventure humaine remarquable de sincérité et d’humilité offre au spectateur une immersion passionnante au cœur des hauts plateaux tibétains aux côtés de l’écrivain voyageur Sylvain Tesson et du photographe animalier Vincent Munier à la recherche de la panthère des neiges, animal mythique insaisissable… prétexte pour l’écrivain pour s’associer à la beauté sidérante des paysages et des animaux et livre une réflexion percutante, d’une sensibilité et d’une acuité saisissantes🖤🎬 Expérience unique, physique autant que spirituelle, la quête de la panthère dans les immensités sauvages de l’Est du Tibet, constitue une odyssée moderne que le film, tourné en équipe très réduite, vient illustrer : œuvre sur le regard, sur la rencontre (entre l’homme et l’animal, la poésie et la photographie) et sur l’altérité, le documentaire porte sans didactisme un message écologique puissant qui, incitant l’homme à repenser sa place dans le monde, est une invitation à la contemplation, au silence, à l’humilité et au respect du vivant🖤🎬Quête esthétique partagée par les deux aventuriers qui, se sachant observés, réinventent, devant ce bestiaire impassible et ces paysages hors du temps, un mode de vie oublié (« tout n’avait donc pas été créé pour le regard de l’homme »), la traque délicate, mystique et poétique, de la panthère s’inscrit dans la pratique ancestrale de l’affût à laquelle le photographe, lecteur érudit des multiples traces du monde, initie l’écrivain : interprète fabuleux des nombreux indices qu’il scrute et détecte avec finesse dans l’espace, Munier traduit le monde, décrypte le sauvage tout en lui conservant son mystère et sa beauté 🎬🖤Éloge de la patience, du silence et de la discrétion, ce récit d’apprentissage saisissant, porté par la musique envoûtante de Warren Ellis et Nick Cave, est un formidable complément au récit de l’écrivain: contemplatif et engagé, il ouvre une réflexion essentielle notre rapport au monde et la fragilité de la beauté : sublime 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #lapantheredesneiges

1/17/2022, 5:37:52 PM

🖤🎬Mystère de Denis Imbert: conte réaliste et contemporain inspiré d’une histoire vraie, cette jolie comédie familiale servie par une distribution impeccable aborde intelligemment des problématiques actuelles ; à travers l’amitié improbable et fusionnelle unissant une petite fille avec un louveteau perdu, le film s’inscrit avec tendresse dans la tradition des histoires mettant en scène le lien complexe, mêlant peur et fascination, qui unit l’homme au loup : mutique depuis la disparition de sa mère, Victoria s’installe avec son père dans une maison familiale isolée au cœur du Cantal; un berger lui confie un chiot, baptisé Mystère, qui, peu à peu, lui redonne goût à la vie; mais découvrant que l’animal est un loup, le père de Victoria doit se résoudre à faire revivre à sa fille l’expérience douloureuse de la séparation…🖤🎬 A priori destinée aux enfants, cette belle histoire aux allures de E.T. L’extraterrestre raconte la reconnaissance de deux solitudes qui ne peuvent grandir ensemble mais qui s’apprivoisent au point de devenir inséparables; grâce à l’authenticité de la démarche (pas d’images de synthèse, le cinéaste met en scène de vrais animaux qu’il n’a pas voulu domestiquer) mais aussi aux questions pertinentes qu’il soulève, le film, qui se refuse à être simpliste, touche un large public et pose, autour des thèmes du lien filial et du deuil, la question de la cohabitation de l’homme avec le monde sauvage ; citadins étrangers à la ruralité comme à la vie sauvage, Victoria et son père se connectent en effet au monde, grâce à l’animal; le dilemme auquel cette présence les confronte permet à Victoria de s’ouvrir au monde des adultes, de comprendre l’hostilité des éleveurs face à un prédateur qui menace leurs troupeaux et d’accepter la place de son ami, dans son environnement propre🖤🎬Aucun manichéisme mais une bienveillance palpable, dénuée de sensiblerie, dans ce conte résolument réaliste, hymne à la nature, au lien et à la liberté; généreux et investis au point de se prêter, pour certains, au jeu de l’imprégnation, les acteurs portent avec sensibilité cette belle histoire d’amitié : du cinéma juste, simple et beau 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #mystere

1/3/2022, 4:46:24 PM

🖤🎬Le sommet des dieux de Patrick Imbert: film somptueux, cette très belle adaptation en un seul long-métrage d’animation du manga fleuve de Jirō Taniguchi relève le défi de transcrire sur grand écran une version fidèle, même s’il est inévitablement contracté, du manga d’origine et livre, via l’épopée physique et spirituelle qu’il raconte, une réflexion puissante sur l’exploit, l’accomplissement de soi, la vulnérabilité de l’homme; le résultat est à couper le souffle : prouesse technique et formelle, le film, spectaculaire et intime, est fort judicieusement concentré sur le parcours croisé des deux protagonistes, aventure mêlant suspens et poésie qui prend des allures de conte philosophique, mélancolique et initiatique moderne: reporter spécialisé dans les photos d’alpinisme, Fukamachi se lance sur les traces d’Habu, gloire déchue solitaire qu’on pensait disparue; ponctuée de flashbacks, l’enquête de Fukamachi est prétexte à comprendre l’addiction de cet aventurier de l’extrême et se meut en aventure humaine passionnante, le journaliste décidant d’accompagner Habu dans l’ultime expédition, à la conquête de l’Everest…🎬🖤Fidèle à l’esprit du manga, le film, documenté et d’une grande maîtrise, séduit par son formidable travail sur le son, le soin apporté à la narration comme aux détails techniques, et son esthétique réaliste qui immerge littéralement le spectateur au cœur d’époustouflants paysages de montagne… D’une fluidité confondante, construite sur la progression en altitude et l’opposition entre la civilisation et la nature, sauvage et hostile, l’histoire suit Habu, sorte de Capitaine Achab ou de Jacques Mayol alpin, dans sa quête absolue, irrationnelle, absurde et essentielle ; la musique, sublime, d’Amine Bouhafa, se substitue progressivement aux dialogues qui se raréfient avec l’air et laissent place au vertige et à l’éblouissement🖤🎬 Tout à fait accessible sans renoncer à son exigence graphique et narrative, le film, haletant et grandiose, constitue pour le spectateur une véritable expérience, sensible, sensorielle et physique; c’est un coup de maître impressionnant et un vrai coup de cœur 🎬🖤 #lesommetdesdieux #cinema #lesommetdesdieux

12/14/2021, 10:55:52 AM

🖤🎬Le loup et le lion de Gilles de Maistre : fable écologiste et humaniste, ce film d’aventure familial d’une très grande beauté dépasse largement le conte animalier et livre, via l’histoire d’amitié improbable entre un lion et un loup, un manifeste bouleversant pour la protection du monde sauvage et, au-delà, une métaphore magnifique sur l’imprégnation et notre capacité à créer du lien malgré nos différences : après la mort de son grand-père, la jeune Alma, de retour dans la maison de son enfance nichée au cœur d’une nature préservée, vient en aide à un louveteau et à un lionceau littéralement tombé du ciel; contre toute attente, les deux animaux, qui n’auraient jamais du se rencontrer, grandissent en frères et deviennent inséparables jusqu’au jour où l’homme et ses instincts dominateurs menacent leur paisible secret…🖤🎬Divertissement familial intelligent, l’aventure extraordinaire de Mozart et Rêveur s’appuie sur un scénario captivant et touchant qui s’adresse à un public très large; fable sensible et engagée ancrée dans le décor somptueux de la nature canadienne, le film mise sur l’émerveillement du public pour dénoncer l’exploitation des animaux et le paradoxe dans lequel certains défenseurs de la nature peuvent s’enliser, persuadés d’agir pour la préservation animale🎬🖤À l’ère du numérique, Gilles de Maistre réalise une prouesse inédite: réunir dans une très belle histoire deux prédateurs aujourd’hui sévèrement menacés, dans un film somptueux tourné en décor naturel et sans trucage qui met en scène, du début à la fin, les mêmes animaux que l’on voit grandir et évoluer à l’écran; il en résulte une proximité et une réelle authenticité qu’il faut souligner, autant que les conditions de tournage qui, mettant les animaux au cœur du processus de création, s’y sont adaptées🎬🖤 Film unique et éthique dont la beauté irradie, Le loup et le lion, non content d’offrir un très beau moment de cinéma, ouvre un dialogue nécessaire et questionne autant notre place sur la planète que notre responsabilité dans la préservation de sa richesse; un film d’une beauté absolue, proprement désarmante 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #leloupetlelion

11/14/2021, 5:49:51 PM

🖤🎬Haute couture de Sylvie Ohayon: comédie dramatique très réussie, cette belle histoire de transmission séduit par sa justesse tout en ouvrant les portes du monde peu connu de l’artisanat de luxe, cadre prestigieux d’un véritable conte de fées moderne : première d’atelier au sien de la maison Dior, Esther s’apprête avec angoisse à quitter le métier auquel elle a consacré sa vie; quand Jade, la vingtaine, vient lui restituer le sac qu’elle lui a volé dans le métro, Esther, qui perçoit aussitôt les aptitudes de la voleuse repentie, lui propose d’intégrer son équipe… 🎬🖤Articulant avec habileté les parcours symétriques de ces deux femmes au tempérament affirmé, le film en souligne davantage les similitudes (une solitude à peine supportable et une farouche indépendance) que les différences : la belle introduction, en musique, pointe la différence d’âge et de milieu social des deux héroïnes mais leur reconnaissance mutuelle, à l’origine de ce double apprentissage, est immédiate; tout en jouant du décalage entre les protagonistes, l’histoire parvient à éviter tout manichéisme et déconstruit les a priori : si la cité de Jade brille par la simplicité généreuse de sa population, c’est finalement entre les couturières que les codes sont les plus durs; le contraste est saisissant en effet entre la délicatesse et la précision de l’ouvrage des cousettes et la violence, surtout verbale, qui règne au cœur de l’atelier, microcosme exigeant, parfois impitoyable, d’où parvient à émerger, malgré tout, un sens du collectif touchant autour de l’amour du travail bien fait et de la mode🎬🖤Dédiant son film à «toutes les femmes de bonne volonté», la cinéaste met en scène une galerie de personnages féminins attachants, incarnés avec finesse et pudeur par des actrices admirables, donnant au film une très jolie collégialité qui renforce la complicité du duo, formidable, formé par Nathalie Baye et Lyna Khoudri🖤🎬Ode au travail, à la persévérance et à la tolérance, cette histoire extrêmement touchante de transmission dont la toile de fond, somptueuse, ne fait que souligner la beauté, est une très agréable surprise : un véritable coup de cœur 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #hautecouture

11/13/2021, 3:17:53 PM

🖤🎬L’homme de la cave de Philippe le Guay: inspiré d’une histoire vraie, ce thriller psychologique utile et intense résonne avec force dans l’actualité récente et, via le portrait saisissant d’un sinistre professeur d’histoire, dévoile avec didactisme et acuité le mécanisme redoutable du négationnisme, sujet audacieux encore peu traité au cinéma dont le cinéaste, soutenu par une distribution remarquable, s’empare avec courage et maîtrise: Simon décide de vendre une cave dans l’immeuble où il réside avec sa femme et leur fille; mais la vente, anodine, se mue rapidement en cauchemar car l’acquéreur, prétextant vouloir y entreposer les affaires de sa mère récemment décédée, s’installe physiquement dans la cave où l’oncle de Simon avait tenté d’échapper aux nazis avant d’être déporté, et véhicule un négationnisme et complotisme radical … 🎬🖤 Monstre détestable et menaçant incarné par un François Cluzet exceptionnel, l’homme de la cave, pivot terrifiant de l’histoire, auquel le cinéaste a l’intelligence de donner un peu d’humanité est d’autant plus redoutable qu’il fait valoir son droit à la liberté d’expression à l’aide d’une terrible rhétorique qui, sous une voix onctueuse et vénéneuse, le pose en permanence en victime ; fourbe et patient, il s’insinue doucement mais sûrement dans l’univers intime de Simon, jusqu’à l’emprise perverse qu’il tente d’étendre sur l’influençable adolescente 🖤🎬Tapi au fond de cette cave sombre, angoissant et symbolique labyrinthe, le négationniste, qui a même su se faire apprécier par quelques voisins, entame avec Simon un bras de fer tendu : d’abjectes insinuations aux tags de croix gammées, il place méthodiquement ses pions et avec une assurance décomplexée, forçant Simon (formidable Jérémie Rénier) à le rejoindre, malgré les injonctions souvent contradictoires de son entourage, dans une guerre des nerfs inéquitable et suffocante🎬🖤 Minutieux, mis en scène avec intelligence, flirtant avec le fantastique et le film d’horreur, le film, très réussi, captive et décortique avec justesse la perversité d’une idéologie malsaine, ouvre une réflexion urgente et nécessaire et met en garde 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #lhommedelacave

11/9/2021, 10:59:23 PM

🖤🎬Illusions perdues de Xavier Giannoli: éblouissante adaptation du roman de Balzac, cette fresque historique soignée portée par une réalisation élégante, vive, et une distribution remarquable, livre, via le passionnant parcours initiatique d’un ambitieux surdoué qui se laisse pervertir, une féroce satire de la société parisienne sous la Restauration (matrice édifiante de notre époque dont le cinéaste souligne avec finesse les nombreuses résonances) et témoigne s’il était encore nécessaire, de l’implacable lucidité de l’auteur de La Comédie humaine: jeune poète idéaliste, Lucien quitte son Angoulême natale pour Paris où il suit sa maîtresse dans l’espoir de se faire connaître et éditer; sacrifiant son talent à un journalisme amoral et cupide qui lui apporte une gloire éphémère et une reconnaissance friable, il découvre à ses dépends les coulisses d’un monde où jeux de pouvoir et d’influence font et défont les réputations, où tout s’achète et se vend, brille ou se consume…🎬🖤Allégeant avec pertinence le roman de Balzac, Giannoli se concentre sur l’irrésistible ascension de Lucien, double malheureux de Bel-Ami qui, avalé par le tourbillon d’une société terrible où les valeurs humaines sont sacrifiées sans scrupules au culte de l’argent et de la médiocrité, voit ses espoirs littéraires et amoureux s’évaporer; Benjamin Voisin, d’abord désarmant d’innocence puis plein d’une assurance encore naïve qui échappe à la mièvrerie, donne à son personnage d’arriviste corrompu une belle humanité : cible d’une caste aristocrate hermétique et d’un clan libéral sans foi ni loi, il a des allures touchantes d’Icare sacrifié🖤🎬Guidé par la musique omniprésente et une voix off qui narre rétrospectivement ce cruel apprentissage, le spectateur plonge dans l’effervescence vertigineuse d’une société du paraître et découvre, à travers le regard du héros, une galerie de portraits habilement caricaturés qui acquièrent une intemporalité évidente et restituent un terrible théâtre des vanités dont les codes ne sont pas sans rappeler ceux des films de gangsters🎬🖤Un grand film, fidèle et moderne, exigeant, accessible, réflexif et esthétique 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #illusionsperdues

10/31/2021, 7:52:45 AM

🖤🎬Eugénie Grandet de Marc Dugain: librement adapté du roman de Balzac auquel le cinéaste a su demeurer fidèle tout en en modernisant l’intrigue, ce drame social et intime, qui séduit par son épure, la splendeur de sa photographie et l’interprétation sans faille de l’ensemble de la troupe, est un huis clos maîtrisé et soigné qui, derrière l’étude de mœurs et le portrait féroce d’un père oppressant, souligne avec élégance et maîtrise l’indéniable acuité et la modernité de l’auteur de la Comédie humaine: littéralement sacrifiée par son père qui refuse fermement de la marier pour ne pas entamer la prodigieuse fortune qu’il dissimule à tous sans scrupules, Eugénie Grandet, recluse, tombe sous le charme de son cousin, Charles, un dandy parisien ruiné après le suicide de son père… 🎬🖤Tout entière construite sur la confrontation muette entre l’homme tyrannique, insensible, et sa fille qu’il asphyxie par goût du gain, l’adaptation de Dugain, par un rythme lent et un travail remarquable sur la lumière (de nombreuses scènes, éclairées à la bougie, évoquent les tableaux de Vermeer et de de La Tour) traduit la tension croissante entre Grandet (impressionnant Olivier Gourmet, terrible d’intransigeance et de violence à peine contenue) dont la soif de possession semble inextinguible et Eugénie (formidable Joséphine Japy) dont le désir d’émancipation et la résistance muselée ne faiblissent pas: l’atmosphère crépusculaire du film souligne autant l’étroitesse morne et austère de l’existence qu’impose l’avare à son entourage que l’insoumission silencieuse et tenace, symbolisée par la lumière discrète qui l’entoure, de la jeune fille🖤🎬Subtilement, Dugain infléchit donc le drame tragique de Balzac: face à cet Harpagon glaçant personnifiant à la fois un patriarcat brutal et aliénant et la naissance d’un capitalisme opportuniste et amoral, Eugénie résiste et finit par s’affranchir (l’affiche est à ce titre magnifique); Dugain signe ainsi une version fidèle et personnelle du roman de Balzac; un film sobre et puissant dont l’épure et l’esthétisme soulignent la force et la modernité, le féminisme aussi, avec beaucoup de finesse; à voir 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #eugeniegrandet

10/22/2021, 10:08:00 AM

🖤🎬Cette musique ne joue pour personne de Samuel Benchetrit: comédie décalée et mélancolique mêlant le parcours sentimental chaotique d’êtres marginaux, ce film choral joue sur le contraste entre une forme de brutalité (de l’existence, des caractères) et la poésie tendre qui sommeille en chacun des protagonistes atypiques de cette histoire insolite et plurielle: dans une ville portuaire du Nord, Jeff courtise une jeune caissière de supermarché en lui faisant porter par son frère d’adoption des poèmes qu’il rédige à son attention; un de ses hommes de main se prend d’affection pour une jeune veuve bègue passionnée de théâtre; Jesus et Poussin terrorisent les lycéens du coin pour qu’ils d’assistent à la fête qu’ils organisent pour les 18 ans de Jessica, la fille de Jeff🖤🎬Tout entier construit sur le décalage entre les méthodes de ces dockers-malfrats et leurs intentions, le film séduit par son scénario original, mêlant réalisme et burlesque, son ton, poétique et loufoque, et sa direction d’acteurs irréprochable : souvent très drôle, l’histoire, sous son apparente légèreté, livre une réflexion subtile et sensible sur le bonheur, s’attache à dévoiler la délicatesse cachée de tous; dans les maladresses de chacun (la candeur un peu balourde des premiers poèmes de Jeff, le rapprochement de Rudy et Jessica insultant les candidats de télé-réalité) l’humour côtoie de près une poésie tendre et une certaine forme de romantisme, aussi touchante que drôle, affleure, irrépressible (les réflexes chevaleresques de Jacky qui ne supporte pas qu’on gifle Jeanne, fut-ce dans la pièce, mais qui élimine méthodiquement les acteurs qui lui font concurrence, ou Neptune, Cyrano moderne, irrésistible également)🖤🎬Si l’on est bouleversé, réellement, par ce film qui balance entre l’univers de Blier et celui de Tarentino c’est qu’on y perçoit cette volonté touchante de sublimer la vulnérabilité de ces durs, saisis malgré eux par l’art et la beauté du monde; un très joli film, à hauteur d’hommes qui célèbre avec une sensibilité revendiquée et une grande élégance la candeur et la force de se révéler à l’autre pour se révéler à soi🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #cettemusiquenejouepourpersonne

10/13/2021, 12:44:34 PM

🎬🖤Les intranquilles de Joachim Lafosse: drame prenant, bouleversant, abordant avec subtilité l’impact de la psychose sur l’entourage (ici la bipolarité mais le film est suffisamment intelligent pour être transposable à toute forme de trouble envahissant) l’histoire interroge les limites de l’engagement amoureux et porte une leçon d’humanité d’une force rare : restauratrice de meubles anciens, Leïla s’use à prévenir les crises de son mari, peintre tourmenté et balloté entre frénésie et abattement, sous l’œil inquiet mais débordant d’amour de leur petit garçon…l’équilibre de cette famille est instable, perturbé et régenté par l’humeur fluctuante de Damien, dont la maladie rythme la vie et fait d’eux des intranquilles…🖤🎬Sans décrire cliniquement la maladie, nommée d’ailleurs très tardivement, le film, huis clos tendu flirtant avec le thriller, immerge le spectateur dans le quotidien du couple, le maintient dans un sentiment permanent d’inconfort, d’attente anxieuse, souligne la contamination irrépressible d’un mal invisible qui, dès les premières secondes du film, vient s’insinuer à chaque plan, dans chaque regard, chaque silence; portraitiste d’une incroyable acuité, Joachim Lafosse, n’a de cesse de montrer, sans jugement ni excès, le combat de deux êtres qui s’aiment mais refusent de se perdre dans la maladie : imprévisible autant qu’incontrôlable, Damien, tantôt aspiré par un élan vital irréfrénable, tantôt écrasé, éteint, absent, lutte pour ne pas être réduit aux symptômes que les autres croient lire en permanence sur son visage mais accapare l’attention et l’énergie de son entourage tandis que Leïla, usée par un qui-vive permanent, refuse de subir et d’être astreinte au rôle de garde-fou 🎬🖤La mise en scène, sobre mais implacable, sans pathos, sert admirablement ce récit intime et universel que porte un trio d’acteurs inouïs, étourdissants de justesse… voyage tourmenté aux limites même de l’amour et du don de soi, les Intranquilles, grand huit émotionnel bouleversant, est surtout un chant de vie, qui, jusqu’à la dernière seconde, revendique pour chacun, spectateur compris, sa liberté : un très grand film🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #lesintranquilles

10/7/2021, 11:02:05 AM

🖤🎬Supernova de Harry Macqueen: road-trip intimiste et contemplatif, cette romance délicate et très élégante aborde avec beaucoup de sobriété et de sensibilité la maladie et l’euthanasie, deux sujets difficiles, douloureux et souvent tabous; porté par un duo d’acteurs exceptionnels, le film, en évitant subtilement le mélodrame et l’excès de romantisme, interroge autant la fin de vie que la force et l’ambiguïté du sentiment amoureux, le faisant osciller entre déni et égoïsme déguisé, orgueil et tendre dévouement : écrivain reconnu, Tusker, qui se sait condamné, entame avec son partenaire depuis vingt ans un voyage à bord de leur vieux camping-car ; alors même que les troubles cognitifs et les pertes de mémoire s’accentuent, ils retournent tous deux sur les lieux qui ont marqué leur histoire tâchant, chacun à leur manière, d’oublier la maladie qui lesmenace…🖤🎬Aussi réaliste qu’esthétique, le film, volontairement lent, échappe aux effusions qu’on aurait pu redouter face à un tel sujet; perceptible, palpable même dans chacun des regards qu’ils échangent, dans le moindre de leurs gestes ou de leurs silences, la tendresse évidente qui unit les deux hommes souligne avec pudeur, élégance et grâce toute la complexité de l’épreuve que traversent les deux protagonistes : face à la volonté toute légitime, de Tusker qui refuse de laisser à son amant l’image déformée d’un être diminué, il y a la détresse bouleversante de Sam, celui qui reste et qui est prêt à tout pour conserver près de lui l’amour de toute une vie🖤🎬 Malgré la mélancolie omniprésente et la peur de la séparation qui hante le couple, ce périple intime sans flashback à travers la très belle campagne de l’Est de l’Angleterre, qu’on ne peut résumer ni à la somptueuse lumière crépusculaire de l’automne ni aux larmes délicates des deux personnages est avant tout, ainsi que son titre l’évoque, une célébration de la vie et de l’amour comme don de soi, un magnifique chant du cygne tout en retenue qui dessine le portrait juste et sensible de deux hommes terriblement attachants incarnés par deux comédiens proprement éblouissants; un très beau film🎬🖤 #lecoeuretlaplume #cinema #supernova

9/23/2021, 3:58:12 PM

🎬🖤 Chambord de Laurent Charbonnier: somptueux documentaire historique autant qu’animalier retraçant les 500 ans du château depuis les débuts de sa construction en 1519 jusqu’à aujourd’hui, le film est pédagogique mais évite intelligemment l’écueil de la visite guidée laborieuse en faisant notamment s’entrecroiser la reconstitution de l’histoire du château, écho privilégié de l’histoire de France dont Chambord est un témoin imposant, et la contemplation d’un cadre naturel foisonnant, permanent et préservé : sublime édifice au cœur et en marge de l’histoire, le château de Chambord est indissociable de la forêt qui l’encercle et de la faune qui la peuple (rois puis présidents s’y sont adonnés à leur passion pour la chasse) 🎬🖤Prouesse architecturale et technique (voir l’escalier à double révolution de Léonard de Vinci) le château est d’abord un lieu de villégiature du roi, puis un outil diplomatique permettant à François 1er de faire montre à Charles Quint de sa puissance; il a accueilli Louis XIV et vu naître Le bourgeois gentilhomme;vidé, dévasté et pillé après la Révolution, le domaine, sauvé par la souscription, devient le symbole de la réconciliation nationale; lieu de résistance pendant la 2ème guerre mondiale, il a accueilli de nombreuses œuvres d’art, dont la Joconde, les préservant des nazis; aujourd’hui encore, dans l’histoire et hors du temps, ce haut lieu culturel et touristique, est la fierté du patrimoine français, mais surtout un sanctuaire exemplaire pour la biodiversité 🎬🖤 Bijou architectural, majestueux et moderne, le château, témoin immuable de l’histoire des hommes, est inscrit, ancré, dans son écrin naturel; le film insiste judicieusement sur l’imbrication de ces deux patrimoines, l’un culturel et historique, l’autre naturel, par des images magnifiques montrant les bâtiments et les jardins au fil des saisons cependant que Cécile de France raconte les événements, reconstitués dans des séquences animées, qui ont façonnés les lieux🖤 Pédagogique et passionnant, le film souligne avec poésie la permanence d’un lieu qui n’a cessé de se renouveler et dont la beauté continue de fasciner 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #chambord #documentaire

9/15/2021, 6:47:09 AM

🖤🎬Le regard de Charles de Charles Aznavour de Marc di Domenico: documentaire inédit, le film dresse un portrait original du chanteur à partir des images qu’il a lui même filmées au cours de sa vie, après qu’Edith Piaf lui a offert en 1948 une caméra Super 8; des heures de pellicules conservées et confiées à Marc di Domenico, 34 ans d’archives et environ 40h de rushs numérisées, sélectionnées et montées montrant des moments de la vie personnelle de la star, des voyages qu’il a faits, des tournages (Un taxi pour Tobrouk), ses amis (Edith Piaf, Jean-Pierre Mocky, Anouk Aymee), les touristes et les gens, plus que les monuments et son entourage proche, qu’il dirigeait et mettait en scène comme un réalisateur 🖤🎬Journal intime filmé, le film, raconté par Romain Duris à partir des biographies du chanteur, retrace la vie de Charles Aznavour depuis sa naissance et l’arrivée de ses parents, immigrés, à Montmartre jusqu’à la carrière internationale qu’il a faite🎬🖤Loin du portrait hagiographique posthume, loin du biopic romancé, Le regard de Charles est une autobiographie honnête et personnelle, intimiste et vraie, qui n’hésite pas à montrer les failles de la star (l’abandon de sa première épouse et de leur fille pour une carrière au Canada, la mort prématurée de son fils)🎬🖤Quelques uns des grands succès de Charles Aznavour accompagnent ces images rares, précieuses, filmées avec malice par cet homme de scène, point de convergence permanent des regards : «Moi, bien sûr, vous m’avez vu. C’est votre regard qui fait Aznavour, vos yeux sur moi. Mais ce que vous ne savez peut être pas, c’est que moi aussi je vous ai vus. Et cette vision m’a fait. En fait, je vous regarde depuis le début. Vous étiez là, partout, à la fois proches et hors d’atteinte » 🎬🖤Il se dégage de ce documentaire, rencontre avec l’homme autant qu’avec l’artiste, l’honnêteté, l’authenticité et la grande sincérité d’un homme ambitieux, fier d’avoir réussi sans jamais oublier ses racines arméniennes, fier de son clan, malgré ses blessures; un film d’une grande humanité, essentielle et touchante, qui ramène la star à son statut d’homme 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #leregarddecharles #charlesaznavour

9/14/2021, 11:38:03 AM

🎬🖤La terre des hommes de Naël Marandin: drame subtil et pertinent, cette fiction d’une grande justesse mêlant une précision presque documentaire à la puissance dramatique d’une intrigue complexe suit avec beaucoup d’acuité le parcours chaotique d’une jeune entrepreneuse agricole qui tente de s’imposer dans un univers masculin et doit faire face à de nombreux rapports de domination : pour sauver l’exploitation de son père de la faillite où elle s’enlise, Constance, volontaire et déterminée, monte avec son fiancé un projet de reprise ambitieux mais solide; malgré les réticences des grands exploitants qui convoitent ses terres, elle trouve en Sylvain, influent représentant syndical, un allié précieux qui la rassure et la soutient jusqu’au soir où, sans tenir compte de son refus pourtant évident, il abuse d’elle…🖤🎬Ancré dans la réalité difficile d’un monde agricole en crise, le face à face entre cet homme complexe (remarquable Jalil Lespert) et Constance est judicieusement montré du point de vue de la jeune femme que le cinéaste a l’intelligence de ne jamais réduire aux violences qu’elle subit : impressionnante, Diane Rouxel livre une partition délicate avec une maîtrise saisissante faisant percevoir les émotions contradictoires (honte, doute, rage) qui ébranlent son personnage; vulnérable mais conquérante, elle évolue dans un univers masculin multiple et dense que le film dévoile avec discernement : de l’aveuglement du violeur, enferré dans un déni révoltant, à l’ostracisme solidaire du groupe, de l’orgueil blessé du fiancé à la tendresse impuissante du père, le film, résolument humain, dresse autour d’une héroïne qui n’est ni victime ni vengeresse, une galerie de portraits d’hommes qui renforce son message féministe sans jamais verser dans le manichéisme; compliqué par le combat intime qu’elle livre avec courage, ténacité et dignité, le parcours du combattant administratif de Constance souligne ses difficultés à s’imposer dans «la terre des hommes» (titre magnifique!) et livre une très belle leçon d’héroïsme🖤🎬Un film audacieux, maîtrisé, remarquablement interprété et porteur d’un féminisme intelligent 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #laterredeshommes

8/31/2021, 9:05:18 PM

🖤🎬Attention au départ de Benjamin Euvrard: comédie familiale plaisante et bien rythmée, ce premier film dynamique et enjoué s’appuie sur un scénario classique mais efficace ainsi que sur un casting solide et investi et séduit par sa volonté assumée de divertir à travers la folle course poursuite menée tambour battant par un duo d’anti-héros attachants qui, ayant laissé partir le train des vacances sans eux mais avec les enfants, tente, le temps d’une nuit mouvementée, de rattraper cette incroyable bévue : papa au foyer tendre et naïf, Benjamin doit accompagner son fils et ses camarades de vacances sur le trajet qui les mène, en train, de Paris à Embrun; rejoint au dernier moment par Antoine, le grand-père complice, loufoque et menteur de deux d’entre eux, Benjamin manque le départ du train… Les deux compères malchanceux se lancent alors dans une course effrénée pendant que, livrés à eux-mêmes, les enfants ravis mènent une impitoyable guerre des nerfs à l’un des contrôleurs, psychorigide et borderline… 🖤🎬Amusante et délirante épopée alternant les parcours parallèles des enfants, dans le train, et de leurs poursuivants (lesquels multiplient les bourdes et les obstacles) le film balance joyeusement entre le buddy-movie (le duo André Dussolier/Jérôme Commandeur fonctionne parfaitement, soutenu par les personnages de Maxime, adolescent rebelle un brin bêta et le smocking, futur marié se croyant embarqué dans un enterrement de vie de garçon) et le road-movie (au gré des nombreuses rencontres qui jalonnent leur improbable périple, les protagonistes en vadrouille croisent des personnages secondaires fantasques qui jouent avec justesse, humour et légèreté sur les stéréotypes) 🖤🎬Comédie transgénérationnelle sympathique, déjantée et loufoque jouant la carte du pur divertissement, Attention au départ est un film agréable et drôle, sans temps mort et bienveillant, qui se savoure et s’apprécie en famille 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #attentionaudepart

8/31/2021, 12:17:47 AM

🖤🎬Louloute d’Hubert Viel: comédie douce-amère balançant subtilement entre chronique naturaliste et conte de fées poétique, ce très beau film remarquablement interprété raconte un voyage dans le temps délicat et nostalgique qu’il infuse d’une tragédie familiale et sociale vue par le regard déformant d’une fillette de 10 ans sensible et terriblement attachante dont l’enfance insouciante a brutalement pris fin: professeur d’histoire mal dans sa peau et un brin narcoleptique, Louise, la trentaine, vit avec angoisse l’imminence de la vente de la ferme familiale de son enfance; les retrouvailles inattendues avec un ancien «amoureux» de l’école primaire la plonge dans les souvenirs joyeux du modeste élevage laitier de son enfance, au cœur de la campagne normande et des années 1980, sur lequel plane l’ombre de la crise agricole… 🖤🎬Fable réaliste d’une grande finesse, Louloute fait coexister deux temporalités qui s’opposent, s’éclairent et se complètent au moyen de nombreux flash-back et réminiscences évoquant autant un paradis à jamais perdu qu’un retour aux sources fondateur; tourné en 16mm dont le grain chaleureux, coloré, souligne l’idéalisation d’une époque, le film combine avec précision et fluidité onirisme et réalisme : le sens du detail du cinéaste, son souci d’authenticité et le jeu bouleversant de l’ensemble du casting (Laure Calamy, Bruno Clairefond et Alice Henri en tête) participent harmonieusement à l’atmosphère fantaisiste et mélancolique du film, dont la poésie bucolique, peuplée d’animaux et à la lisière de l’univers de Lewis Caroll, donne à voir différemment le quotidien d’un monde rural en crise et impuissant🖤🎬Par le dédoublement de l’héroïne (Louise, adulte, fuit, fugue dans le souvenir pour redevenir Louloute), Hubert signe un très beau film sur l’enfance, la mémoire, le deuil, une très jolie fable poétique et politique qui se clôt sur une séquence bouleversante née du surgissement quasi-proustien du souvenir et qui, reprenant et complétant une scène située au cœur du film, met en lumière autant le vertige bienfaisant d’un bain de nostalgie que la force indicible du souvenir… magnifique !🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #louloute

8/27/2021, 10:31:00 AM

🖤🎬Jungle Cruise de Jaume Coller-Serra: blockbuster familial adapté d’une célèbre attraction Disney, cette comédie d’aventure fait mouche et rend un bel hommage aux films d’aventures des années 1980 tout en abordant des thématiques actuelles sans jamais se défaire d’un dynamisme rafraîchissant: Lily Houghton, jeune et intrépide botaniste londonienne, se lance, accompagnée de son frère MacGregor, un incorrigible citadin, à la recherche d’un arbre légendaire dont les miraculeux pétales seraient dotés d’extraordinaires pouvoirs de guérison, quête épique au cœur de la jungle amazonienne que mène également l’impitoyable Prince Joachin et qui, quelques quatre cent ans plus tôt, avait coûté la vie à un groupe de conquistadors espagnols; pour descendre le fleuve, Lily engage Frank Wolff, le capitaine roublard d’un vieux rafiot, avec qui elle doit faire équipe pour survivre dans cet univers hostile hanté d’aventuriers maudits …🎬🖤 Sympathique et habile croisement entre À la poursuite du diamant vert (pour l’exotisme et le duo de choc), Pirates des Caraïbes (les similitudes entre Frank Wolff et Jack Sparrow sont légion), et Indiana Jones (l’avatar féminin de l’explorateur vertueux par Emily Blunt, joliment surnommée la « femme au pantalon » est judicieux et permet la création d’un personnage haut en couleur, avant-gardiste et d’emblée sympathique) Jungle Cruise ne prétend pas renouveler le genre du divertissement familial grand spectacle : cadre dépaysant et menaçant, enchaînement ininterrompu d’obstacles et de gags, images impressionnantes (poursuite en sous-marin, cité cachée…) et bande son qui joue la carte de la nostalgie (version inédite du Nothing Else Matters de Metallica) accompagnent une intrigue évidemment balisée mais efficace, entièrement construite autour des mésaventures rocambolesques de ce trio improbable et complémentaire, forcément victorieux d’un méchant délicieusement caricatural et de forces surnaturelles fort bien conçues🖤🎬Savant mélange d’action, d’humour et de fantastique, cette superproduction estivale offre un excellent divertissement grand public qui remplit aisément le cahier des charges du genre 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #junglecruise

8/26/2021, 4:24:02 PM

🖤🎬Le tour du monde en 80 jours de Samuel Tourneux: premier film tonique mêlant fort habilement humour et aventure, cette version animalière et contemporaine très libre du célèbre roman de Jules Verne offre un divertissement familial enjoué, d’abord un peu déroutant, mais qui finit par emporter le spectateur dans un formidable périple drôle, mouvementé et gentiment déjanté ponctué de gags visuels : littéralement étouffé par une mère surprotectrice qui bride ses moindres élans, Passepartout, ouistiti candide mais volontaire et rêveur s’imagine sans trop y croire grand explorateur; lorsqu’un surfeur amphibien hâbleur et opportuniste nommé Philéas Frog débarque au village de Gloombury où Passepartout désespère, l’occasion est trop belle… Pariant qu’ils peuvent établir un nouveau record et faire le tour du globe en 80 jours, les deux compères s’échappent, poursuivis par une gerbille commissaire de police qui enquête sur un mystérieux cambriolage…🖤🎬Dès les premières images, on comprend que l’intrigue, l’époque et l’univers bigarré du film sont très éloignés du classique de la littérature dont il est inspiré; du roman de Jules Verne, le film ne conserve que le duo d’aventuriers et la course contre la montre autour du monde; passé la surprise, on est rapidement séduit par l’audace de l’univers très cartoonesque qui est représenté et on se laisse rapidement emporter par le rythme soutenu des aventures rocambolesques de ce tandem loufoque, complémentaire et attachant 🎬🖤 Sans temps mort aucun, le duo d’aventuriers en herbe enchaine avec humour et entrain les péripéties, les rencontres, les mésaventures ; l’originalité des dessins mêlant 2D et 3D (18 décors ont été créés pour le film) et la foisonnante galerie de personnages qui défilent au cours de ce périple improbable (des scorpions à moto qui font la loi dans le désert, des escargots en char adorateurs de volcans dans la jungle, une princesse en cavale qui se rêve aviatrice…) participent au côté burlesque parfaitement maîtrisé du film 🎬🖤Une relecture contemporaine originale et assumée, dynamique et joyeusement fantaisiste, pour la famille, à partir de 6 ans🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #letourdumondeen80jours

8/21/2021, 6:48:47 PM

🖤🎬Bac Nord de Cédric Jimenez: fiction inspirée d’une réelle histoire de corruption, ce polar d’action esthétique et nerveux raconte, sous la forme d’un western urbain brutal et sombre, la descente aux enfers de trois flics de terrain qui, poussés par leur hiérarchie, franchissent la ligne jaune: Greg, Yass et Antoine font équipe dans les quartiers Nord de la Marseille; en prise, quotidiennement, avec de réelles zones de non droit, ils sont sur le point de démanteler un important réseau mais, pour payer leur indic, s’arrangent dangereusement avec la loi…🖤🎬 Immersion brutale, saisissante, sans fard, ce thriller musclé n’a pas, malgré un souci de réalisme évident, la volonté presque documentaire des Misérables de Ladj Ly; ni pro ni anti flic, le scénario, très habile, prend le parti pris audacieux de focaliser l’intrigue sur les trois antihéros qu’il ne glorifie pas mais dont il montre, sans complaisance, la colère impuissante face à un quotidien frustrant et tendu fait d’humiliations répétées au sein de cités quasi hors de contrôle et d’ordres contradictoires d’une hiérarchie qui ne cache pas son obsession du chiffre, les presse et les sacrifie brutalement🖤🎬Véritablement virtuose dans les scènes d’action, que ce soient les poursuites, les face-à-face explosifs entre flics et malfrats ou l’incroyable assaut d’une cité verrouillée (scène centrale, suffocante, du film), Bac Nord est servi par un casting impérial qui évite habilement les clichés attendus et livre, Gilles Lellouche en tête, une partition impressionnante et complémentaire : impulsifs, violents, très souvent borderline, les personnages évoluent avec leurs imperfections, leurs failles et leur humaine complexité; leur basculement vers la délinquance, l’ambiguïté de leurs codes, interroge la responsabilité d’un système en totale rupture avec sa base, qui abandonne et sacrifie une zone complète (fonctionnaires de terrain comme population)🖤🎬Polar d’action haletant, amer, drôle et nerveux, Bac Nord est un grand film, puissant et d’une lucidité presque désabusée avec, en prime, au cœur d’un thriller très masculin, deux figures féminines magnifiques… C’est réussi🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #bacnord

8/21/2021, 10:55:39 AM

🖤🎬Rouge de Farid Bentoumi : inspiré de faits réels, ce drame mêlant chronique sociale et crise familiale se mue en thriller écologique engagé et fait ressortir avec pertinence l’urgence évidente des questions écologiques autant que la complexité des mécanismes qui alimentent une omerta criminelle et sacrifient préservation de l’environnement et santé publique aux seuls intérêts économiques : infirmière, Nour vient de quitter les urgences et rejoint Ankalu, l’usine chimique où son père, délégué syndical, travaille depuis trente ans; très vite, elle s’interroge sur l’état de santé préoccupant d’une partie du personnel et découvre de nombreux manquements à la sécurité des employés; se heurtant à l’hostilité de son patron, à celle de son père, aveuglément dévoué à la vie de l’usine (alors en plein contrôle sanitaire) ainsi qu’au mutisme résigné de ses collègues, elle prend contact avec une journaliste et se trouve face à un terrible conflit de loyauté…🖤🎬Le titre, référence aux spectaculaires boues toxiques créées par les rejets polluants, au sang comme à l’engagement syndical, suggère aussi l’imminence du danger et l’urgence de l’alerte, inscrivant le film, très visuel, dans une démarche écologique engagée : seuls sont rouges l’usine, le lac de déchets toxiques et la robe de l’héroïne…🎬🖤Porté par un trio d’acteurs solide, le récit s’articule intelligemment autour de la relation affective de plus en plus conflictuelle qui unit la jeune femme à son père; s’il souligne l’écart séparant deux générations issues de l’immigration, le film met surtout en lumière et avec d’autant plus de force qu’il évite tout manichéisme les difficultés auxquelles se heurte le lanceur d’alerte, surtout quand il est intégré à l’entreprise : le dilemme de l’héroïne prise en étau entre sa famille (qui vit de l’usine), ses collègues, son métier et son éthique, témoigne de l’imbrication inextricable des enjeux personnels (familiaux et professionnels) et sanitaires; dans la lignée de Erin Brockovich ou de Dark Waters, Rouge définit une forme de résistance : face au choix douloureux qui l’accule, Nour, vulnérable et déterminée, a choisi l’action🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #rouge

8/18/2021, 1:54:40 PM

🖤🎬Black Widow de Cate Shortland : plus proche du thriller d’espionnage hollywoodien que des épopées cosmiques des autres opus, le 24eme film de l’Univers Cinématographique Marvel est un blockbuster (trop?) féminin, évidemment féministe, dont l’action, située après Captain America: Civil War n’est pas tant l’origin story de Natasha Romanoff qu’une préquelle éclairant la personnalité réputée impénétrable de la Veuve noire et l’occasion d’un passage de flambeau réussi entre Scarlett Johansson et Florence Pugh : dans les années 1990, une famille d’espions russes quitte précipitamment les Etats-Unis; vingt ans plus tard, en cavale, Natasha, ancien agent du KGB recrutée par le S.H.I.E.L.D., poursuivie par un redoutable ennemi masqué, retrouve Yelena, sa sœur, à Budapest; celle-ci a, au cours de son enfance, enduré le même entraînement qu’elle au sein de la Chambre Rouge, organisation secrète dirigée par le général Dreykov qui forme de nombreuses espionnes, contrôlées mentalement et corvéables à merci…Décidant de renouer avec son ancienne «famille», Black Widow part en croisade contre Dreykov …🖤🎬Dans le strict respect du cahier des charges de Marvel, le film, bourré d’action, offre, malgré de nombreuses facilités scénaristiques, un divertissement grand spectacle efficace avec ce qu’il faut d’humour et de fantastique : truffé de combats aux chorégraphies millimétrées et de scènes d’action (poursuite à moto et char blindé dans les rues de Budapest, spectaculaire évasion d’une prison russe, scènes aériennes dantesques…) l’intrigue, classique, entremêle plutôt habilement les enjeux familiaux de l’héroïne (identité, liens, mensonges) et les enjeux politiques (oppression des femmes, contrôle des sociétés, endoctrinement et dérives de la science…) mais souffre d’une incompréhensible sous exploitation de l’antagoniste et d’un traitement des personnages masculins à la limite de la caricature; une superproduction sans surprise, dans la lignée Mission: impossible, qui amorce la phase IV du MCU avec une solide seconde incarnation de cette super-héroïne humaine, mais dont le féminisme, assumé, aurait gagné à être plus nuancé 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #blackwidow

8/16/2021, 10:31:34 AM

🖤🎬La loi de Téhéran de Saeed Roustayi: polar fiévreux, porté par des comédiens hallucinants, ce face à face électrique entre un flic déterminé et un baron de la drogue se mue, de film policier à l’ancienne, haletant et nerveux, en fresque politique et sociétale spectaculaire dressant le tableau terrible, sans concession et d’un réalisme saisissant d’un pays littéralement gangrenée par la misère, la drogue et la corruption : référence au nombre de toxicomanes en Iran et au prix du drap mortuaire, le titre original du film, Six et demi, pointe du doigt l’explosion de la consommation de crack tandis que le titre français souligne les failles d’un système judiciaire spécifique qui condamne à la pendaison quiconque serait en possession d’au moins 50 grammes de drogue; à ce compte là, les trafiquants risquent le tout pour le tout…et la lutte contre le trafic de drogue s’apparente au tonneau des Danaïdes🖤🎬Dès la scène d’ouverture (proprement sidérante) le spectateur est embarqué dans une urgence et une tension qui ne le quitteront pas; sans temps mort ni respiration, depuis la traque nerveuse du narco trafiquant réputé insaisissable, au dénouement d’une rare puissance, on bascule dans le huis clos véritablement asphyxiant du commissariat; les cellules, poisseuses, surpeuplées et insalubres, font figure de cour des miracles : de jeunes enfants cohabitent avec toxicomanes ou trafiquants et entre chantage et intimidations tout peut basculer autant pour les policiers que pour les détenus…🖤🎬Le jeu particulièrement intelligent des acteurs (les personnages sont denses, ambivalents) et la mise en scène, inventive, percutante (voir l’évacuation dantesque d’un bidonville ou les nombreuses scènes de foules, dans la prison) témoignent d’une maîtrise imparable qui participe au choc, notamment visuel, du film🎬🖤Nerveux dans le bras de fer qu’il décrit entre les antagonistes, hyper réaliste dans le constat qu’il fait d’une misère sociale qui semble insoluble, le film, vertigineux, impressionne par la virtuosité de son traitement brut, radical, jusque dans les dialogues ; courageux et magistral, à voir absolument 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #laloideteheran

8/10/2021, 9:12:11 AM

🖤🎬Ibrahim de Samir Guesmi : premier long-métrage sensible dont la retenue touche au cœur, ce drame au réalisme social discret mais efficace met en lumière un Paris populaire trop peu visible au cinéma autour de l’histoire simple mais véritablement poignante de la redemption d’un jeune adolescent qui peine à communiquer avec son père : influencé par un camarade de classe, Ibrahim, complice d’un vol qui tourne mal, brise le rêve de son père, Ahmed, simple écailler dans une brasserie, contraint de payer la note pour lui éviter des ennuis; l’adolescent, qui voit se tendre sa relation, déjà difficile, avec son père, entreprend de racheter sa faute, quite à basculer…🖤🎬Double récit d’apprentissage mis en scène avec une délicatesse remarquable, l’intrigue évite avec pertinence les écueils du mélodrame social qui verserait dans le misérabilisme : sensible et pudique, le film dresse le portrait croisé d’un père, taiseux et droit, dont on devine un passé chaotique, accroché à l’espoir d’échapper à une forme de déterminisme social, et d’un fils qui le seconde au quotidien (Ahmed ne sait ni lire ni écrire) mais qui demeure en retrait, mutique et observateur d’un monde où il cherche sa place, sa chapka obstinément enfoncée sur la tête… C’est ce lien, à la fois fragile et indestructible, entre les deux hommes que filme Samir Guesmi avec une incroyable pureté, traduisant dans les regards, les silences et les gestes ce que les personnages ne parviennent pas à exprimer; les détails, davantage que les dialogues, parlent et font sens, traduisant, trahissant plutôt, les sentiments, les espoirs et les émotions refoulées (l’absence de la mère via le tee-shirt «I love NY», l’attention inquiète via les regards appuyés du père, le renoncement via une feuille chiffonnée ou l’angoisse et l’insomnie via un cendrier plein)🖤🎬 Histoire d’une reconnaissance rendue manifeste par une main caressante sur la joue, Ibrahim fait figure de conte social réaliste aux allures de Pinocchio moderne dans un Paris populaire filmé avec une émouvante simplicité (les tonalités gris-bleu de la lumière sont magnifiques) et une admirable pudeur ; c’est un très beau film 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #ibrahim

8/9/2021, 12:39:26 PM

🖤🎬Bergman Island de Mia Hansen-Løve: au-delà de la déclaration d’amour qu’elle fait au cinéma, à celui de Bergman en particulier, cette œuvre à clé, très personnelle, interroge, via l’histoire d’une émancipation multiple, le processus de création et la manière dont l’inspiration se nourrit de l’expérience comme de l’imagination : un couple de cinéastes s’installe, le temps d’un été, sur l’île suédoise de Fårö où vécut Bergman; alors que le projet de Tony semble avancer sans difficulté, Chris se heurte à ses doutes ; délaissant le très touristique Safary Bergman, elle part à la découverte de l’île par les chemins de traverse… le début de scénario qu’elle raconte à son époux (la romance impossible entre deux anciens amants qui se retrouvent, le temps d’un mariage, sur l’île) marque le début d’un jeu de miroirs adroit brouillant progressivement les frontières entre réalité et fiction et engendre une troublante mise en abyme, très intelligemment construite, bouleversante de sincérité🖤🎬Véritable personnage du film, l’île de Fårö, huis clos utopique et sauvage, sert de cadre à ces deux histoires d’amour (celle du couple de cinéastes, réplique lointaine du couple formé par la réalisatrice et son ancien compagnon Olivier Assayas et celle, fictive, inventée par Chris, racontant les retrouvailles incertaines de deux anciens amants) ; elle offre des paysages sublimes, à la fois austères (les habitations, la végétation sont rares) et exaltants (l’immensité de la mer, du ciel et l’omniprésence invisible de la figure tutélaire du cinéaste suédois confèrent au lieu un indéniable charme)🖤🎬 Avec une grâce saisissante, au sein de ces décors hantés, fascinants, qu’elle filme en scope avec une émouvante simplicité, Mia Hansen-Løve fait s’entrelacer fiction et réalité, souvenirs et fantasmes, mais également les temporalités… D’une indéniable beauté et porté par un casting parfait, le film, atypique mais parfaitement accessible, est à la fois lumineux et profondément mélancolique; teinté d’un onirisme délicat, il mêle avec subtilité et justesse sensualité et réflexion, intimité et universalité des sentiments… et touche au cœur🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #bergmanisland

8/5/2021, 9:46:32 PM

🖤🎬The Mauritanian de Kevin Mac Donald: adapté des mémoires de Mohamedou Ould Slahi, ce film-dossier captivant, parfois très dur, est d’abord un thriller juridique prenant qui, autour de l’impensable chemin de croix du héros, livre un réquisitoire puissant contre les barbaries infligées aux détenus de Guantánamo ; au-delà de l’histoire personnelle du héros, le film questionne l’idée même de justice et dénonce fermement les injustifiables débordements d’une lutte contre le terrorisme qui a aveuglément sacrifié ses valeurs fondamentales à la vengeance et à la peur: peu après le 11 septembre, Mohamedou Ould Slahi est livré aux Etats-Unis et emprisonné sans jugement; trois ans plus tard l’avocate Nancy Hollander invoque l’habeas corpus et se heurte à une inimaginable censure et découvre un véritable scandale d’Etat…🖤🎬Rigoureusement documenté, ce thriller juridique se manifeste surtout par sa subtilité, sa pertinence et son humanisme: si le procureur militaire incarne la colère juste du peuple américain contre le terrorisme, son personnage éclaire un point de vue important mais échappe à tout manichéisme et sert le questionnement central du film en incarnant les principes fondamentaux que le totalitarisme barbare de Guantánamo bafoue impunément 🎬🖤Personnage à part entière, le centre de détention fait figure d’enfer coupé du reste du monde dans l’engrenage implacable duquel le héros se débat en vain; soulignant les inhumanités sidérantes du lieu (pancartes protégeant les iguanes de maltraitance, boutique fournissant à l’aéroport d’improbables souvenirs de ce no mans land horrifique) la mise en scène, empathique, souvent presque sensorielle (voir la longue séquence dévoilant les sévices innommables qui sont infligés) permet au spectateur de saisir, sans céder au voyeurisme, la réalité terrifiante des conditions d’incarcération et d’appréhender l’ampleur admirable du cheminement intime du héros, farouchement accroché au pardon, clé de voute de sa liberté et de sa résilience ; solidement entouré, Tahar Rahim, remarquable de sobriété, porte puissamment cette formidable leçon d’humanité … Un film important 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #themauritanian

7/28/2021, 12:27:42 PM

🖤🎬Billie Holiday, une affaire d’état de Lee Daniels: biopic politique porté par la vertigineuse Andra Day (une vraie révélation) ce drame romancé basé sur le livre « Chasing the Scream » de Johann Hari, retrace le combat militant méconnu de Lady Day et dresse de la chanteuse un portrait proprement bouleversant: au faîte d’une carrière enviable, l’icône du jazz est piégée par un agent du FBI, Jimmy Fletcher, chargé d’infiltrer les cercles dans lesquels elle évolue… mais il comprend qu’elle cristallise la haine hostile de son supérieur, Harry Anslinger, qui dissimule derrière la guerre qu’il mène contre la drogue un racisme viscéral dirigé sans mesure contre la jeune femme …🖤🎬 S’articulant autour de son obstination farouche à interpréter, même illégalement, Strange Fruit, texte puissant dénonçant les lynchages racistes qui perdurent alors dans une partie des Etats-Unis et dont elle livre une interprétation poignante, le film retrace le destin tragique de l’icône légendaire, idole meurtrie, tourmentée et persécutée par le FBI, et réhabilitée dans cette très belle reconstitution, comme une figure incontournable du mouvement des droits civiques 🖤🎬Ni chronologique, ni exhaustif, le film choisit de raconter la lutte politique de la chanteuse plutôt que de retracer son impressionnante carrière; un parti pris assumé qui s’appuie sur des images d’archives en noir et blanc et qui vient souligner la détermination et l’engagement de la chanteuse en mettant en parallèle le racisme obsessionnel des agents qui la harcèlent et son refus acharné de retirer cette chanson controversée de son répertoire; point d’orgue du film, alors que se sont succédées quelques-unes de ses chansons les plus célèbres, l’interprétation presque hallucinée de Strange Fruit, qui s’achève, après une évocation rugueuse presque à capella, en un cri déchirant🖤🎬Portrait saisissant d’une artiste engagée dont on retrace le parcours intime violent, le film met en lumière une héroïne complexe, fragilisée autant que combattante, menacée mais tenace, immortelle, sinon invincible … A voir ! 🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #billieholidayuneaffairedetat #theunitedstatesvsbillieholiday

6/22/2021, 11:17:29 PM

🖤🎬Immense coup de cœur pour cette comédie historique découverte en avant-première hier soir : Délicieux, d’Eric Besnard, raconte, via biopic imaginaire d’un cuisinier hors pair, la naissance, à l’aube de la Révolution française, des premiers restaurants, symboles du basculement sociétal de l’époque 🎬🖤 Ponctuée de sublimes natures mortes, que le cinéaste a pris soin de mettre discrètement en mouvement, cette fresque intime, audacieuse et romanesque, relève haut la main sa principale gageure : donner à voir le goût, la saveur, les parfums… Réalisé avec passion et précision, porté par un casting cinq étoiles (autour du merveilleux duo central, Gregory Gadebois et Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe, irrésistible en Comte de Chamfort, Guillaume de Tonquédec impeccable, mais aussi Christian Bouillette et Lorenzo Lefebvre incarnent des personnages incroyablement attachants) le film, très réussi fait s’entrecroiser destins individuels et grands évènements de l’histoire de France, dans une province sublime, auquel il rend un bel hommage 🎬🖤Excellent film, drôle et très émouvant, qui ne se contente pas d’être divertissant : ancré malgré lui à l’issue d’une conjoncture mondiale inédite, il soulève des problématiques importantes aux résonances troublantes avec notre époque et se montre, ainsi, d’une rare pertinence… Sortie le 8 septembre : immanquable ! 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #delicieux #delicieuxlefilm #ericbesnard #gregorygadebois #isabellecarre #benjaminlaverhne #guillaumedetonquedec #christianbouillette #lorenzolefebvre @benjaminlavernhe @guillaumedetonquedecoff @ugc_cinecite_parly

6/18/2021, 1:42:34 PM

🎬🖤Promising young woman d’Emerald Fennell: thriller post metoo aux couleurs pop, ce 1er film, malin et déroutant, questionne la misogynie de nos sociétés via un divertissement tout entier en trompe-l’œil qui, multipliant fausses pistes et ruptures de ton, dénonce les lâches complicités d’un patriarcat qui préfère se montrer indulgent pour un «promissing young man», plutôt que de défendre la justice : alors que ses études de médecine lui promettaient un brillant avenir, Cassie, la trentaine, serveuse dans un café paumé, vit chez ses parents; sans ami ni avenir, elle passe ses nuits en boîte où, feignant d’être saoule, elle appâte les violeurs amateurs qui, trop tentés par l’occasion facile, s’improvisent chevaliers servants pour la ramener… chez eux🎬🖤Entre comédie noire et thriller féministe refusant la facilité du revenge movie castrateur, le film, à l’image de son héroïne, polymorphe, opte pour une ambivalence plus subtile : réservée mais séduisante, Cassie, jeune femme intelligente qu’un terrible évènement a traumatisée, oscille entre Barbie et Harley Quinn; partagée entre une haine vengeresse et une culpabilité mélancolique, elle orchestre minutieusement une double vendetta, l’une régulière et aveugle, l’autre, personnelle, forcément plus frontale, qui va faire basculer l’intrigue ; héroïne ordinaire, blessée, déterminée, elle mène une croisade plus éducative que vengeresse, s’interdisant de devenir bourreau, pour déconstruire la responsabilité collective de la culture du viol et confronter les hommes à leur hypocrisie…🖤🎬Un parti pris original qui pourra séduire ou agacer mais qui n’occulte pas un scénario habile jouant en permanence avec les codes : du thriller au drame, le film, stylé et coloré, bifurque vers la comédie romantique jusqu’à un Very Bad Trip intelligemment revisité ; une farce macabre troublante à la bande son joyeusement décalée qui, sans épargner les femmes, déploie un éventail peu reluisant d’une masculinité qu’on aurait aimé plus complexe (même s’il faut reconnaître que les portraits sont effroyablement et désespérément réalistes) et rappelle fermement le sens du consentement… À voir🎬🖤 #leclapetlaplume #cinema #promisingyoungwoman

6/13/2021, 12:08:46 AM

🖤🎬ADN de Maïwenn : récit touchant et vivifiant d’une profonde crise identitaire, ce film choral d’inspiration autobiographique, qui s’articule autour du cheminement intime de son héroïne, le dépasse pourtant pour questionner, avec beaucoup d’humanité et de sincérité, la transmission et le sentiment d’appartenance : divorcée et mère de trois enfants, Neige voit sa vie profondément bousculée par la mort de son grand-père, émigré d’Algérie et véritable pilier de la famille; malgré les tensions et les rancœurs qui secouent le clan, elle s’accroche à chaque relique du patriarche et entreprend de remonter ses origines jusqu’à demander la nationalité du pays d’où vient l’homme qui fut son point d’ancrage…🖤🎬 C’est la mort donc qui sert de point de départ au parcours de Neige: peu à peu, la trame narrative se centre sur la jeune femme, sur sa dépression et sur la boulimie avec laquelle elle se documente sur l’Algérie et son histoire, jusqu’à vouloir connaître en pourcentage précis les héritages géographiques et culturels dont elle est issue… 🖤🎬Histoire d’un écroulement suivi d’une renaissance, ADN est certes narcissique mais pas autocentré (le drame intime de l’héroïne, malgré d’autres deuils, nécessaires, la conduit vers les autres); avec empathie, le film porte un message fort et libérateur jamais démonstratif : du deuil à la reconstruction, c’est un parcours douloureux (l’échange avec la mère, dure et brutale, dans la rue et le rapport au père via ce rêve horrifique) mais nécessaire (voir le très bel épilogue, retour aux sources autant que réancrage vital) et sans cesse insufflé d’un bel élan de vie (voir le personnage de François)🖤🎬 Porté par un casting formidable (incroyable Fanny Ardant) remarquablement dirigé, le film, drôle et touchant, insiste sur la pluralité de nos héritages culturels et la force des liens du cœur, capables de surpasser ceux du sang, le cheminement de Neige prouvant qu’on peut s’extraire d’un terreau trop toxique et choisir son ancrage, où planter ses propres racines… Une ode à la tolérance et à la liberté… Un message personnel autant qu’universel, et farouchement tourné vers la vie et la paix 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #adn

6/10/2021, 3:09:16 PM

🎬🖤Mandibules de Quentin Dupieux : buddy movie décalé, road movie estival et multi référencé, fable poétique et absurde célébrant l’amitié, délire loufoque louant une loose candide mais, d’une certaine manière, paradoxalement efficace, le nouveau film de Quentin Dupieux est une comédie fantastique et farfelue, tendre et naïve qui, derrière un scénario minimaliste, affirme un style, un ton qui amuse et séduit, autant qu’il étonne : alors qu’ils s’apprêtent à livrer une mystérieuse mallette, Jean-Gab et Manu, deux pieds nickelés sans le sou, découvrent dans le coffre de la Mercédès qu’ils viennent d’emprunter une mouche géante, vivante, qu’ils décident rapidement d’apprivoiser et de dompter pour lui apprendre à braquer les banques à la manière d’un drone articulé… 🎬🖤Croisant avec bonheur les influences et les registres, Quentin Dupieux articule sa fantaisie loufoque autour de l’animal, baptisé Dominique, incroyable insecte, gigantesque et vorace, articulé par David Chapman, incongruité que les deux antihéros tentent de dissimuler et de dresser dans le même temps et dont la présence génère autant de curiosité que d’inquiétude et d’amusement : entre la mouche de Cronenberg et E.T., Dominique provoque un enchaînement de péripéties drôles et bizarres au cours desquelles l’irrésistible duo Marsais/Ludig , à mi chemin entre Dumb and Dumber et les Valseuses, la violence en moins, peut exprimer sa folie douce🎬🖤L’impression d’improvisation des scènes est rapidement démentie par la rigueur formelle et l’esthétique particulière du cinéaste : ni clairement datée ni précisément localisée, l’histoire semble évoluer dans une autre dimension que le casting détonnant, souvent à contre emploi, vient sublimer (mention spéciale pour Adèle Exarchopoulos dont le génie comique est enfin révélé grâce à ce rôle improbable d’Agnès, sosie éloigné de Greta Thunberg, littéralement impayable)🖤🎬Voyage en absurdie à rebours de l’actualité anxiogène, Mandibules s’inscrit dans une atmosphère estivale, hors du temps, et s’affirme comme une comédie joyeuse et décontractée dont la poésie farfelue dessine une belle et hilarante histoire d’amitié🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #mandibules

6/8/2021, 4:44:57 PM

🎬🖤The father de Florian Zeller: adaptation remarquable de sa pièce Le père, ce 1er long-métrage fascinant et littéralement bouleversant impressionne par son audace thématique et formelle : huis clos intense et anxiogène le film raconte l’odyssée intime et mentale d’un vieil homme dont la mémoire et la perception vacillent inexorablement; épopée tragique puisque sans retour, la terrible descente aux enfers du héros, focalisée sur sa relation avec sa fille, est conçue comme un puzzle immersif insoluble; épousant les perceptions de plus en plus incertaines du héros, ce drame familial poignant est, malgré son décor unique, une œuvre de cinéma puissante qui, poussant l’empathie à l’extrême, livre une formidable leçon d’humanité🖤🎬Le pari, risqué et réussi, de Zeller, était de mettre en scène, en images, ce vertige : dans un appartement mouvant, labyrinthe angoissant, qui évolue, se dilate, à mesure que la maladie progresse, les scènes se répètent, se chevauchent, se décalent et peu à peu, de contresens en incohérences, les certitudes du spectateur s’effilochent... la frontière entre réalité et illusion s’effondre, des personnages aux visages changeants semblent surgir de nulle part, les repères spatio-temporels se brouillent, le doute s’installe, subsiste, s’épaissit... réminiscences, fantasmes, créations de l’esprit, peurs, souvenirs, visions... la réalisation, en trompe-l’œil permanent, joue sur les quiproquos et l’impression de boucle, d’enfermement, disloque tous les repères en un rêve sombre et étrange mimétique de la confusion mentale du héros, obligeant le spectateur à une vigilance vaine : quels que soient ses efforts pour comprendre, le dédale se referme irrépressiblement ; plans-séquences, travellings, gros plans, traduisent le trouble du personnage, incarné avec maestria par Anthony Hopkins qui livre, jouant avec subtilité sur tous les registres, une prestation étourdissante🎬🖤Au-delà de l’expérience cinématographique, The father est un film déchirant, rude mais lumineux, qui touche à l’intime et à l’universel et dont on sort secoué, touché au cœur ; du très grand cinéma🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #thefather @florianzellerofficiel

6/1/2021, 11:26:11 PM

🎬🖤 Coup de coeur cinéma de la semaine... The father de Florian Zeller (voir @agnes_le_clap_et_la_plume ) est un petit chef d’œuvre absolument bouleversant🖤🎬 Bouleversant d’abord par l’histoire qu’il raconte: avec une grande subtilité, fort d’une direction d’acteur absolument remarquable, le film aborde des thèmes lourds (la maladie, la fin de vie, la filiation); sans effusion, l’émotion est partout, puissante et juste, dès le premier échange entre cette fille aimante et ce père à la dérive qu’elle ne peut pas aider; Olivia Colman, désarmante d’humanité, suggère en un regard l’indicible dilemme moral qui la tenaille; face à elle, Anthony Hopkins, littéralement prodigieux, incarne, avec un effet miroir saisissant (il porte le même nom que son personnage et est né le même jour que lui) la vulnérabilité d’un homme qui doute, s’accroche, et sombre; entre paranoïa, peur irrépressible de l’abandon, orgueil, déni, colère et détresse, il est magistral du premier au dernier plan🖤🎬 Bouleversant, le film l’est aussi par sa forme et par sa mise en scène atypique et audacieuse: brouillant les codes spatio-temporels du spectateur, Florian Zeller l’embarque dans un dédale sans fin et, exploitant le décor, lieu clos distordu, fait de l’incohérence un atout puissant; cassant la chronologie, jouant des lumières, des cadres, des ambiances, des visages, il signe un scénario redoutable qui ronge, dégrade et efface les limites entre le réel et l’illusion; les quiproquos, les doutes, l’indécision dominent, laissant le spectateur dans une ambivalence qui ne le quittera pas... 🎬🖤Un parti pris cinématographique fascinant, qui n’apporte aucune réponse rationnelle mais rend compte, par les sens, des errements déchirants d’un homme à la dérive : la musique, fil d’Ariane précaire auquel s’accroche encore le héros comme à sa montre, repère illusoire et trompeur, la lumière, en clair obscur changeant, et le montage, minutieux, participent à l’élaboration de ce casse tête immersif, en font un pur objet de cinema capable de faire ressentir l’indicible vertige d’un homme qui s’égare ; on ne peut dire que bravo et merci 🖤🎬 #lecoeuretlaplume #cinema #thefather @florianzellerofficiel

6/1/2021, 11:24:04 PM

🖤🎬Garçon chiffon de Nicolas Maury: comédie existentielle mélancolique et d’une grande délicatesse, ce 1er long-métrage sensible et maîtrisé jongle habilement avec différents registres et, sous la forme d’un conte initiatique burlesque, brosse le portrait audacieux d’un clown triste et fébrile à la croisée des chemins (très jolie scène d’ouverture) : au cœur d’une crise personnelle, conjugale et professionnelle, Jérémie, la trentaine, fait face comme il peut; rongé par une jalousie envahissante et obsessionnelle, il finit par provoquer la colère de son compagnon alors même qu’il enchaîne les échecs professionnels; pour se réparer, il retourne chez sa mère dans son Limousin natal...🖤🎬C’est ce moment charnière d’errance existentielle que Nicolas Maury vient saisir et traduire avec une fantaisie subtile, très pertinente, qui, mêlant soigneusement légèreté et profondeur, embarque le spectateur dans un conte atypique, burlesque et poétique: du vaudeville au psychodrame en passant même (très très joli passage) par la comédie musicale à la Jacques Demy, Garçon Chiffon alterne les couleurs et les tons, dévoile la cruauté d’un métier sans pitié (scène avec Jean-Marc Barr) qui pousse certains dans leurs derniers retranchements (impayable Laure Calamy qu’on croirait tout droit échappée de La crise) et revendique avec style et bienveillance une vulnérabilité proprement désarmante🎬🖤Baigné d’un onirisme touchant de malice et de mélancolie, le film, quête initiatique cocasse et tendre, est à l’image de son protagoniste : singulier et complexe, en cela intriguant ; antihéros déphasé, Jérémie est en effet en souffrance permanente mais l’interprétation inspirée de Nicolas Maury parvient à le rendre exubérant sans qu’il ne tombe dans l’outrance, excentrique sans qu’il ne sombre dans la bouffonnerie, grotesque sans qu’il ne bascule dans le ridicule : parfois agaçant, Jérémie n’est jamais antipathique car son narcissisme est paradoxalement farouchement tourné vers les autres🎬🖤Auto fiction réjouissante et émouvante, Garçon Chiffon séduit par son style assumé, son autodérision et sa réelle bienveillance : une bien jolie surprise 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #garçonchiffon

5/30/2021, 12:24:29 AM

🖤🎬L’étreinte de Ludovic Bergery: 1er film délicat décrivant le retour à la vie chaotique d’une femme séduisante qui, au sortir d’une période de deuil, tente de se réapproprier ses désirs, ce récit intimiste d’une lente renaissance dresse le portrait mouvant d’une femme qui va vers l’autre, se perd et se retrouve: Margaux, la cinquantaine, s’installe près de Versailles, après la mort de son mari, reprend ses études de littérature allemande à la fac, et, mue par une soif de lien et d’amour, multiplie les rencontres décevantes, frustrantes voire menaçantes...🖤🎬Tourné en pellicule au plus près des visages, de la peau même, ce très beau film qui traite habilement du manque suit, sans céder au romanesque, la quête maladroite de cette femme égarée, sans les codes: laissant la part belle aux silences, le portrait vibrant qui se forme par superpositions d’états d’âmes et d’humeur, décline, dans cette période de transition existentielle, les errances, parfois dangereuses, d’un personnage bouleversant d’authenticité qui lutte avec ses fantômes🎬🖤Terriblement touchante, Emmanuelle Béart (très bien entourée) incarne toute en pudeur et en sensualité cette héroïne larguée qui vit sa solitude sans posture victimaire et fait front malgré la cruauté parfois violente de la réalité : tour à tour candide et vulnérable, farouchement décidée à ne pas renoncer à ses désirs, intacts, que réveillent brutalement les ébats insouciants des étudiants qu’elle fréquente ou le charme viril de son professeur, Margaux échappe à la mièvrerie des héroïnes romantiques par une sincérité parfois crue, assumée : lentement, instinctivement, guidée par la bienveillante amitié d’Aurélien (Vincent Dedienne parfait) perdue ou exaltée, à fleur de peau, toujours, Margaux sort de l’hiver et vient éclore au monde🎬🖤Par une construction en boucle (arrivée du train, départ du train) qui symbolise et délimite géographiquement cette période de flottement nécessaire, Ludovic Bergery signe un très beau portrait de femme à la croisée des chemins, dont l’évolution, dépouillée d’artifice, se teint d’une mélancolie magnifiée par l’espoir d’une prochaine et totale renaissance🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #letreinte

5/27/2021, 6:10:01 PM

🎬🖤Slalom de Charlene Favier : premier film troublant autant par son message que par sa grande maîtrise, ce drame intime aux allures de conte moderne glaçant et sombre inspiré de l’histoire personnelle de la cinéaste aborde avec audace le phénomène d’emprise psychologique dont l’environnement sportif sert surtout de contexte; à 15 ans, Liz intègre la section de ski-étude de Bourg Saint Maurice; bien décidée à relever le défi que représente cette opportunité, elle supporte les méthodes pour le moins directes de Fred, son entraîneur et, malgré quelques balbutiements, obtient les premières victoires qui nourrissent son ambition de championne autant que son besoin de reconnaissance; délaissée par sa mère qui tente de refaire sa vie, Liz s’investît davantage encore dans l’entraînement, galvanisée par le regard de Fred (Jeremie Renier parfait) qui panse ses blessures narcissiques... jusqu’au basculement🎬🖤Entièrement focalisée sur Liz (incroyable Noée Abita) l’histoire qui bifurque progressivement vers un face à face oppressant dénonce sans opposer bourreau et victime et déconstruit habilement jusqu’à son ambivalence et ses contradictions un processus complexe: Liz sait repousser par exemple les avances de son amie mais demeure sidérée sous l’assault violent de Fred qui, en tant qu’adulte, entraineur et homme, lui impose, sans jamais pourtant être réduit à son seul statut d’agresseur, son autorité, ses méthodes de travail et ses pulsions, très brutales 🎬🖤Un parti pris risqué qui questionne frontalement la notion de consentement : en prise avec ses propres désirs émergents (dévoyés par ceux de Fred), ses doutes, ses failles et son irrépressible angoisse d’être lâchée par son coach, Liz perd progressivement le contrôle de son corps.. 🎬🖤Thriller rouge sang, glacé et glaçant qui percute nos propres convictions, ce huis clos puissant et formellement très abouti (le traitement minutieux de l’image, de la lumière et du cadre mais aussi de la musique, écho tres organique, viscéral des émotions de Liz) dévoile avec puissance et courage l’indicible vertige d’une jeune adolescente qui a cessé de s’appartenir... ... à voir absolument 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #slalom

5/26/2021, 4:22:02 PM

🎬🖤Fahim de Pierre-François Martin-Laval : adapté du récit autobiographique Un roi clandestin, ce biopic émouvant raconte l’incroyable parcours du jeune Fahim, forcé de fuir son pays natal avec son père pour rejoindre Paris où, pendant de longs mois, sous la menace permanente d’une expulsion, sans maîtriser ni la langue ni les coutumes, il espère mener une vie meilleure; très doué pour les échecs, il apprend le français et prend des cours avec Sylvain, entraineur d’échecs, qui lui apprend l’exigence et la rigueur et lui permet de devenir champion de France 🎬🖤Animé d’une sincère souci de vérité, Pierre-François Martin-Laval s’appuie sur cette épopée moderne pour lever le voile, avec pudeur et empathie, sur les conditions d’accueil des migrants en France : via le personnage de Nura, le père de Fahim, qui, sans être un porte drapeau, incarne et humanise la figure souvent floue ou déformée du réfugié politique, le film pointe du doigt les lenteurs d’une administration surchargée, les pièges, parfois insoupçonnables, qui sont tendus (voir l’invraisemblable traducteur), les conditions de peur permanente, de précarité et d’extrême vulnérabilité dans lesquelles les sans-papiers menacés d’expulsion tentent de survivre 🖤🎬 L’histoire est captivante, racontée avec un réalisme qui évite judicieusement un romanesque inutile : posant un regard bienveillant, résolument humain, à la fois très pudique et tout à fait lucide sur une thématique difficile, le cinéaste propose une comédie sociale tendre et pleine d’espoir, portée par un casting solide, Assad Ahmed en tête ; le tendre et attachant tandem constitué par Gérard Depardieu qui prête sa délicatesse parfois bourrue et son humanité débordante à l’entraineur et Isabelle Nanty véritablement bouleversante, est aussi insolite qu’irrésistible 🎬🖤Refusant une mise en scène excessive et un pathos qui aurait nui au message engagé qu’il défend, le film, réaliste et documenté, drôle et terriblement émouvant, touche par sa grande sincérité et l’hommage qu’il rend aux anonymes dont la solidarité, parfois, crée des miracles : un beau film 🖤🎬 #leclapetlaplume #cinema #fahim

5/23/2021, 10:40:26 PM