đ€đ¶ Et voilà ⊠OrphĂ©e mâa de nouveau prise dans ses bras⊠Il est des rendez-vous plus doux que des rendez-vous amoureux⊠et câest tout sauf une histoire miĂšvre de groupie aveuglĂ©e ⊠Câest une histoire de rencontre, dâexigence jamais déçue, dâamour, certes, mais de reconnaissance, de sensibilitĂ© đ¶đ€ Il y a le rĂ©pertoire, le charme envoĂ»tant des textes, le gĂ©nie des compositions, la beautĂ© des arrangements et lâexcellence musicale, lâaudace des propositions sans cesse renouvelĂ©es et lâessentiel, toujours, farouchement conservĂ©: lâamour de la scĂšne quâon perçoit de quelque endroit de la salle, lâharmonie sur la scĂšne et avec le public, la joyeuse et mĂ©lancolique cĂ©lĂ©bration du monde⊠et il y a ces moments volĂ©s, uniques, irremplaçables oĂč, discrĂštement, on peut remercier lâartiste dâĂȘtre là ⊠Dans lâombre de la nuit, sous le nĂ©on fĂ©brile de la sortie des artistes⊠On tremble un peu mais pas de froid⊠On sourit malgrĂ© soi⊠On guette, on attend, on puise dans lâĂ©nergie quâon vient de recevoir, galvanisĂ© par une force qui ne sâattĂ©nue pas ⊠On se sent bien, empli dâun je ne sais quoi de vivifiant et de rassĂ©rĂ©nant, et, ainsi quâune fleur fragile qui vient de recevoir la pluie et la lumiĂšre, on sent son cĆur battre plus vite, plus fort, on lĂšve enfin la tĂȘte Ă©mue vers les Ă©toiles⊠đ¶đ€ On laisse aller le frisson, quoi quâon en dise irrĂ©pressibleâŠ. On laisse sâĂ©chapper tous les mots maladroits quâon avait pourtant soigneusement prĂ©parĂ©s⊠On se sent tout petit, gauche, fĂ©brile et maladroit⊠On redevient pudique et audacieux Ă la foisâŠOn balbutie merci âŠOn voudrait dire plus, dire mieux, dire fort ⊠Les yeux parlent pour nous⊠Puis une main solide se pose sur votre Ă©paule, une voix familiĂšre vous dit « nâayez pas froid », un visage se penche et, pour vous, prend la pause⊠quelque chose pour le cĆur qui fait du bien⊠VoilĂ âŠet comme Ă lâĂ©coute de ces Homeless songs qui savent si bien rĂ©chauffer nos pauvres homeless hearts, on se sent tout dâun coup rĂ©chauffĂ© et grandi, baignĂ© dâune tendresse chaleureuse et si simple⊠Une nouvelle fois OrphĂ©e mâa enveloppĂ© le cĆur⊠et mâa pris dans ses bras⊠quelques secondes⊠VoilĂ đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #stephaneicher @stephaneicher
đ€đ¶Jâaime Ă croire quâen tant que premier de tous les poĂštes, OrphĂ©e nâest jamais vraiment mortâŠđ¶đ€ Stephan Eicher, qui donnait Ă Zurich le clap de fin de sa si belle tournĂ©e Et voilĂ Chapitre 2 autour de son disque Ode et, dans le mĂȘme mouvement ininterrompu, lançait le coup dâenvoi dâune tournĂ©e exceptionnelle en hommage Ă Mani MatterâŠest sans doute des descendants ou des rĂ©incarnations du premier des poĂštes đ¶đ€ OrphĂ©e? Rien de moinsâŠNâa-t-il pas «effacĂ© son nom des portes de lâenfer»? Opposant Ă la violence assourdissante dâun monde Ă la dĂ©rive une lumineuse et douce respiration, il vient, de son chant envoĂ»tant aux accents pluriels, envelopper les Ăąmes pour les apaiser et les galvaniser dans le mĂȘme dĂ©licieux et irrĂ©sistible mouvement.. Hymne Ă la musique, Ă la vie, Ă lâĂ©phĂ©mĂšre communion dâune foule, il est lâantidote Ă lâabsurditĂ© terrible du monde⊠Humblement assis autour dâune immense table transformĂ©e en piano, lâartiste, qui a troquĂ© sa lyre envoĂ»tante pour une guitare, nous prend par la main, lâoreille et le cĆur, convoque les sirĂšnes Ă la harpe et des bons gĂ©nies au piano et Ă la guitare⊠Alors, faisant chĆur, faisant corps, lui qui sait si bien faire danser les mots sublimes de Philippe Djian rĂ©invente ses chansons, les recrĂ©Ă© avec ses complices dont les voix se mĂȘlent en une voix unique et universelle, qui les porte plus loin, plus haut, plus large⊠Câest quâil sâadresse Ă lâĂąme, quâil berce le cĆur, quâil enivre lâesprit : cĂ©lĂ©brant avec force la beautĂ© et lâespoir, il offre la poĂ©sie sensible de son chant, lâĂ©pure dĂ©licate, et lâĂ©nergie de ses crĂ©ations⊠đ€đ¶Vertige enivrant de retrouver cette voix amie, ces chants insaisissables et pĂ©nĂ©trants dont on ressort tout Ă la fois consolĂ© et furieusement vivant, les concerts de Stephan Eicher sont de vĂ©ritables parenthĂšses hors de lâeffroyable folie du monde, un refuge solide, hors du temps, de lâespace, oĂč tout nâest quâharmonie, pure joie et fĂȘte mĂ©lancolique, doux baratin et gĂ©nĂ©reuse communion đ¶đ€ Deux lettres Ă peine distinguent les mots «musicien» et «magicien»⊠Une Ă©vidence: OrphĂ©e nâest pas mort⊠đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #concert #etvoilĂ tour #lebonheurestdansleconcert @stephaneicher
đBirthday girlâŠđ Il parait que mon coeur est fragile⊠et que je dois me reposer⊠Il parait que je suis trop sensible⊠que je devrais me protĂ©ger⊠il parait que je suis trop⊠et parfois pas assez⊠il paraĂźt quâil y a des cadres, et quâil faudrait y rentrer⊠đ Je suis nĂ©e au printemps, dans la douceur fleurie dâun monde renaissant, qui nâĂ©tait quâendormi⊠dans la saison des maigres, fragiles racines, des parfums envoĂ»tants des lilas, des glycines⊠je connais lâimportance du temps, de la pluie, la fragile constance des fleurs, de la vie⊠jâaccepte le hasard qui rend certains robustes, solidement ancrĂ©s dans le sol et lâinjuste loterie de la vie, je comprends. Droit devant je regarde le ciel, dĂ©guste chaque instant⊠đ On me dit de freiner, dâĂȘtre plus raisonnable⊠de prendre soin de moi, sans trop tenter le diable : moi, je suis mon unique et bancale boussole, qui, comme un frĂȘle esquif tout prĂȘt Ă chavirer, refuse dâaccoster, de retrouver le sol, et me guide Ă lâinstinct depuis quelques annĂ©es⊠ce cĆur finalement qui me connait si bien que je nâĂ©coute plus que son rythme incertain: ses colĂšres tempĂ©tueuses, ses fous dĂ©bordements, des fatigues heureuses, ses tambours palpitants⊠et je suis le tempo anarchique et joyeux de mes enfants chĂ©ris, dont lâenthousiasme heureux toujours me rajeunit, mâattache encore un peu Ă ce monde insensĂ©, si beau, si monstrueuxâŠEt les yeux sillonnĂ©s de leurs Ă©clats de rire, je savoure et mâenivre au bonheur de vieillirđ Il parait que jâai le coeur fragile⊠il me semble Ă moi rĂ©sistant⊠il parait quâil est bien trop sensible⊠ni plus ni moins quâun cĆur vivant đ #lecoeuretlaplume #anniversaire #15avril
đ€đ CâĂ©tait la derniĂšre (provisoire) de Lâaudience est ouverte au ThĂ©Ăątre de la MichodiĂšre Ă Paris : certes, je ne pourrai pas dire que je nâen ai pas profitĂ© ; mais le pincement au cĆur est là ⊠mĂ©lange de reconnaissance et de nostalgie, dĂ©jà ⊠đ€đQue jâaime ce spectacle bouleversant, actuel, intense, vibrant⊠que jâaime sa pertinence, son courageux engagement, sa puissance et sa finesseâŠ! Que jâaime lâidĂ©e de rendre audibles, visibles, pĂ©rennes, au sein dâun thĂ©Ăątre oĂč ils demeurent oraux, paradoxalement fixĂ©s dans lâinstantanĂ© du spectacle, des mots qui, par essence, sâĂ©vaporent, Ă©phĂ©mĂšres, enfermĂ©s dans lâinstant et le huis clos secret des prĂ©toires⊠Que jâaime ces paroles qui interrogent, questionnent, Ă©crivent et font lâhistoire, ces voix humanistes, lumineuses, qui rĂ©sonnent, Ă travers celle de ce comĂ©dien immense, Ă la fois Ă©pique et dĂ©licat, romanesque, presque, dans sa fougue, sa sensibilitĂ© et son implicationâŠÂ«Â Je suis avocat. Ma robe est noire. Câest celle de la dĂ©fense. Jâen suis fier »⊠Lâavocat, câest celui qui, Ă©tymologiquement, prĂȘte sa voix Ă ceux quâil dĂ©fendâŠÂ A travers la voix unique de Richard Berry, les quatre plaidoiries de ce spectacle, qui sont lâĂ©cho de combats justes, fondamentaux, intemporels, si elles rĂ©sonnent dâune force terrible avec lâactualitĂ©, rassurent nĂ©anmoins, rĂ©parent, Ă©lĂšvent, et font jaillir la lumiĂšre et lâespoir⊠Il nâest pas un hasard que le spectacle magnifique sâachĂšve sur le mot HUMANITĂ, fil dâAriane scintillant dans le dĂ©dale si trouble de notre histoire⊠Que jâaime ce spectacle qui nâaurait pas volĂ© une ou deux rĂ©compenses⊠đđ€ Et que jâaime lâhumilitĂ© et la gentillesse de ces deux-lĂ , qui ont conçu ce si beau seul en scĂšne dont les voix, multiples, rĂ©sonnent longtemps aprĂšsâŠEric ThĂ©obald et Richard Berry, dont le talent est aussi beau et grand que lâĂ©motion quâils engendrent et la lumiĂšre quâils allument đđ€Merci Ă eux pour la photo souvenir, au photographe pour sa gentillesse et au thĂ©Ăątre de la MichodiĂšre (Jean-Philippe en particulier) pour leur accueil si bienveillant đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte #richardberry #erictheobald @richardberryofficiel @erictheobald2024 @michodiere
đ€đRichard Berry⊠Jâai dit dĂ©jĂ la force et lâimportance de son nouveau spectacle⊠Jâai dit comme il est beau et nĂ©cessaire⊠Jâai dit comme le choix des textes Ă©claire dans le mĂȘme temps mĂ©moire, prĂ©sent, avenir⊠Jâai dit comme lâĂ©motion, fil rouge rĂ©solument, viscĂ©ralement, pĂ©tri dâhumanitĂ©, irrigue la salle entiĂšre depuis lâĂąme du comĂ©dien jusquâau cĆur du public⊠Jâai dit lâintelligence de ce thĂ©Ăątre sensible, lâengagement courageux de cette proposition, la beautĂ© redoutable de sa mise en scĂšne⊠Jâai dit le soin, la minutie discrĂšte, dâEric Theobald, si lumineux capitaine de lâombre⊠Jâai dit lâexpĂ©rience inĂ©dite proposĂ©e au public, lâimmersion par lâimage, par les mots, par le Verbe, par la voixâŠChaque mot est dit avec un soin sensible, ressenti, semĂ© avec finesse, nuance, implication, et germe comme une graine dâhumanitĂ© dans lâesprit et le coeur âŠJâai tentĂ© de dire, de retranscrire tout ça⊠đđ€On compare souvent Richard Berry Ă un premier violon, Ă un Stradivarius⊠Ai-je dit mon admiration pour lâartiste, mon affection pour lâhomme? Oui, le jeu rigoureux, maĂźtrisĂ© et sensible est virtuose et bouleverse⊠chaque fois⊠Oui, la voix hypnotise⊠Oui, le regard captive⊠En athlĂšte, en artiste, le comĂ©dien connait son texte au souffle prĂšs, et pourtant chaque reprĂ©sentation nâest ni tout Ă fait la mĂȘme, ni tout Ă fait une autre⊠Câest la magie, unique, du spectacle vivant : ainsi quâun funambule, seul en scĂšne mais portant la voix de tant de monde, Richard Berry joue juste, Richard Berry joue vrai, impressionne et saisit⊠Tout entier au service du texte, impliquĂ©, investi, il impressionne par son si grand respect pour le public, par sa gĂ©nĂ©rositĂ© de jeu et son humilité⊠Ai-je dit ma chance, mon privilĂšge, mon bonheur de le connaĂźtre un peu et de lâaimer autant? đ€đ Richard Berry est pour quelques dates encore Ă la MichodiĂšre pour un spectacle immense, qui fait sens et lumiĂšre⊠avant une reprise quâon attend dĂ©jĂ avec impatience et bonheur⊠đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #rencontre #richardberry
đ€Â«Â Ce matin, la maison dâenfants juifs dâIzieu a Ă©tĂ© nettoyĂ©e. 41 enfants au total, ĂągĂ©s de 3 Ă 13 ans ont Ă©tĂ© capturĂ©s, le transport Ă Drancy aura lieu le 7 avril 1944. » Ce tĂ©lĂ©gramme glaçant est signĂ© Klaus Barbie⊠Les 44 enfants dâIzieu seront dĂ©portĂ©s Ă Drancy puis Ă Auschwitz ⊠Aucun dâentre eux ne reviendraâŠđ€ Symbole insoutenable de la cruautĂ© sans nom de Barbie, pur produit de la machine nazie dont il fut un des fonctionnaires les plus tristement zĂ©lĂ©s, ce tĂ©lĂ©gramme servira quelques annĂ©es plus tard aux Ă©poux Klarsfeld pour faire condamner Barbie devant la cour dâAssises du RhĂŽne, lors du premier procĂšs en France pour crime contre lâhumanitĂ©, oĂč retentira le 27 mai 1987, le cri dĂ©chirant de Sabine Zlatin, la directrice de lâĂ©cole* ⊠En quelques secondes, bouleversantes, dĂ©chirantes dâhumanitĂ©, Sabine Zlatin a pulvĂ©risĂ© la maigre dĂ©fense de Barbie, dĂ©montrĂ© le crime contre lâhumanitĂ© et dĂ©signĂ© lâhorreur innommable de lâantisĂ©mitisme⊠avant que Maitre Jakubowicz ne prenne la parole ⊠dans une plaidoirie fondamentale qui rĂ©sonne avec puissance comme un rĂ©quisitoire intemporel contre lâantisĂ©mitisme et un plaidoyer humaniste imparable que rĂ©sument les mots dâElie Wiesel « La solution finale nâest pas un crime dont lâhumanitĂ© toute entiĂšre devrait pour toujours se sentir coupable ; câest un crime contre les Juifs dont lâhumanitĂ© tout entiĂšre devrait se sentir victime »đ€ La rafle des enfants dâIzieu (dont jâai choisi de montrer les magnifiques dessins) a eu lieu au petit dĂ©jeuner, le matin du 6 avril 1944, il y a aujourdâhui 80 ans⊠comme ils sâapprĂȘtaient Ă passer Ă table, les enfants, -dont les parents, pour la plupart, avaient Ă©tĂ© dĂ©portĂ©s, dĂ©jĂ - ont vu surgir les troupes infĂąmes du Boucher de Lyon⊠đ€ CâĂ©tait il y a longtemps et câĂ©tait hier⊠Câest toujours hĂ©las si tristement dâactualité⊠đ€ On peut (oserai-je dire on doit?) entendre rĂ©sonner la voix de Sabine Zlatin au thĂ©Ăątre de la Michodiere⊠et celle de Maitre Jakubowicz, portĂ©e par Richard Berry, dont la justesse de jeu saisit le cĆur dâun public suspendu, chaque soir ⊠pour la mĂ©moire comme pour le prĂ©sentâŠđ€ #lecoeuretlaplume #memoire #shoah #izieu #richardberry @richardberryofficiel
đ€đ Spectacle engagĂ©, politique, au cĆur de lâhumain, Lâaudience est ouverte, seul en scĂšne magnifique, offre un moment de thĂ©Ăątre dâune grande puissance qui, par son dispositif immersif, place le public en position de jurĂ©, le happe et le plonge au cĆur dâaffaires judiciaires emblĂ©matiques, tremplins Ă des rĂ©flexions fondamentales : fruits dâun choix judicieux derriĂšre lequel on perçoit lâengagement personnel, intime, du comĂ©dien, ces plaidoiries, pourtant destinĂ©es Ă demeurer, dans le secret des prĂ©toires, invisibles et Ă©phĂ©mĂšres, sont rendues audibles et pĂ©rennes, grĂące au travail remarquable de contextualisation (images dâarchives, habillage sonore, Ă©clairageâŠ) et Ă lâimplication sans bornes de Richard Berry đđ€VĂ©ritables leçons dâhistoire dont le fil conducteur, lâinjustice, sâentrelace avec son indissociable corolaire, la soif de justice, ces monologues, incroyables trĂ©sors dâintelligence et de sensibilitĂ©, constituent un inestimable tĂ©moignage historique qui entre en resonance avec une force dĂ©routante avec une actualitĂ© qui pourrait nâĂȘtre quâeffroyable dans lâĂ©cho terrifiant quâelle nous renvoie de lâhistoire sans le jeu impeccable de Richard Berry, si gĂ©nĂ©reux cri de rĂ©sistance et dâhumanisme : que ce soit dans les mots de Maitre Labori qui, dĂ©fendant Zola et Ă travers lui Dreyfus, dĂ©noncent dĂ©jĂ un antisĂ©mitisme dĂ©chainĂ©, galvanisĂ© par lâaveuglement de lâopinion publique; que ce soit dans ceux, bouleversants, de Maitre Dupain qui vient laver lâhonneur bafouĂ© dâun mĂ©decin accusĂ© comme un vulgaire criminel pour avoir abrĂ©gĂ© les souffrances de patients condamnĂ©s; que ce soit dans lâironie grinçante et dans la fougue hugolienne de Maitre Molteni fustigeant lâinfĂąme dĂ©lit de solidaritĂ© ou dans les paroles, si dignes, de Maitre Jakubowicz convoquant, lors du procĂšs Barbie, le souvenir des enfants dâIzieu dont les visages sages, symboles des victimes de la Shoah, tendent un si triste miroir Ă ceux des victimes actuelles de la mĂȘme fureur destructrice, le jeu poignant de Richard Berry fait montre dâune justesse, dâune finesse et dâune prĂ©cision qui touche au cĆur, aux tripes, Ă lâĂąme⊠Immanquable ! đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte
đđ€Pour la derniĂšre plaidoirie de Lâaudience est ouverte, Richard Berry a choisi le texte, bouleversant, de Maitre Jakubowicz, avocat de la communautĂ© juive au procĂšs de Klaus Barbie devant la cour dâassises du RhĂŽne en juin 1987đ€đĂvĂšnement historique et juridique fondamental, le procĂšs, retentissant, premier procĂšs de crime contre lâhumanitĂ© aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, est filmĂ© grĂące Ă lâautorisation exceptionnelle de Robert Badinter, garde des sceaux de lâĂ©poque⊠107 tĂ©moins directs ou indirects sâexpriment devant le siĂšge que lâaccusĂ©, aprĂšs 40 ans dâexil en Bolivie, a lĂąchement dĂ©sertĂ©, et font entendre la voix des victimes, la voix de la vĂ©ritĂ©, la voix de la mĂ©moire qui rĂ©sonne dans la salle silencieuse du thĂ©Ăątre de la MichodiĂšre grĂące au formidable travail de recontextualisation dâEric ThĂ©obald: le public, immergĂ© dans les tĂ©moignages glaçants et bouleversants de dignitĂ©, devient tout Ă la fois contemporain du procĂšs et de lâĂ©poque oĂč sĂ©vissait le tortionnaire, monstre de cruautĂ© et fer de lance dâun antisĂ©mitisme sans limite, responsable de la chasse, de la torture et de la dĂ©portation de milliers de Juifs (rafle de la rue Sainte-Catherine, dernier convoi de Lyon et la rafle des 44 enfants dâIzieu, symbole absolu du crime contre lâhumanitĂ©) đđ€Plaidoyer humaniste Ă la mĂ©moire des victimes absentes, la plaidoirie de Maitre Jakubowicz revient sur la spĂ©cificitĂ© du martyr juif et, marquant la victoire sur lâindicible, sonne surtout comme un cri de vigilance pour les gĂ©nĂ©rations suivantes; il fallait la force et le courage infaillibles de Richard Berry, absolument magistral, pour porter la puissance, lâintelligence et la prĂ©cision de ce texte; sans dĂ©monstration, le comĂ©dien, prodigieux de fougue et de maĂźtrise, Ă©tonne par sa retenue, son humilitĂ© et sa gĂ©nĂ©rositĂ© ; rencontrant, hĂ©las, lâactualitĂ© avec une grande violence, la plaidoirie prend dans la voix, unique, de Richard Berry, des accents dĂ©chirants qui portent les mots de ce qui se voulait un «procĂšs pour lâavenir» comme un formidable et impressionnant cri de rĂ©sistance⊠Câest sublime đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #richardberry
đ€đPortĂ©e avec maestria par Richard Berry, la troisiĂšme plaidoirie de Lâaudience est ouverte suit le trĂšs beau fil rouge du spectacle, la lutte contre lâinjustice : prononcĂ© par Maitre FĂ©lix Molteni lors du concours de plaidoiries des Ă©lĂšves avocats de Caen en janvier 1998, le texte, sublimĂ© par la fougue unique du comĂ©dien au sommet de son art, est un plaidoyer poignant pour la solidaritĂ© qui conjugue une ironie grinçante et une colĂšre indignĂ©e dâautant plus bouleversante quâelle refuse de cĂ©der Ă un pathos facile, et fustige avec une implacable fermetĂ© lâinhumanitĂ© inouĂŻe avec laquelle Cedric Herrou, paysan vivant Ă la frontiĂšre franco-italienne, a Ă©tĂ© condamnĂ© malgrĂ© le dispositif dâimmunitĂ© humanitaire qui devait le protĂ©ger, Ă quatre mois de prison avec sursis et 1000⏠dâamende pour avoir portĂ© secours Ă des Ă©trangers en situation irrĂ©guliĂšreâŠđ€đ «On ne peut pas condamner un homme au seul motif quâil ait aider un autre homme Ă survivre» assĂšne lâavocat⊠Vibrante leçon dâhumanisme dans la lignĂ©e de celles dâHugo, la plaidoirie bouleverse par sa volontĂ© constante, opiniĂątre presque, de dĂ©construire lâinconcevable mĂ©canique et lâaveuglement volontaire, monstrueux, qui ont permis aux magistrats, niant une rĂ©alitĂ© insoutenable, dâinterprĂ©ter la loi Ă lâopposĂ© de lâintention de son lĂ©gislateur⊠En filigrane elle redonne aux rĂ©fugiĂ©s comme Ă ce hĂ©ros ordinaire leur dignitĂ© bafouĂ©e đ€đ LĂ encore, la mise en scĂšne dâEric Theobald, saisissante, vient chercher le public par le coeur et lâemmĂšne sur scĂšne oĂč Richard Berry, impĂ©rial, met lâinfinie palette de son jeu au service du texte et de cet homme dont le visage souriant et lumineux sâaffiche, immense, sous nos yeux Ă©mus: paysan citoyen qui se revendique lui-mĂȘme comme un militant politique (au sens premier et noble du terme) car concernĂ© par autrui, il sâimplique « nĂ©cessairement », sans autre boussole que sa farouche et brave libertĂ©, Cedric Herrou, qui oppose Ă lâinfĂąme dĂ©lit de solidaritĂ© dont on lâaccuse un admirable devoir de responsabilitĂ© civique et humaniste, vient sâinscrire «nĂ©cessairement » dans la lignĂ©e des Justes de notre histoireâŠđ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte #richardberry
đ€đAprĂšs la plaidoirie historique de Maitre Labori pour la dĂ©fense dâEmile Zola, Richard Berry, virtuose, aborde, dans Lâaudience est ouverte, le thĂšme dĂ©licat de la fin de vie via la plaidoirie magnifique de Maitre Arnaud Dupin, avocat du docteur Bonnemaison qui comparaissait, en 2014, devant la cour dâAssises de Pau : pour avoir abrĂ©gĂ© les souffrances de sept malades, le mĂ©decin urgentiste Ă©tait jugĂ© pour «empoisonnement» et encourrait la prison Ă vie; marquant un vĂ©ritable tournant dans le dĂ©bat sur la fin de vie, notamment en pointant les insuffisances de la loi Leonetti, le procĂšs aboutira Ă lâacquittementâŠđđ€ Câest sans doute la plus intime des plaidoiries de ce spectacle, et la plus universelleâŠRichard Berry, par la sobriĂ©tĂ© presque recueillie de la mise en scĂšne (le travail sur lâĂ©clairage est remarquable) devient ici le passeur dĂ©licat mais courageux dâune rĂ©flexion rĂ©solument sensible qui brise avec pudeur et luciditĂ© le tabou persistant de lâaccompagnement en fin de vie : puissant plaidoyer humaniste, le texte revendique sa volontĂ© de faire comprendre, au delĂ dâune surface trompeuse et trop confortable, lâintolĂ©rable rĂ©alitĂ© de la phase agonique des patients, ĂŽte les ĆillĂšres de lâauditoire sur les souffrances inhumaines imposĂ©es inutilement au malade comme Ă ses proches, sensibilise au dilemme oĂč elles placent le mĂ©decin et prĂŽne la mise en place dâune mĂ©decine qui soulage au lieu de sâacharner ou de fermer la porte⊠Refusant farouchement quâon considĂšre comme un criminel un homme qui, pour Ă©pargner ses patients nâa agi quâen soigneur, Maitre Dupin prend soin de nommer bien, de nommer juste, et de redonner au mĂ©decin et Ă ses malades leur humanitĂ© bafouĂ©eđ€đ Monologue poignant dont la voix vibrante et subtile de Richard Berry fait rĂ©sonner lâimparable force humaniste dans toute la salle, cette plaidoirie, Ă elle seule, mĂ©rite le dĂ©placement : le texte comme son interprĂ©tation, dâune bouleversante intelligence, sont, Ă lâimage de ce seul en scĂšne admirable, un manifeste puissant pour la solidaritĂ© et la dignitĂ©, qui provoque une Ă©motion collective, universelle, dâune grande et apaisante beautĂ©đđ€ #lecoeuretlaplume #laudienceestouverte #findevie
đ€đParmi les spectacles incontournables de ce dĂ©but dâannĂ©e, il en est un, citoyen, engagĂ©, militant mĂȘme, dont la puissance et la rĂ©sonance ne cesse de mâimpressionner : Lâaudience est ouverte, remarquablement mis en scĂšne par Eric Theobald et interprĂ©tĂ© avec maestria par Richard Berry, aborde quatre grandes affaires emblĂ©matiques du XXeme siĂšcle dont lâĂ©cho, aujourdâhui, souligne la dimension intemporelle⊠PremiĂšre plaidoirie, celle prononcĂ©e en fĂ©vrier 1898 devant la cour dâassises de la Seine par Maitre Fernand Labori pour la defense dâEmile Zola dans lâaffaire Dreyfus ouvre magnifiquement ce seul en scĂšne passionnant đ€đ Le 13 janvier 1898, deux jours aprĂšs lâacquittement inique dâEstherazy, Emile Zola, rĂ©vulsĂ© par une justice qui condamne un innocent aussi promptement quâelle acquitte un coupable, publie dans le journal LâAurore sa cĂ©lĂšbre lettre ouverte Ă FĂ©lix Faure⊠Cette litanie implacable en faveur du Capitaine Dreyfus provoque un vĂ©ritable sĂ©isme dans lâopinion publique et fait surtout basculer lâAffaire dâun tribunal militaire Ă un tribunal civil ; Zola, qui ne cache pas son intention dâĂȘtre traduit en justice, accomplit, comme le souligne son avocat, un acte rĂ©volutionnaire hĂ©roĂŻque et historique et met en lumiĂšres les intolĂ©rables failles du procĂšs Dreyfus, au prix de sa libertĂ© đ€đ Sur scĂšne, plus dâun siĂšcle plus tard, Richard Berry, magistral, porte la robe et les mots de Labori, avec, en filigrane, les figures bien prĂ©sentes de Zola et de Dreyfus; sublimĂ© par la mise en scĂšne qui fait la part belle au texte, Richard Berry, virtuose, raconte avec puissance le courage de Zola, face Ă un public suspendu : lors du rĂ©cit de la dĂ©gradation de Dreyfus, on perçoit dans la salle les souffles retenus, lâĂ©motion qui affleure et donne la chair de poule⊠Jâai rarement vu une telle intensitĂ© de jeu et une telle qualitĂ© dâĂ©coute dans le public⊠Câest Ă la Michodiere et câest plus que nĂ©cessaire : câest inestimable đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte #richardberry #zola #jaccuse
đ€ Dialogue autour de lâaffaire Dreyfus entre Jean Dytar, auteur de la bande dessinĂ©e #Jâaccuse et Philippe Oriol, historien spĂ©cialiste de lâAffaire et directeur de la Maison Zola MusĂ©e Dreyfus Ă MĂ©dan: organisĂ©e par lâassociation Lectures et Rencontres de Marly-le-Roi, cette confĂ©rence passionnante autour du traitement mĂ©diatique de lâaffaire Dreyfus sâappuie sur des documents iconographiques variĂ©s, dâune grande richesse, sur les connaissances Ă©rudites mais nĂ©anmoins tout Ă fait accessibles de lâhistorien qui ne compte pas son temps pour nourrir la rĂ©flexion dâanecdotes captivantes et enfin sur les extraits de lâincroyable livre hybride de Jean Dytar qui, formidablement conçu, mĂȘle les esthĂ©tiques et met en scĂšne de vĂ©ritables extraits de presse ou des tĂ©moignages dans des dispositifs formels inspirĂ©s de notre Ă©poque numĂ©rique (gravures de presse, dessins dâĂ©poques se mĂȘlent ainsi avec beaucoup de pertinence aux codes mĂ©diatiques contemporains comme les selfies, les tweets ou les gifs) đ€ Fort dâun travail de documentation impressionnant, Jean Dytar et Philippe Oriol reconstituent lâAffaire Ă travers son traitement dans la presse, mettent en perspective les dĂ©marches et les stratĂ©gies des Antidreyfusards et celles des Dreyfusards et questionnent le rĂŽle de la Presse dâopinion; les deux intervenants dĂ©cortiquent ainsi sous forme dâun dialogue improvisĂ©, les mĂ©caniques de ce scandale dâEtat quâils remettent en perspective avec beaucoup de passion, dâhumilitĂ© et dâintelligence đ€Au delĂ de lâAffaire, passionnante et emblĂ©matique, le dialogue ouvre une rĂ©flexion plus gĂ©nĂ©rale sur le rĂŽle et le poids des reprĂ©sentations mĂ©diatiques dans la description du rĂ©el mais aussi dans sa fabrication : apportant un nouvel Ă©clairage sur cette Affaire familiĂšre et pourtant encore aujourdâhui insondable, cette perspective inĂ©dite offre aussi un biais intĂ©ressant et lĂ encore passionnant pour Ă©clairer le prĂ©sentđ€ Une soirĂ©e enrichissante ! Un grand merci Ă @lecturesetrencontres et au @centrecultureljeanvilar pour lâaccueil chaleureux #lecoeuretlaplume #conference #dialogueautourdelaffairedreyfus #histoire #bandedessinee #artsgraphiques
đđ€Retour sur⊠Sylvain Tesson face au cosmos: de Platon Ă MallarmĂ©, deux millĂ©naires de poĂ©sie cosmique: spectacle inclassable oscillant entre la confĂ©rence philosophique et le seul en scĂšne, cette confĂ©rence thĂ©Ăątrale, ode formidable Ă la poĂ©sie conçue et animĂ©e par lâĂ©crivain voyageur, prend place en 2107, au sein de lâunitĂ© stĂ©rile Cosmopoche qui, Ă quelque 20 milliards de kilomĂštres de la Terre, rassemble, sur la planĂšte Esperanza, une petite sociĂ©tĂ© dâune petite centaine de personnes oubliĂ©es, sacrifiĂ©es, livrĂ©es Ă elles-mĂȘmes et Ă lâangoisse dâun vide galactique abyssal, mĂ©taphore vertigineuse de notre insignifiance et de notre solitude absolue⊠Dans sa combinaison bleu roi, Sylvain Tesson, conteur formidable, invite, embarque, emporte le public Ă une causerie philosophico-poĂ©tique qui conjugue Ă©rudition et humour, beautĂ© et intelligence, contemplation et rĂ©flexion: convoquant Platon, MallarmĂ©, PĂ©guy, Cioran, Baudelaire, Hugo, Rimbaud ou Pascal, il dĂ©fie lâespace et le temps pour rappeler Ă lâhomme sa vulnĂ©rabilitĂ© et le prĂ©cieux miracle de la vieâŠđđ€ En fond de scĂšne, dans lâĂ©crin unique du thĂ©Ăątre de Poche, derriĂšre un immense hublot, dĂ©file lâunivers, sublime paysage se modifiant lentement au grĂ© du monologueâŠCraindre le cosmos Ă©crasant comme Platon ? Sâen inspirer, galvanisĂ© par la rĂ©plique, dans le moindre dĂ©tail de la crĂ©ation, de son organisation, comme MallarmĂ©? Couvercle ou miroir, le cosmos fascine et inspire: le verbe, le vers, la poĂ©sie, consciente et dĂ©tachĂ©e, dĂ©sireuse et humble, vient comme une Ă©vidence rĂ©concilier les hommes avec lâindicible vertige de sa misĂ©rable et grandiose condition : Sylvain Tesson dont lâoeil dâun bleu lucide et pertinent reflĂšte Ă©trangement le mystĂšre dâun monde qui nous ignore et nous appelle dans le meme mouvement, est un guide prĂ©cis, exigeant et accessible; il conclut par ces mots: « Moi, jâai aimĂ© le cosmos, je lâai craint. Il mâa Ă©crasĂ© puis inspirĂ©. Parfois en mĂȘme temps. » ⊠Admirable et passionnant, un divertissement dâune grande intelligence, Ă ne pas manquerđ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #philosophie #poesie #sylvaintesson #sylvaintessonfaceaucosmos Credit photo : photo 2 et 3 Sebastien Toubon
#Repost @agnes_le_coeur_et_la_plume with @use.repost ă»ă»ă» đ€đ Un prince pose ses valises sans attache Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es: dans ce sublime seul en scĂšne magnifiquement Ă©crit par Emilie FrĂšche Sami Boujila, absolument impĂ©rial, raconte dans un bouleversant monologue en trompe lâĆil lâextraordinaire pouvoir de la poĂ©sie et du rĂȘve, la puissance indĂ©fectible du lien filial, et la douleur inguĂ©rissable du dĂ©racinement Ă travers le rĂ©cit entremĂȘlĂ© des parcours contrariĂ©s dâun pĂšre et de son fils, ouvriers dâorigine algĂ©rienne incarnĂ©s tour Ă tour par le comĂ©dien, dans un entrelacement poignant đ€đ Dans ce spectacle Ă la fois exigeant et accessible, fable cruelle, sensible et poĂ©tique mĂȘlant au sein dâune errance immobile les parcours intimes et leur dimension sociale, les mĂ©moires se confondent et sâentrelacent⊠Alors que le jeu des lumiĂšres Ă©pouse subtilement ses Ă©motions, Sami Bouajila, captivant , investit ce texte, labyrinthe temporel et psychique dĂ©chirant, habilement dĂ©cousu; il jongle avec les mĂ©moires et les histoires respectives des personnages et Ă©volue sur scĂšne comme un funambule habile, passant dâune voix narrative Ă lâautre, dâune temporalitĂ© Ă lâautre, dâune Ă©motion Ă lâautre avec une maĂźtrise et une sensibilitĂ© impressionnantes; philosophe burlesque, naĂŻf et contemplatif, clown tragique broyĂ© par une Ă©conomie absurde et une sociĂ©tĂ© inhumaine, le personnage sâextasie depuis la pĂ©riphĂ©rie dâune ville qui ne veut plus de lui sur les champs dâarganiers qui ont bercĂ© son enfance Ă travers la mĂ©moire fantasmĂ©e de son pĂšre, bĂ©quille autant que fardeau, et rĂšgne en prince dĂ©chu, sublime et grotesque, rĂ©solument libre, au moins dans son esprit et dans son cĆur⊠đ€đ Il est rare de pouvoir observer une telle alchimie entre le texte, magnifique, rude, poĂ©tique, la mise en scĂšne, Ă©purĂ©e mais minutieusement pensĂ©e et lâinterprĂ©tation, tout Ă la fois physique (incroyable travail sur le corps) et sensibleâŠImmanquable privilĂšge que de voir Ă©voluer un acteur de cette dimension et de cette gĂ©nĂ©rositĂ© : foncez đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #unprince
đ€đ Un prince pose ses valises sans attache Ă la ComĂ©die des Champs-ĂlysĂ©es: dans ce sublime seul en scĂšne magnifiquement Ă©crit par Emilie FrĂšche Sami Boujila, absolument impĂ©rial, raconte dans un bouleversant monologue en trompe lâĆil lâextraordinaire pouvoir de la poĂ©sie et du rĂȘve, la puissance indĂ©fectible du lien filial, et la douleur inguĂ©rissable du dĂ©racinement Ă travers le rĂ©cit entremĂȘlĂ© des parcours contrariĂ©s dâun pĂšre et de son fils, ouvriers dâorigine algĂ©rienne incarnĂ©s tour Ă tour par le comĂ©dien, dans un entrelacement poignant đ€đ Dans ce spectacle Ă la fois exigeant et accessible, fable cruelle, sensible et poĂ©tique mĂȘlant au sein dâune errance immobile les parcours intimes et leur dimension sociale, les mĂ©moires se confondent et sâentrelacent⊠Alors que le jeu des lumiĂšres Ă©pouse subtilement ses Ă©motions, Sami Bouajila, captivant , investit ce texte, labyrinthe temporel et psychique dĂ©chirant, habilement dĂ©cousu; il jongle avec les mĂ©moires et les histoires respectives des personnages et Ă©volue sur scĂšne comme un funambule habile, passant dâune voix narrative Ă lâautre, dâune temporalitĂ© Ă lâautre, dâune Ă©motion Ă lâautre avec une maĂźtrise et une sensibilitĂ© impressionnantes; philosophe burlesque, naĂŻf et contemplatif, clown tragique broyĂ© par une Ă©conomie absurde et une sociĂ©tĂ© inhumaine, le personnage sâextasie depuis la pĂ©riphĂ©rie dâune ville qui ne veut plus de lui sur les champs dâarganiers qui ont bercĂ© son enfance Ă travers la mĂ©moire fantasmĂ©e de son pĂšre, bĂ©quille autant que fardeau, et rĂšgne en prince dĂ©chu, sublime et grotesque, rĂ©solument libre, au moins dans son esprit et dans son cĆur⊠đ€đ Il est rare de pouvoir observer une telle alchimie entre le texte, magnifique, rude, poĂ©tique, la mise en scĂšne, Ă©purĂ©e mais minutieusement pensĂ©e et lâinterprĂ©tation, tout Ă la fois physique (incroyable travail sur le corps) et sensibleâŠImmanquable privilĂšge que de voir Ă©voluer un acteur de cette dimension et de cette gĂ©nĂ©rositĂ© : foncez đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #unprince
đ€ đŹRetour sur Annie ColĂšre de Blandine Lenoir: drame social engagĂ© et lumineux, ce film choral fort documentĂ© rend compte avec un didactisme assumĂ© et bienvenu (thĂšse de Lucille Ruault Ă lâappui) de lâaction invisibilisĂ©e, oubliĂ©e et pourtant fondamentale du MLAC (Mouvement pour la LibertĂ© et la Contraception) ; se doublant dâun rĂ©cit initiatique juste et Ă©mouvant Ă travers le portrait trĂšs attachant de son hĂ©roĂŻne, qui, Ă la suite de son avortement, devient militante et se dĂ©couvre, le film, rĂ©cit dâune douce mais irrĂ©pressible mĂ©tamorphose, mĂȘle harmonieusement intime et politique : ouvriĂšre et Ă©pouse soumise Annie, dĂ©jĂ mĂšre de deux enfants, tombe accidentellement enceinte et, cherchant une solution, pousse la porte du MLAC, rĂ©seau dâactivistes bĂ©nĂ©voles qui, en rĂ©action aux dĂ©cĂšs provoquĂ©s par des avortements clandestins pratiquaient et diffusaient gratuitement la mĂ©thode Karman (par aspiration)⊠đŹđ€ Outre lâinterprĂ©tation infaillible de lâensemble du casting, Laure Calamy en tĂȘte, le film sĂ©duit par sa narration intelligente dĂ©crivant Ă travers le regard novice et le parcours de son hĂ©roĂŻne le fonctionnement dâun mouvement capital dont lâaction, illĂ©gale mais pas clandestine, a fait bouger les lignes et rendu possibles les lois Veil đ€đŹĂvitant les scĂšnes dâavortement sordides (ni solitude, ni sang, ni peur) la cinĂ©aste filme la force du collectif et de la transmission (chansons et dialogues accompagnent les actes effectuĂ©s par des professionnels qui soulagent sans terrifier) et retranscrit la lutte et lâincroyable solidaritĂ© de ces femmes, issues de tous milieux sociaux, qui sâentraident, se soutiennent et bouleversent le destin dâAnnie đŹđ€ MĂȘlant habilement lâintime et le politique, le film, rĂ©cit dâĂ©mancipation et photographie dâune Ă©poque charniĂšre, est Ă voir en complĂ©ment, non en contrepoint, de LâĂ©vĂ©nement dâAudrey Diwan, adaptĂ© du rĂ©cit autobiographique dâAnnie Ernaux: versant collectif, fĂ©ministe et solaire de lâhistoire de lâavortement en France, il salue lâengagement sans faille dâhommes et de femmes qui ont oeuvrĂ© et contribuĂ© au changement de la sociĂ©tĂ©: un film solaire, nĂ©cessaire et beau đ€đŹ #lecoeuretlaplume #cinema #annicolere
đ€ đŹRetour sur Annie ColĂšre de Blandine Lenoir: drame social engagĂ© et lumineux, ce film choral fort documentĂ© rend compte avec un didactisme assumĂ© et bienvenu (thĂšse de Lucille Ruault Ă lâappui) de lâaction invisibilisĂ©e, oubliĂ©e et pourtant fondamentale du MLAC (Mouvement pour la LibertĂ© et la Contraception) ; se doublant dâun rĂ©cit initiatique juste et Ă©mouvant Ă travers le portrait trĂšs attachant de son hĂ©roĂŻne, qui, Ă la suite de son avortement, devient militante et se dĂ©couvre, le film, rĂ©cit dâune douce mais irrĂ©pressible mĂ©tamorphose, mĂȘle harmonieusement intime et politique : ouvriĂšre et Ă©pouse soumise Annie, dĂ©jĂ mĂšre de deux enfants, tombe accidentellement enceinte et, cherchant une solution, pousse la porte du MLAC, rĂ©seau dâactivistes bĂ©nĂ©voles qui, en rĂ©action aux dĂ©cĂšs provoquĂ©s par des avortements clandestins pratiquaient et diffusaient gratuitement la mĂ©thode Karman (par aspiration)⊠đŹđ€ Outre lâinterprĂ©tation infaillible de lâensemble du casting, Laure Calamy en tĂȘte, le film sĂ©duit par sa narration intelligente dĂ©crivant Ă travers le regard novice et le parcours de son hĂ©roĂŻne le fonctionnement dâun mouvement capital dont lâaction, illĂ©gale mais pas clandestine, a fait bouger les lignes et rendu possibles les lois Veil đ€đŹĂvitant les scĂšnes dâavortement sordides (ni solitude, ni sang, ni peur) la cinĂ©aste filme la force du collectif et de la transmission (chansons et dialogues accompagnent les actes effectuĂ©s par des professionnels qui soulagent sans terrifier) et retranscrit la lutte et lâincroyable solidaritĂ© de ces femmes, issues de tous milieux sociaux, qui sâentraident, se soutiennent et bouleversent le destin dâAnnie đŹđ€ MĂȘlant habilement lâintime et le politique, le film, rĂ©cit dâĂ©mancipation et photographie dâune Ă©poque charniĂšre, est Ă voir en complĂ©ment, non en contrepoint, de LâĂ©vĂ©nement dâAudrey Diwan, adaptĂ© du rĂ©cit autobiographique dâAnnie Ernaux: versant collectif, fĂ©ministe et solaire de lâhistoire de lâavortement en France, il salue lâengagement sans faille dâhommes et de femmes qui ont oeuvrĂ© et contribuĂ© au changement de la sociĂ©tĂ©: un film solaire, nĂ©cessaire et beau đ€đŹ #lecoeuretlaplume #cinema #anniecolĂšre
đ€đLâĂ©vĂ©nement au ThĂ©Ăątre de lâAtelier: seul en scĂšne saisissant, organique, adaptĂ© du rĂ©cit autobiographique dâAnnie Ernaux, ce monologue inestimable, brut et dĂ©rangeant mais fondamental, est portĂ© avec une maitrise exceptionnelle par Mariane Basler, qui signe Ă©galement la mise en scĂšne: dans un dĂ©cor qui frappe par son Ă©pure totale, lâespace scĂ©nique Ă©tant rĂ©duit Ă une table et une chaise sombres, la comĂ©dienne, stupĂ©fiante de retenue et de justesse, capte instantanĂ©ment et durablement le public, suspendu Ă ce tĂ©moignage clinique, sans fard, dâun de ces avortements clandestins auxquels Ă©taient rĂ©duites les femmes dans la France patriarcale et bourgeoise du dĂ©but des annĂ©es 1960: totalement dĂ©nuĂ© de pathos, le texte, qui retrace avec une prĂ©cision chirurgicale la chronologie terrible de cette grossesse non dĂ©sirĂ©e, ce choix, assumĂ© et portĂ© avec tĂ©nacitĂ© jusquâĂ une faiseuse dâanges de la rue Cardinet, dâavorter en dĂ©pit de la loi, du tabou, du danger et de la rĂ©probation sociale, rĂ©sonne sur scĂšne avec une intensitĂ© renforcĂ©e par lâactualitĂ©đđ€InterprĂšte captivante dâAnnie Ernaux, elle mĂȘme porte-parole dâune gĂ©nĂ©ration, Marianne Basler, dont la ressemblance avec lâĂ©crivaine est presque dĂ©stabilisante, adopte un ton monocorde qui renvoie Ă lâĂ©criture mĂȘme : dans lâobscuritĂ© du dĂ©cor et des vĂȘtements, son visage, sa chevelure et sa voix claire portent une parole crue, fulgurante de prĂ©cision et rayonnante de luciditĂ© : il sâagit de raconter sans dramatiser, scrutant lâexpĂ©rience intime dâune jeune femme qui avorte dans des conditions indicibles et dĂ©crivant la rĂ©alitĂ© sociale dans laquelle cette expĂ©rience sâinscrit ; jamais lâavortement nâest Ă©voquĂ© sous le prisme de la honte ou de la culpabilitĂ©, encore moins du regret, mais comme une Ă©preuve douloureuse, une nĂ©cessitĂ© et un soulagementđ€đImpressionnante (au sens premier du terme) Marianne Basler, remarquable, investit la scĂšne comme un lieu presque sacrĂ© de transmission, de mĂ©moire et de rĂ©flexion; portant haut et ferme ce texte indispensable, appel universel au droit des femmes Ă disposer librement de leur corps, elle offre un moment de thĂ©Ăątre dâune force raređ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #lĂ©vĂšnement
đ€ «Les femmes se font avorter au risque de leur vie, il me semble que câest savoir ce quâon veut Ă ce moment-là » Delphine Seyrig 1972 đ€Â «Voulez-vous contraindre les femmes Ă donner la vie par Ă©chec, par erreur, par oubli ?» ; «ComparaĂźtre devant vous. Nâest-ce pas dĂ©jĂ le signe le plus certain de notre oppression ? (âŠ) Regardez-vous et regardez-nous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes⊠Et pour parler de quoi ? De sondes, dâutĂ©rus, de ventres, de grossesses, et dâavortements !...» Maitre GisĂšle Halimi ProcĂšs de Bobigny đ€Â«Je voudrais vous faire partager une conviction de femmes. Je mâexcuse de le faire devant une AssemblĂ©e constituĂ©e quasi exclusivement dâhommes : aucune femme ne recourt de gaietĂ© de cĆur Ă lâavortement. Il suffit dâĂ©couter les femmes.» Simone Veil 1974 devant lâAssemblĂ©e nationale đ€Â «Elle Ă©tait partout. Dans les euphĂ©mismes et les litotes de mon agenda, les yeux protubĂ©rants de Jean T., les mariages dits forcĂ©s, Les Parapluies de Cherbourg, la honte de celles qui avortaient et la rĂ©probation des autres. Dans lâimpossibilitĂ© absolue dâimaginer quâun jour les femmes puissent dĂ©cider dâavorter librement. Et, comme dâhabitude, il Ă©tait impossible de dĂ©terminer si lâavortement Ă©tait interdit parce que câĂ©tait mal, ou si câĂ©tait mal parce que câĂ©tait interdit. On jugeait par rapport Ă la loi, on ne jugeait pas la loi.» Annie Ernaux, LâĂ©vĂ©nement, 2000 đ€InĂ©vitablement, les visages de ces femmes pionniĂšres ressurgissent et derriĂšre elles, les innombrables artisans guerriers de lâombre, de la MLAC au Planning familial en passant par ces mĂ©decins sciemment hors-la-loi et ces « faiseuses dâange » qui ont oeuvrĂ© au pĂ©ril de leur vie pour que les femmes puissent se rĂ©approprier leur corps ⊠En votant la « LibertĂ© garantie Ă la femme dâavoir recours Ă lâInterruption Volontaire de Grossesse » la France consacre aujourdâhui une immense victoire fĂ©ministe, humaniste, qui reconnaĂźt, garantit et sacre le droit absolu des femmes de disposer seules de leur corps : ENFIN đ€ #lecoeuretlaplume #feminisme #droitalavortement #simoneveil #delphineseyrig #giselehalimi #annieernaux #ivg #droitdesfemmes #4mars
đ€ Croiser lâĂ©lĂ©gance, au sortir dâun des trois concerts que donnait, cette semaine Stephan Eicher Ă lâOlympia⊠Oser aborder cet homme si beau, si grand, si pertinent⊠Bredouiller quelques mots ridiculesâŠSourire⊠Prendre la pause pour ĂȘtre sĂ»re de nâavoir pas rĂȘvé⊠đ€ Merci Antoine de Caunes pour le clichĂ© souvenir Merci Valerie et Stephane pour lâimpulsion Merci mon fils pour le soin de cette photo #lecoeuretlaplume #rencontre
đ¶đ€ 29 fĂ©vrier⊠jour bonus⊠jour en plus⊠Lâimpression illusoire de vieillir un peu moins vite⊠de prolonger le temps⊠de ralentir⊠un peu ⊠Cette annĂ©e, un tour de piste supplĂ©mentaire dans lâunivers de Stephan Eicher⊠encore⊠toujours⊠đ¶đ€ Ambiance Ă©lectrique et dĂ©licate, Ă lâimage du plus français des chanteurs suisses ⊠ou du plus suisse des artistes français⊠qui a dĂ©cidĂ©ment le chic pour sâentourer des meilleurs⊠GalvanisĂ©, le public est touchĂ© en plein cĆur par lâassurance dĂ©sinvolte du Dâartagnan dâHelvetie, interprĂšte hypersensible et musicien virtuose, par le sourire complice si contagieux de Simon le jurassien, par les arrangements Ă©tourdissants de Reyn et par la grĂące enchanteresse de Noemi, Ă la harpe Ă©lectrique⊠ParenthĂšse hors du monde, les concerts de Stephan Eicher sont, comme disait Verlaine, ni tout Ă fait les mĂȘmes ni tout Ă fait autres : joyeux mĂ©lange de couleurs et de notes, de lumiĂšres et de mots, ils ramĂšnent sans nostalgie inutile, prĂšs de trente ans en arriĂšre, oĂč tout a commencĂ© pour ne jamais sâarrĂȘter⊠đ¶đ€ PrivilĂšge de pouvoir admirer cet artiste de prĂšs, accompagnĂ©e, chaque soir, dâun de mes fils chĂ©ris ⊠Bonheur de me sentir grandie, gonflĂ©e dâune Ă©nergie rassĂ©rĂ©nante, belle⊠dâune envie folle, indestructible ⊠đ¶đ€ Replonger, pour cette journĂ©e offerte, en rab, malgrĂ© la pluie, dans la douce folie de cet artiste unique qui sait rappeler Ă ceux qui suivent son sillage, Ă quel point il fait bon, chaud et doux au creux de sa musique⊠đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #stephaneicher #musique #concert #lebonheurestdansleconcert #etvoilĂ #etvoilĂ tour @stephaneicher @reynmusician @noemi_von_felten @olympiahall
đ€đ¶ Stephan Eicher⊠Et voilĂ tour⊠Olympia⊠đ¶đ€Voyage dans le temps, voyage hors du temps⊠LâArtiste qui se fait passer pour un magicien amateur alors quâil est capable de charmer toute une salle dĂšs son entrĂ©e en scĂšne (inoubliable solo masquĂ© en premiĂšre partie, devant le rideau rouge fermĂ©) embarque avec un gĂ©nie qui le dispute Ă son humilitĂ© un public fidĂšle et exigeant qui sait savourer chacune de ses interprĂ©tations đ€đ¶ Aussi poĂ©tique quâespiĂšgle et fĂ©erique, la mise en scĂšne habille chacune des chansons avec une intelligence et une sensibilitĂ© qui font Ă©cho au talent, immense, des musiciens dont on perçoit le plaisir Ă©vident : intime et grandiose, simple et minutieux, le spectacle est une ode au partage, Ă la vie, Ă la musiqueâŠđ¶đ€Compositeur et musicien surdouĂ©, Stephan Eicher salue la poĂ©sie de son parolier attitrĂ© dont il sait si bien sublimer chaque mot⊠LâĂ©lĂ©gance absolue dâun roi humble, dĂ©licieusement perchĂ©, redoutable de prĂ©cision et de technique, rayonnant de plaisir, de malice et de gĂ©nĂ©rosité⊠Soucieux Ă lâextrĂȘme de son public, il donne, envoie, inonde⊠rĂ©veille tendrement nos esprits fatiguĂ©s, enveloppe dâune douce chaleur nos coeurs si abimĂ©s, Ă©lectrise sans les bousculer nos corps usĂ©s⊠Un vĂ©ritable enchantement, sans cesse renouvelĂ©đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #musique #concert #lebonheurestdansleconcert #etvoilĂ #etvoilĂ tour @stephaneicher @reynmusician @noemi_von_felten @olympiahall
đ€đ¶Dâabord, il y a deux ou trois notes qui Ă©voquent, immĂ©diatement, une mĂ©lodie familiĂšre⊠puis vient la voix, si singuliĂšre, unique, instantanĂ©ment reconnaissableâŠchaude, puissante, douce, dont le timbre et lâaccent, irrĂ©sistibles, enveloppent, envoĂ»tent, emportent⊠Hypnotique, Stephan Eicher se renouvelle, se rĂ©invente, se bonifie Ă chaque concert : câest beau, inventif, gĂ©nĂ©reux, spectaculaire, impressionnant, poĂ©tique et pertinent, intimiste et chaleureux, rassĂ©rĂ©nant⊠đ€đ¶Il y a la puissance, sensible, physique, viscĂ©rale dâun rĂ©pertoire Ă©tourdissant de beautĂ© quâon sent ancrĂ© dans la chair de nos mĂ©moires Ă©mues, les compositions sublimes de lâartiste et les paroles admirables dâun certain Philippe Djian fonctionnant dans une indicible et imparable alchimie comme un redoutable et inaltĂ©rable philtre magique đ¶đ€Autour, le talent infini et le plaisir manifeste des musiciens (fabuleux Reyn, Simon, Noemi), et un public conquis qui retombe amoureux⊠encore⊠toujours⊠et qui vole, extatique, ainsi quâun papillon happĂ© par un astre incandescent ⊠đ¶đ€Enchanteur, fascinant, magnĂ©tique des premiĂšres notes dâun Zorro en solo, espiĂšgle, fĂ©brile mais redoutable, aux derniĂšres, phĂ©nomĂ©nales, Stephan Eicher, avec une pudeur sereine et amusĂ©e dâune prodigieuse Ă©lĂ©gance savoure lâĂ©change ultime, irradie, et en bon Capitaine, emporte, enflamme, exalte, au-delĂ des notes, au-delĂ des mots ⊠đ€đ¶ Et voilĂ tourâŠStephan Eicher⊠Olympia 2024⊠đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #musique #concert #lebonheurestdansleconcert #etvoilĂ #etvoilĂ tour @stephaneicher @reynmusician @noemi_von_felten @olympiahall
đ€La douceur dâune voix Ă©mue, vacillante mais posĂ©e, Ă la diction parfaite ⊠La puissance des mots justes, rĂ©flĂ©chis, pesĂ©s et assumĂ©s, assĂ©nĂ©s sans colĂšre⊠La force dĂ©sarmante dâun regard qui nâa pas peur de regarder et dire la vĂ©ritĂ©, qui fixe le monde, serein, vulnĂ©rable et invincible, lumineux et orageux, qui questionne, interpelle, bouscule sans agresser⊠Le charme dâune guerriĂšre dĂ©licate, dâune combattante sage, dâune amazone indestructible⊠đ€ La beautĂ© dâun visage qui sâillumine soudain dâun de ces sourires pudiques mais transparents, quâon devine avoir longtemps voyagĂ© dans des abĂźmes de souffrance, de larmes, de dĂ©sespoir, et qui remonte enfin vers la vie, Ă la surface⊠Un sourire rĂ©silient qui dit sans rougir que la rĂ©silience nâexiste pas, ou si peu⊠et qui passe le tĂ©moin avec Ă©lĂ©gance : « OĂč ĂȘtes-vous ? Que dites-vous ? »đ€ Le calme des vraies tempĂȘtes, dâune colĂšre saine, active, et qui nâest corrompue ni par la haine ni par la vengeance : « Il Ă©tait que, cette fois, ça ne se passera pas comme ça, pas comme les autres fois. » ⊠La parole nĂ©cessaire dâune femme qui parle au nom des femmes, dâune victime qui dit haut et clair au nom des victimes⊠et qui, piĂ©tinant lâindiffĂ©rence complice dâun systĂšme quâon exige rĂ©volu, ouvre la porte, la voie, dâun monde nouveau possible⊠collectif et juste, sain, beau, harmonieuxâŠJudith ⊠Je dis⊠sans crier, sans flĂ©chir, sans dĂ©border⊠qui exhorte Ă la musique, Ă une autre partition⊠đ€ La beautĂ© bouleversante dâune hĂ©roĂŻne ordinaire dont le visage dĂ©terminĂ© et souriant porte la voix des autres autant que la sienne⊠« Mon passĂ©, câest aussi le prĂ©sent des deux mille personnes »⊠Une hĂ©roĂŻne ordinaire, unique, aux mille et un visages, « AprĂšs tout, moi aussi, je suis une foule», dont le discours poignant, puissant appel de responsabilitĂ© collective et vĂ©ritable exemple de courage, dâintelligence et de sensibilitĂ©, touche, bouscule, rĂ©sonne⊠et doit faire acte đ€ #lecoeuretlaplume #cinema #judithgodreche
đ€đ¶Retour sur⊠Jane Birkin by friends Ă lâOlympia: reprise exceptionnelle hier soir, Ă lâinitiative dâEtienne Daho et de Jean-Yves PiĂ©rot, du dernier concert de Jane Birkin Oh ! pardon tu dormaisâŠrebaptisĂ© Jane by friends Ă la date mĂȘme oĂč lâartiste tant regrettĂ©e devait sây produire⊠Autour de Charlotte Gainsbourg et Lou Doillon, toutes deux merveilleuses, et des musiciens de Jane (Jean-Louis PiĂ©rot, François Poggio, Marcello Giuliani Colin Russeil ) 23 artistes, amis de Jane, autant de reprises de ses chansons, dans une mise en scĂšne sobre et une ambiance chaleureuse pour clĂŽturer par un hommage familial cette tournĂ©e inachevĂ©e de la chanteuse britannique disparue en juillet dernier : mĂȘme set list, mĂȘmes arrangements, mĂȘme mise en scĂšne signĂ©e Daho mais dans les pas de la chanteuse omniprĂ©sente, ses amis proches, intimes, prĂ©cieux : Marion Cotillard, Etienne Daho et Fanny Ardant, Beth Gibbons, Miossec, Matthieu Chedid, Thomas Dutronc, Eddy de Pretto, Vanessa Paradis, Sandrine Kiberlain, Arthur H, Dominique A, Carla Bruni, Catherine Ringer, Adl al Malik, Keren Ann⊠đ€đ¶ Une soirĂ©e Ă©mouvante et sobre, toute en retenue pour cĂ©lĂ©brer lâicĂŽne donc le doux regard plane, dans la salle, et dont la voix flotte encore, derriĂšre chaque note⊠đ€đ¶Je nâai pas publiĂ© en juillet, au moment de la disparition de Jane Birkin⊠ĂgoĂŻstement, je nâai pas lâimpression quâelle soit tout Ă fait partie⊠Ses chansons mâaccompagnent, rĂ©guliĂšrement, depuis longtemps⊠Mais ce concert, hommage trĂšs Ă©lĂ©gant Ă une icĂŽne unique, est lâoccasion pour moi de saluer la beautĂ© dâun regard, la classe et la douceur dâune voix inimitable, aux textes et aux mĂ©lodies si particuliĂšres, qui hantent gentiment lâesprit le concert terminĂ©âŠet qui perdurent si joliment, de façon vĂ©ritablement troublante, sur les traits, dans la voix, dans les gestes de ses deux filles lumineuses, aussi vulnĂ©rables mais non moins irrĂ©sistibles quâelle⊠et qui lui ont si bien su lui rendre hommage sur scĂšne đ¶đ€ #lecoeuretlaplume #concert #janebirkinbyfriends #janebyfriends #olympia #janebirkin @charlottegainsbourg @loudoillon @etienne.daho @olympiahall #lebonheurestdansleconcert
đ€đ Retour surâŠLâaudience est ouverte, actuellement au thĂ©Ăątre de la MichodiĂšre Ă Paris: Richard Berry est enfin de retour dans un nouveau seul en scĂšne bouleversant plus percutant encore que son indispensable Plaidoiries et embarque, avec une maĂźtrise et une sensibilitĂ© impressionnantes, un public captivĂ© et Ă©mu au cĆur de quatre affaires emblĂ©matiques de notre Ă©poque, lâinvitant, grĂące Ă la mise en scĂšne dâEric Theobald qui alterne habilement la sobriĂ©tĂ© solennelle des discours et la puissance dâune contextualisation immersive, Ă une plongĂ©e citoyenne et rĂ©flexive inĂ©diteđđ€Porte parole remarquable de Maitre Labori pour le procĂšs dâEmile Zola aprĂšs la publication de Jâaccuse, puis de Maitre Dupin pour la dĂ©fense du docteur Bonnemaison, de maĂźtre Molteni, sur le dĂ©lit de solidaritĂ© ou encore de Maitre Jakubowicz lors du procĂšs de Klaus Barbie, Richard Berry met son immense talent au service de grands textes, convoque le public avec une admirable humilitĂ© et lâinvite Ă une rĂ©flexion fĂ©dĂ©ratrice, aussi rigoureuse quâaccessible, rĂ©solument politique et humaniste đ€đ Reflets de questionnements sociĂ©taux fondamentaux (le dĂ©lit de solidaritĂ© ou le dĂ©bat sur la fin de vie) ou Ă©chos intemporels dâaffaires historiques majeures (lâaffaire Dreyfus ou le procĂšs Barbie) ces monologues inspirĂ©s, dâune grande intensitĂ©, tĂ©moignent de la force citoyenne du Verbe, dans sa recherche de la justice, de la vĂ©ritĂ© et de la dignitĂ©, dĂ©construisent des prĂ©jugĂ©s tenaces, sont dâintransigeants garde-fous face Ă la barbarie, Ă lâantisĂ©mitisme ou plus globalement Ă toute forme de facilitĂ© ou de distorsion intellectuelle dĂ©lĂ©tĂšre ; impeccablement incarnĂ©es sur scĂšne, ils constituent un grand cri dâhumanitĂ© qui, surgi du passĂ© comme une formidable prosopopĂ©e, vient rĂ©sonner avec une force singuliĂšre avec lâactualitĂ© đ€đ Dire que lâon attendait ce spectacle avec impatience serait un euphĂ©misme⊠Dire quâil rĂ©pond Ă nos attentes et les dĂ©passe de trĂšs loin, aussi⊠Le spectacle de Richard Berry est une leçon de courage, dâintelligence et dâhumanitĂ© dâune grande force et dâune dĂ©sarmante beautĂ©; en ce sens, il est nĂ©cessaire et salutaire đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte
đ€đ Les retrouvailles, hier, avec Richard Berry Ă©taient intenses, au point que jâen ai oubliĂ© de les immortaliser avec une photo⊠Je reposte celle-ci, qui mâest particuliĂšrement chĂšre, prise Ă lâissue de Plaidoiries dans les loges du ThĂ©Ăątre Libre il y a quelques annĂ©es dĂ©jĂ par le Capitaine Ăric Theobald qui signe la magnifique mise en scĂšne de ce nouveau spectacle, Lâaudience est ouverte, actuellement au thĂ©Ăątre de la MichodiĂšreâŠđđ€ Politique, engagĂ©, sensible et viscĂ©ralement humaniste, le nouveau seul en scĂšne de Richard Berry est passionnant et nĂ©cessaire, courageux et bouleversant: abordant des sujets de sociĂ©tĂ© absolument fondamentaux, le comĂ©dien, immense, porte sans dĂ©monstration aucune mais avec une intelligence, une prĂ©cision et une sensibilitĂ© proprement remarquables des textes historiques, indispensables, qui rĂ©sonnent avec une force singuliĂšre ⊠et touchent au cĆur ⊠La conclusion du spectacle, particuliĂšrement, offre une dĂ©sarmante et poignante leçon dâhumanité⊠Le public, nombreux, est debout ⊠Bravo et Merci ⊠đ€đ Billet plus approfondi Ă suivre⊠#lecoeuretlaplume #theatre #laudienceestouverte #justice #plaidoiries @richardberryofficiel @erictheobald2024 @michodiere
đ€đRetour sur SĂ©lectionnĂ©, dont la tournĂ©e dĂ©bute au sein du thĂ©Ăątre de lâAllegria au Plessis-Robinson : seul en scĂšne dâune grande intensitĂ© portĂ© par un Amir Haddad particuliĂšrement inspirĂ©, le spectacle, poignant, dresse le portrait dâun hĂ©ros oubliĂ©, Alfred Nakache, lĂ©gende de la natation française au palmarĂšs vertigineux et dont le parcours, terrible, livre une leçon de vie proprement dĂ©sarmante : nĂ© dans le quartier juif et populaire de Constantine, le jeune Alfred a une peur panique de lâeau; fascinĂ© par cet Ă©lĂ©ment qui le paralyse autant quâil lâattire, il devient Ă force de volontĂ© et de persĂ©vĂ©rance, un pionnier de la natation mondiale et enchaine les victoires (JO de Berlin de 1936) jusquâĂ ce que lâHistoire ne vienne percuter sa trajectoire: dĂ©portĂ© avec sa femme et sa petite fille quâil ne reverra plus, il devient «le nageur dâAuschwitz», survit aux camps de la mort et, deux ans aprĂšs la LibĂ©ration, malgrĂ© le traumatisme de la Shoah, recouvre son titre⊠đđ€Histoire authentique Ă peine concevable, le parcours dâAlfred Nakache non content de retracer un pan de lâhistoire de France, depuis la colonisation au rĂ©gime de Vichy, dresse le portrait dâun homme droit, volontaire, loyal et rĂ©sistant⊠Soutenu par une mise en scĂšne Ă©purĂ©e qui mise sur lâinterprĂ©tation sans faille du comĂ©dien, le texte, qui Ă©grĂšne les diffĂ©rentes «sĂ©lections» de lâathlĂšte happe littĂ©ralement le public et ne le lĂąche pas avant la standing ovation mĂ©ritĂ©e qui salue ce spectacle nĂ©cessaire avant mĂȘme le retour des lumiĂšres⊠đđ€ Pertinent, comme toujours, dans ses choix, gĂ©nĂ©reux dans ses audaces, Steve Suissa non content de mettre en scĂšne un spectacle engagĂ© qui bouleverse et interroge, relĂšve haut la main son pari artistique: conteur sensible, acteur dĂ©jĂ impressionnant de maĂźtrise et dâengagement, Amir Haddad, remarquablement dirigĂ©, convainc, embarque, Ă©meut et force lâadmiration đ€đ Un seul en scĂšne captivant et dĂ©chirant, au service dâun thĂ©Ăątre populaire, accessible et exigent, dont le texte trouve une rĂ©sonance poignante, en ce jour de manifestation rĂ©publicaine contre lâantisĂ©mitisme : indispensable ! đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #sĂ©lectionnĂ© @stevesuissa @amir.h
đ€Marchons⊠Marchons⊠exhorte lâhymne de notre nationâŠMarcher ensemble contre lâantisĂ©mitisme⊠Sans ambiguĂŻtĂ© aucuneâŠSans concession⊠RĂ©pondre en masse Ă lâappel du barrage rĂ©publicain⊠Faire corps⊠Faire Ăąme⊠đ€Marcher pour faire un contrepoids urgent au flot irrĂ©pressible dâagressions racistes dont les images, insoutenables inondent le web, la rue, nos Ă©crans depuis le 7 octobreâŠdepuis tant dâannĂ©esâŠY opposer la marĂ©e humaine dâun peuple uni qui rĂ©siste fermement face Ă la haineâŠđ€Marcher contre lâantisĂ©mitisme, premier racisme en France, Ă 3 jours de la commĂ©moration de la Nuit de Cristal, alors quâon utilise encore les mots «pogroms», «massacres» ⊠Marcher parce que depuis 2001, outre lâantisĂ©mitisme traditionnel quâon croit rĂ©servĂ© Ă une minoritĂ© Ă peine dissimulĂ©e dâextrĂȘme droite sâajoute un antisĂ©mitisme djihadiste effrayant qui saisit chaque prĂ©texte comme une opportunitĂ© dâanĂ©antir lâautre pour ce quâil estâŠparce quâil est⊠Les alertes sont nombreuses, claires, rĂ©currentes (le calvaire innommable dâIlan Halimi en 2006, la tuerie Ă lâĂ©cole juive Ozar Hatorah en 2012, lâattaque de lâHyper Cacher en 2015, le meurtre de Sarah Halimi en 2017âŠ) et enveloppĂ©es dâun mutisme prĂ©cautionneux intolĂ©rable voire dâun dĂ©ni complice et criminel đ€ Marcher pour bien nommer les choses⊠Manifester⊠Rendre visible la France RĂ©publicaine, humaniste et universaliste⊠Marcher parce que la haine, dont le bacille somnole Ă peine, exprime avec une violence dĂ©complexĂ©e horrifiante, (plus dâun mois que des enfants sont otages de terroristes dâune cruautĂ© inhumaine) en la prĂ©sentant comme une consĂ©quence logique, sa visĂ©e exterminatrice Ă lâencontre dâun peuple, catalyseur historique dâune haine absolueâŠđ€Marcher malgrĂ© ceux qui tentent dâabjectes rĂ©cupĂ©rations politiques⊠RĂ©sister ⊠Faire corpsâŠFaire ĂąmeâŠFaire front⊠Parce que lâantisĂ©mitisme est un rĂ©vĂ©lateur de lâĂ©tat du monde⊠Parce quâĂ chaque juif insultĂ©, menacĂ©, tuĂ©, câest moi quâon insulte, quâon menace, quâon tue⊠à chaque juif attaquĂ©, câest lâhumanitĂ© quâon nie, quâon torture, quâon massacre et quâon exĂ©cute⊠Marcher, en citoyen du monde, contre la barbarie đ€ #lecoeuretlaplume #marchecontrelantisemitisme #jesuisjuif
đ€đRetour surâŠCamus ! par Enthoven Ă la ScĂšne Libre de Paris : spectacle passionnĂ© et Ă©videmment passionnant, ce (presque) seul en scĂšne propose un joli tĂȘte Ă tĂȘte entre lâessayiste et professeur de philo devenu comĂ©dien (on sâen rĂ©jouit) et lâindĂ©modable puisque totalement hors de mode philosophe de lâabsurde dont le premier fait entendre, sur scĂšne, la lumineuse pensĂ©e, plus accessible quâelle nây paraĂźt, pour en saisir encore au-delĂ de son imparable justesse et sa bouleversante beautĂ©, son incroyable rĂ©sonance⊠đđ€DĂšs les premiers mots, extraits de Noces, RaphaĂ«l Enthoven embarque le spectateur dans un voyage en Camusie au format tout aussi joyeux et sincĂšre quâoriginal : la scĂ©nographie et la mise en scĂšne, intelligentes et inventives, alternent extraits vidĂ©os et moments de pur thĂ©Ăątre avec des lectures dâextraits de La Peste, du Mythe de Sisyphe, de Lâhomme rĂ©voltĂ© ou de lâEtranger assorties de considĂ©rations Ă©clairantes, fort pertinentes, sur cette pensĂ©e si universelle quâelle a «influencé» jusquâĂ Brian de Palma et Sylvester StalloneâŠđ€đ Sâadressant tout autant Ă un public profane quâĂ des spectateurs plus familiers, RaphaĂ«l Enthoven, guide espiĂšgle et enthousiaste, accompagne le public au cĆur de la pensĂ©e si pertinente de Camus et, lui donnant des outils de comprĂ©hension, il dĂ©montre la richesse de cet «ami de chevet», ce grand frĂšre de substitution, ce phare intemporel indispensable Ă ceux qui «ne croient en rien mais qui se lĂšvent quand mĂȘme le matin» que gĂ©nĂ©reusement il nous prĂȘte đđ€Spectacle efficace, limpide et rassĂ©rĂ©nant, conçu comme une invitation Ă la (re)dĂ©couverte dâune vĂ©ritable philosophie de la joie, Camus par Enthoven fournit des armes intellectuelles prĂ©cieuses pour se confronter au dĂ©sespĂ©rant vertige de lâabsurde, prendre part Ă un combat quâon sait perdu dâavance, trouver dans un amour originel et inaltĂ©rable une foi qui se dispense de dieu et permet, seule, de passer de lâintolĂ©rable constat de son impuissance face Ă un monde qui sâen moque Ă lâurgence dâune rĂ©volte Ă©minemment salutaire puisque « Le monde est beau et hors de lui point de salut »: fascinant et bouleversant đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #camusparenthoven
đ€Jâai vu dĂ©filer aujourdâhui plusieurs fois la mĂȘme horrible, Ă©cĆurante et terrifiante photo : les facades de ces immeubles parisiens taguĂ©es dâĂ©toiles de David bleues⊠Innommables appels au meurtre aux abjects relents dâun temps que certains pensaient rĂ©volu⊠Jâai vu et entendu une maigre partie de lâimmonde dĂ©ferlement dâactes antisĂ©mites ces derniers jours⊠assez pour avoir une immense et tenace nausĂ©e⊠đ€ et jâai voulu afficher son visage⊠sa beauté⊠sa puretĂ©âŠ. Pour dĂ©noncer sans participer Ă la diffusion dâune image qui mâest intolĂ©rable đ€ Et puis mâest revenue cette phrase, que cette adolescente, sacrifiĂ©e comme tant dâautres par la barbarie des hommes, a Ă©crite : « Il y a tout simplement chez les hommes un besoin de ravager, un besoin de frapper Ă mort, dâassassiner et de sâenivrer de violence. Et tant que lâhumanitĂ© entiĂšre sans exception nâaura pas subi une grande mĂ©tamorphose, la guerre fera rage. Tout ce qui a Ă©tĂ© construit, cultivĂ©, tout ce qui sâest dĂ©veloppĂ© sera tranchĂ© et anĂ©anti pour recommencer ensuite.»đ€ Quâelle Ă©tait belle⊠quâelle Ă©tait intelligente⊠quâelle Ă©tait lucide⊠« Je crois encore Ă la bontĂ© des hommes. Il mâest absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misĂšre et de confusion , je vois comment le monde se transforme lentement en un desert, jâentends plus fort, toujours plus fort, le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera, nous aussi, je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par sâarranger, que cette brutalitĂ© aura une fin, que le calme et la paix reviendront rĂ©gner sur le monde »đ€ Je prĂ©fĂšre son visage pour dĂ©noncer lâhorreur avec son sourire immortel⊠Je prĂ©fĂšre son journal Ă lâenfer et la folie de ces jours derniers⊠Relisez le Journal dâAnne Frank đ€ #lecoeuretlaplume #annefrank #journaldannefrank #antisemitisme #espoir
đ€ Je dis Aime Et je le sĂšme Sur ma planĂšte⊠Je dis Aime Comme un emblĂšme La haine, je la jette⊠Je dis Aime⊠Aime⊠Aime đ€ Pour le dehors, le dedans⊠Pour l'aprĂšs, pour l'avant⊠Je dis⊠Pour le dehors, le dedans⊠Pour l'aprĂšs, pour l'avant...đ€ đ€ Jâenracine lâespĂ©rance Dans le terreau du cĆur Jâadopte toute lâespĂ©rance En son esprit frondeur.đ€ #lecoeuretlaplume #andreechedid #matthieuchedid #aime #jedisaime #paix
đ€ Sa poĂ©sie, ses mots, son humanisme transcendant nos absurdes antagonismes mâaccompagnent depuis si longtemps⊠Il ne se passe pas une semaine sans que je replonge dans son Ćuvre juste pour une bouffĂ©e dâair qui mâaide Ă me nourrir et me laver dans le mĂȘme mouvement⊠Elle est une si belle et si puissante lumiĂšre dans les tĂ©nĂšbres de ce monde⊠đ€Lire AndrĂ©e Chedid, câest rĂ©apprendre Ă respirer đ€ LâespĂ©rance Jâai ancrĂ© lâespĂ©rance Aux racines de la vie * Face aux tĂ©nĂšbres Jâai dressĂ© des clartĂ©s PlantĂ© des flambeaux A la lisiĂšre des nuits * Des clartĂ©s qui persistent Des flambeaux qui se glissent Entre ombres et barbaries * Des clartĂ©s qui renaissent Des flambeaux qui se dressent Sans jamais dĂ©pĂ©rir * Jâenracine lâespĂ©rance Dans le terreau du cĆur Jâadopte toute lâespĂ©rance En son esprit frondeur. AndrĂ©e Chedid #lecoeuretlaplume #poesie #andreechedid #lesperance #espritfrondeur #litterature #poeme #chedid #lumiĂšre @m_chedid @louischedidofficiel @emiliechedid @joseph__chedid @nachmusicofficiel
đ€đ Retour sur⊠La Fontaine en fables et en notes, au ThĂ©Ăątre de Poche Montparnasse, spectacle enchanteur, hors du temps, dont la simplicitĂ© apparente dĂ©voile instantanĂ©ment lâincroyable richesse dâune langue si belle et si pertinente quâelle parle Ă tous les ĂągesâŠet sĂ©duit un public captivĂ©, charmĂ© et convaincu đđ€ Dans lâesprit des fables, saynĂštes intemporelles dâune grande vivacitĂ©, le spectacle, qui sâappuie sur une mise en scĂšne Ă©purĂ©e et minutieuse, est conçu comme un dialogue joyeux, lĂ©ger et facĂ©tieux entre la musique et la poĂ©sie, entre les notes et les mots, chacune des fables interprĂ©tĂ©es par Brigitte Fossey, -Ă©blouissante, irrĂ©sistible, fascinante conteuse, - Ă©tant accompagnĂ©e au piano par Danielle Laval qui nâhĂ©site pas Ă participer Ă la joyeuse comĂ©die humaine et animale qui prend vie sous nos yeux⊠ComplĂ©mentaire, complice et visiblement passionnĂ©, cet espiĂšgle et lumineux duo donne vie Ă un bestiaire merveilleux dâinventivitĂ© et de sagesse qui sâanime et trouve un Ă©cho Ă©vident et charmant dans les piĂšces musicales de Bach, Rameau, Nino Rota ou Michel Legrand qui ponctuent si joliment le spectacle ⊠đ€đ Merveilleux rĂ©cital poĂ©tique et musical, La Fontaine en fables et en notes offre un divertissement gĂ©nĂ©reux, intelligent et plaisant; câest un spectacle lumineux et dâune rare beautĂ© dont on attend avec une impatience rĂ©solument enfantine, le deuxiĂšme voire le troisiĂšme volet⊠đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #lafontaineenfablesetennotes #brigittefossey #daniellelaval #pochemontparnasse @pochemontparnasse
đđ€Le privilĂšge, joyeux, reconnaissant, plein de cette fiertĂ© incrĂ©dule et un peu bĂ©ate, de retrouver, Ă lâissue de la reprĂ©sentation de Tachkent au Studio Marigny, ValĂ©rie Crouzet, HervĂ© Pierre, GrĂ©goire Oestermann et Clotilde Mollet qui, non contents dâexceller sur la scĂšne, sont proprement adorables, aussi disponibles que souriants et dâune simplicitĂ© qui Ă©gale leur talent⊠câest dire⊠đ€đ Incarnant lâAuteur, dans cette comĂ©die loufoque qui dĂ©tourne les ressorts de lâabsurde pour dĂ©router un spectateur, immĂ©diatement sĂ©duit, et lâinviter Ă une rĂ©flexion sensible et pertinente sur la crĂ©ation et lâexistence, HervĂ© Pierre, qui connaĂźt toute lâadmiration et tout lâamour que je lui porte, impressionne par sa justesse et lâinfini palette de son jeu: passant en un clin dâoeil de lâapathie blasĂ©e et rĂ©signĂ©e Ă la colĂšre hargneuse, aigrie et mĂ©prisante, il jongle en expert avec les Ă©motions et force lâadmiration ; tantĂŽt malicieux, espiĂšgle, voire exaltĂ©, tantĂŽt virulent, acariĂątre et bilieux envers les metteurs en scĂšne, il est, dans ce rĂŽle qui semble avoir Ă©tĂ© Ă©crit pour lui tant il lui sied, pathĂ©tique, attachant, dĂ©routant, merveilleuxâŠFace Ă lui, trois compĂšres aussi investis et aussi prodigieux : ValĂ©rie Crouzet irrĂ©sistible en maitresse cupide au franc parler impayable, Clotilde Mollet sublime en ancienne compagne de vie au lyrisme dĂ©bordant et GrĂ©goire Oestermann, immense, subtil, grandiose en acteur flagorneur ⊠Tous quatre, dont les personnages sont attachants autant quâagaçants, fascinent, happent, hypnotisent le spectateur pris dans leur chorĂ©graphie surrĂ©aliste, leur complicitĂ© manifeste et leur plaisir communicatif dâĂȘtre sur scĂšne et de dĂ©fendre ce si beau texte⊠đđ€ Quand tant de talent et de gĂ©nĂ©rositĂ© sâexprime sur scĂšne, il en rĂ©sulte, inĂ©vitablement un spectacle Ă lâimage, si belle, de ces quatre artistes dont le talent est mis en lumiĂšre par un texte redoutable dâintelligence et de luciditĂ© et une mise en scĂšne remarquable: gĂ©nĂ©reux, passionnant, unique, grandiose et accessible, original et irrĂ©sistibleâŠen un mot magnifique đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #rencontre #tachkent #hervepierre #clotildemollet #gregoireoestermann #valeriecrouzet
đ€đ Retour sur⊠Tachkent de RĂ©mi De Vos, au Studio Marigny: petit bijou dâhumour, cette comĂ©die loufoque et dĂ©calĂ©e que le metteur en scĂšne Dan Jemmett dĂ©finit comme «lâĂ©viscĂ©ration mĂ©chamment drĂŽle de lâartiste et de son processus crĂ©atif » est aussi brillamment Ă©crite que gĂ©nialement interprĂ©tĂ©e; sâappuyant sur un habile mĂ©lange des genres et un judicieux trompe lâĆil, la piĂšce joue avec les perceptions du spectateur et lâembarque dĂ©routĂ©, amusĂ©, Ă©mu et interpellĂ©, dans le dĂ©dale aigri et dĂ©lirant de lâesprit dâun dramaturge en mal de reconnaissance, dĂ©lire ĂŽ combien jubilatoire et cruel car sans filtre aucun, qui, non content de ravir le public, ouvre une rĂ©flexion Ă la fois amĂšre et tendre sur la vulnĂ©rabilitĂ© de lâartiste et la vanitĂ© de lâexistence: murĂ© dans un mutisme qui dĂ©concerte et inquiĂšte son entourage (sa compagne opportuniste, ex toiletteuse pour chiens, son ancienne maĂźtresse, comĂ©dienne de renom, et un comĂ©dien idolĂątre ) un auteur dramatique ne prend plus la parole que pour ressasser le mĂȘme monologue hargneux et fĂ©roce contre les metteurs en scĂšne pour qui il a Ă©crit et quâil mĂ©prise sans concession âŠđđ€ Au sein dâune scĂ©nographie judicieuse (une Ă©nigmatique boite noire, Ă©lĂ©gante et hors du temps, Ă©crin coupĂ© du monde oĂč sâentremĂȘlent illusion et rĂ©alitĂ©), le texte, brillant faux rĂ©quisitoire contre les metteurs en scĂšne et vĂ©ritable ode au thĂ©Ăątre, est sublimĂ© par une mise en scĂšne dâune grande subtilitĂ© et par un quatuor de comĂ©diens virtuoses incarnant avec malice et un bonheur contagieux des personnages dĂ©sespĂ©rĂ©ment humains, donc particuliĂšrement attachants: ici, le burlesque est fĂ©roce et inspirĂ©, lâhumour noir et, dans cette situation rĂ©solument bernahardienne, la mĂ©lancolie forcĂ©ment savoureuse, lĂ©gĂšre, presque rĂ©jouissanteđ€đ Divertissement savoureux et dâune redoutable efficacitĂ© qui cĂ©lĂšbre avec force et intelligence le thĂ©Ăątre, la piĂšce, remarquable en tout point, est un immense coup de cĆur : absolument immanquable đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #tachkent đ€đ @theatre_marigny @hervepierre32 @valeriecrouzet__
đ€ Et puis⊠dimanche matin, mon Ă©lĂšve de quinze ans me demande un coup de pouce pour un exposĂ© quâelle doit prĂ©parer sur « une Ćuvre artistique qui vous aura marqué »⊠Elle choisit Au revoir les enfants de Louis Malle et doit justifier son choix⊠Je mâattends à « la guerre Ă hauteur dâenfants », « une belle histoire dâamitiĂ©: dâabord ils sont rivaux puis ils sont insĂ©parables », mais non : « Tu comprends, AgnĂšs, câest un prĂȘtre qui aide des Juifs⊠au lieu de les dĂ©tester parce quâils nâont pas la mĂȘme religion, il dĂ©passe sa religion⊠mais câest pas une trahison Ă ce quâil croit, câest juste quâil lâapplique, sa religion, pour sauver des vies⊠et il est arrĂȘté⊠câest beau non? » Sait-elle seulement que je suis allĂ©e voir ce film 4 fois Ă sa sortie en salles? Que jâadore profondĂ©ment cette histoire, ce film, ces comĂ©diens ? Nous regardons des extraits, la scĂšne du restaurant, celle de lâarrestation, le dortoir⊠Je regarde mon Ă©lĂšve, forcĂ©ment touchĂ©e au cĆur⊠sans mot⊠Je nâai pas prĂ©cisĂ© quâelle est de confession musulmane ⊠elle fera un exposĂ© magnifique đ€ đ€ CâĂ©tait dimanche, le 15 octobre, aprĂšs lâhorreur en IsraĂ«l, aprĂšs lâassassinat de Dominique BernardâŠEnsuite, je suis allĂ©e Ă©couter RaphaĂ«l Enthoven lire et expliquer Camus Ă la ScĂšne libreâŠet, nourrie de ces mots si prĂ©cieux, comme un surplus dâespoir, jây ai Ă©tĂ© Ă©blouie par une rencontre aussi inattendue que lumineuse⊠đ€ « Au milieu de lâhiver, jâai dĂ©couvert en moi un invincible Ă©té »⊠La journĂ©e fut belle, imprĂ©visible et magnifique ; le beau temps nâa pas succĂ©dĂ© aux orages, non⊠la lumiĂšre a jailli, surgissant de la nuit⊠lâamour, lâabsurde, la rĂ©volte et lâamour⊠et ce film, beau et terrible Ă lâimage de la vie: Au Revoir les enfantsđ€ #lecoeuretlaplume #cinema #prof #camus #raphaelenthoven #louismalle #uninvincibleĂ©tĂ© #aurevoirlesenfants @raphaelfejto @raphael_enthoven @caroline_fourest
đ€Samuel Paty ⊠16 octobre 2020⊠3 ans ce jour⊠Un triste anniversaire 3 jours aprĂšs son Ă©cho cruel, une seconde exĂ©cution de professeur, celle de Dominique Bernard⊠je dis seconde Ă dessein, comme on dit « seconde guerre mondiale » en sous-entendant et en espĂ©rant quâil nây en aura pas de troisiĂšme⊠đ€ đ€HĂ©ros vĂ©ritables puisque hĂ©ros malgrĂ© eux, crĂ©es par les circonstances et poussĂ©s par leur humanitĂ©, hĂ©ros jusquâici anonymes mais dont les noms doivent rĂ©sonner, SAMUEL PATY et DOMINIQUE BERNARD sont des hussards sans autres armes que le savoir quâils transmettent et lâĂ©ducation quâils dispensentâŠđ€ đ€ LâĂ©cole, premier visage de la RĂ©publique aujourdâhui doublement balafrĂ©, premier rempart de la libertĂ© aujourdâhui doublement fissurĂ©, lâĂ©cole, fondement, base, terreau de notre sociĂ©tĂ© est laĂŻque⊠đ€ đ€Il est temps que lâon Ă©coute enfin les dĂ©fenseurs fervents dâune laĂŻcitĂ© qui, seule, peut garantir la sĂ©curitĂ© et la libertĂ© des professeurs comme des Ă©lĂšves, citoyens en devenir de notre pays⊠que lâon cesse de prĂ©tendre que toute mesure laĂŻque est fonciĂšrement islamophobe, que lâon permette aux professeurs dâexercer leur mĂ©tier, câest-Ă -dire non pas de bourrer le crĂąne des Ă©lĂšves de connaissances indigestes mais de dĂ©velopper leur esprit critique, Ă©clairĂ©, libre et responsable⊠pour quâils ne soient pas morts, exĂ©cutĂ©s, pour rien đ€ #lecoeuretlaplume #samuelpaty #dominiquebernard #jesuisprof #laicite
đ€đAu commencement, il y a le dramaturge, dont lâidĂ©e et lâenvie vont engendrer le texte: passeur de lâombre, il imagine, il rĂȘve, il invente, il Ă©critâŠLe texte, terreau du spectacle bientĂŽt mis en images, nait de sa solitude et de son impĂ©rieux et gĂ©nĂ©reux dĂ©sirâŠJâadmire passionnĂ©ment ce travail dâĂ©criture singulier qui se passe du rĂ©cit et condense lâaction dans les dialogues de ses personnages, Ă qui il donne une voix, un souffle⊠je trouve ce travail de crĂ©ation proprement merveilleux đđ€Et parmi les dramaturges contemporains, il en est un, merveilleux, dont le travail est comme un rendez-vous : auteur sensible, engagĂ©, BenoĂźt SolĂšs met sa plume, quâil brandit comme un doux Ă©tendard, au service dâun thĂ©Ăątre exigeant, populaire, audacieux, qui invite le spectateur Ă une salutaire rĂ©flexionâŠTout en se renouvelant, ses piĂšces usent habilement des ressorts du thĂ©Ăątre pour surprendre et happer le public et, dĂ©fiant les lois du temps, de lâespace, lâembarquent dans des voyages immobiles inouĂŻs, inoubliables, aventures humaines terribles et poĂ©tiques, dont on revient Ă©blouis, rĂ©voltĂ©s, Ă©mus, surtout grandis: rĂ©habilitant Alan Turing, mathĂ©maticien prodige, hĂ©ros de lâombre sacrifiĂ© par le secret dâĂ©tat ou ressuscitant Jack London dans un huis clos hypnotique poignant retraçant la genĂšse du Vagabond des Ă©toiles, BenoĂźt SolĂšs, qui ne se contente pas dâĂȘtre un formidable conteur, soulĂšve avec pertinence des questionnements dont la rĂ©sonance avec notre Ă©poque ne peut quâinterpellerâŠConjuguant puissance et poĂ©sie, vĂ©racitĂ© historique et goĂ»t du romanesque, son Ă©criture, prĂ©cise et nuancĂ©e, raconte des hĂ©ros aux prises avec des combats intimes et collectifs, aborde des thĂšmes cruciaux (la justice, la tolĂ©rance, lâamour, le doute,la crĂ©ation, lâabsurde cruautĂ© du monde et la rĂ©volte nĂ©cessaireâŠ) et bouleverse par son indĂ©fectible humanismeđ€đ Et puis, si on a la chance de le frĂ©quenter mĂȘme un peu, mĂȘme de loin, on dĂ©couvre en BenoĂźt SolĂšs une personne dâune beautĂ© absolue, dâune intelligence et dâune humilitĂ© proprement dĂ©sarmantes et on mesure sa chance, son bonheur, son privilĂšge, de cĂŽtoyer une Ćuvre et un ĂȘtre aussi merveilleux đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre
đ€đ GĂ©nĂ©rale de presse, hier soir, pour La Maison du Loup de Benoit SolĂšs au ThĂ©Ăątre Rive Gauche Ă Paris⊠Inestimable privilĂšge que de revoir cette piĂšce en ce si beau thĂ©Ăątre et de replonger dans cette histoire passionnante et passionnĂ©e portĂ©e par ces trois acteurs immenses ; jây reviendrai dans un prochain billet, le temps de trouver les mots justes et, je lâespĂšre, Ă la hauteur de lâĂ©motion⊠đđ€ Un immense merci Ă Benoit SolĂšs et Ă Marylene qui mâont permis de partager ce moment, dâĂȘtre prĂ©sente pour applaudir les Quatre Fantastiques, comme jâaime Ă les appeler et que jâai rĂ©ussi Ă photographier.. đ€đ PortĂ© par la mise en scĂšne, toujours si juste, si sensible et si intelligente, de Tristan Petitgirard, le texte, brillamment portĂ© par le jeu absolument impeccable des trois comĂ©diens, est dâune puissance Ă©motive et dâune resonance que seul le thĂ©Ăątre permet : prĂ©cis, sensible, engagĂ©, il est surtout dâune grande beautĂ© et dâun humanisme sans faille đ€đ Autour dâun Benoit SolĂšs qui, non content de signer cette Ă©popĂ©e intime bouleversante racontant la genĂšse du Vagabond des Ă©toiles, dernier roman de Jack London, interprĂšte avec autant de force que de dĂ©licatesse le personnage authentique dâEd Morrell, enragĂ© fĂ©brile viscĂ©ralement insoumis, Anne Plantey est, quoi quâen dise son personnage, absolument irrĂ©sistible et Amaury de Crayencour est saisissant dâintensitĂ© ⊠Il faut souligner Ă©galement la scĂ©nographie sublime de Juliette Azzopardi et la musique toujours merveilleuse de Romain Trouillet đđ€ Et puis il y a les retrouvailles amicales, avant et aprĂšs la piĂšce (mille mercis Marylene, tout est si simple, si facile et si agrĂ©able avec toi), la gentillesse et la disponibilitĂ© des comĂ©diens et les nouvelles rencontres que permet la passion partagĂ©e du thĂ©Ăątre đđ€ La maison du loup est ouverte, ThĂ©Ăątre Rive Gauche, jusquâĂ la fin de lâannĂ©e⊠au moins⊠allez y faire un tour, il y brille, vous lâaurez compris, de bien jolies Ă©tincelles⊠đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #lamaisonduloup #generaledepresse #coupdecoeur #coupdefoudre @benoit.soles @amaurydecrayencour @anneplantey @theatrerivegauche @tristanpetitgirard @romain_trouillet_ @julietazzo @mb.antigone
#Repost @agnes_le_coeur_et_la_plume with @use.repost ă»ă»ă» Un Prince⊠derniĂšre đ€đ DerniĂšre, hier soir au ThĂ©Ăątre de lâOeuvre, dâUn Prince, dâEmilie FrĂšche : troisiĂšme voyage pour moi, troisiĂšme plongĂ©e dans la poĂ©sie si juste et si poignante de ce monologue intense, rude, puissant, qui donne une voix aux invisibles sociaux et aux sacrifiĂ©s de lâhistoire dans le mĂȘme temps, Ă travers ce personnage bouleversant, dont la perdition mentale, si bien retranscrite par le jeu de Sami Bouajila, devient paradoxalement le fil conducteur narratif, sensible, poĂ©tiquedu spectateur pour reconstruire le parcours dĂ©chirant du pĂšre, immigrĂ© algĂ©rien venu en France pour assurer lâĂ©ducation de son enfant, et du fils, clown tragique et antihĂ©ros burlesque broyĂ© par une Ă©conomie absurde et une sociĂ©tĂ© inhumaine⊠đ€đSi riche est ce texte qui aborde les thĂšmes fondamentaux de lâidentitĂ©, de la filiation, du dĂ©racinement, de lâexil, du souvenir, des racines et de lâhistoire Ă©conomique, sociale et politique de ces 80 derniĂšres annĂ©es, si puissant et si sensible est le jeu, proprement bouleversant, de Sami Bouajila qui jongle avec maestria avec les Ă©motions, les Ă©poques, les deux personnages quâil incarne (le mot est faible)⊠si intelligente est la mise en scĂšne de Matie-Christine Orry, qui choisit une Ă©pure travaillĂ©e, minutieuse, pertinente pour, jouant avec les lumiĂšres, les images vidĂ©o (archives authentiques poignantes du propre pĂšre de lâacteur), les accessoires, le dĂ©cor (tas de sable ambigu, trĂŽne dâun prince dĂ©chu prisonnier malgrĂ© lui dans la mĂ©moire de son pĂšre) que trois reprĂ©sentations me semblent dĂ©risoires pour apprĂ©cier Ă sa juste valeur ce travail magistral⊠et pourtant, quelle Ă©motion, quelle puissance, quelle sensibilitĂ© et quelle beauté⊠! đ€đ Un grand bravo et un immense merci Ă Sami Bouajila pour sa gentillesse et son incommensurable talentâŠet pour la lumiĂšre si gĂ©nĂ©reuse de ce sourire captĂ© Ă lâissue du spectacle⊠Si câest pour servir un theatre si beau et si engagĂ©, je veux bien attendre encore dix ans⊠mais si câest plus tĂŽt, ça me va aussi, Ă©videmment⊠et plutĂŽt trois fois quâune đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #unprince #samibouajila
Un Prince⊠derniĂšre đ€đ DerniĂšre, hier soir au ThĂ©Ăątre de lâOeuvre, dâUn Prince, dâEmilie FrĂšche : troisiĂšme voyage pour moi, troisiĂšme plongĂ©e dans la poĂ©sie si juste et si poignante de ce monologue intense, rude, puissant, qui donne une voix aux invisibles sociaux et aux sacrifiĂ©s de lâhistoire dans le mĂȘme temps, Ă travers ce personnage bouleversant, dont la perdition mentale, si bien retranscrite par le jeu de Sami Bouajila, devient paradoxalement le fil conducteur narratif, sensible, poĂ©tiquedu spectateur pour reconstruire le parcours dĂ©chirant du pĂšre, immigrĂ© algĂ©rien venu en France pour assurer lâĂ©ducation de son enfant, et du fils, clown tragique et antihĂ©ros burlesque broyĂ© par une Ă©conomie absurde et une sociĂ©tĂ© inhumaine⊠đ€đSi riche est ce texte qui aborde les thĂšmes fondamentaux de lâidentitĂ©, de la filiation, du dĂ©racinement, de lâexil, du souvenir, des racines et de lâhistoire Ă©conomique, sociale et politique de ces 80 derniĂšres annĂ©es, si puissant et si sensible est le jeu, proprement bouleversant, de Sami Bouajila qui jongle avec maestria avec les Ă©motions, les Ă©poques, les deux personnages quâil incarne (le mot est faible)⊠si intelligente est la mise en scĂšne de Matie-Christine Orry, qui choisit une Ă©pure travaillĂ©e, minutieuse, pertinente pour, jouant avec les lumiĂšres, les images vidĂ©o (archives authentiques poignantes du propre pĂšre de lâacteur), les accessoires, le dĂ©cor (tas de sable ambigu, trĂŽne dâun prince dĂ©chu prisonnier malgrĂ© lui dans la mĂ©moire de son pĂšre) que trois reprĂ©sentations me semblent dĂ©risoires pour apprĂ©cier Ă sa juste valeur ce travail magistral⊠et pourtant, quelle Ă©motion, quelle puissance, quelle sensibilitĂ© et quelle beauté⊠! đ€đ Un grand bravo et un immense merci Ă Sami Bouajila pour sa gentillesse et son incommensurable talentâŠet pour la lumiĂšre si gĂ©nĂ©reuse de ce sourire captĂ© Ă lâissue du spectacle⊠Si câest pour servir un theatre si beau et si engagĂ©, je veux bien attendre encore dix ans⊠mais si câest plus tĂŽt, ça me va aussi, Ă©videmment⊠et plutĂŽt trois fois quâune đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #unprince #samibouajila @bouajila_sami @theatredeloeuvre @mariechristineorry @emiliefreche
đ€đ Rencontre, Ă lâissue de la reprĂ©sentation dâUn Prince avec Sami BouajilaâŠPour de nombreuses raisons, je tenais Ă commencer cette saison thĂ©Ăątrale par cette piĂšce, par ces mots, par cet immense comĂ©dien qui a choisi pour son retour au thĂ©Ăątre de porter ce texte sublime dâEmilie FrĂšche retraçant lâhistoire croisĂ©e de deux ouvriers dâorigine algĂ©rienne, un pĂšre, poussĂ© par ses rĂȘves en France au temps des Trente Glorieuses, et son fils, narrateur si attachant de cette bouleversante histoire, qui les ressasse avec tant de poĂ©sie et de tendresseâŠđ€đ Câest leur voix, Ă tous les deux, que lâacteur, prodigieux, fait entendre du haut de son tas de gravats en marge de la ville et de la vie, marge quâil parvient, par la force du verbe et de lâimagination Ă transfigurer en un paysage originel idyllique: un champ dâarganiers sâĂ©tendant Ă perte de vue vers la MĂ©diterranĂ©e de ses racines⊠La douleur du dĂ©racinement se fait ici hallucination douce-amĂšre et contemplative dâune terre chĂ©rie au-delĂ des frontiĂšres et des annĂ©esđđ€Qui dâautre que Sami Bouajila pour incarner (le mot est Ă prendre au sens propre) ces deux hommes qui conservent, face Ă la cruautĂ© du monde, cette foi inextinguible en la poĂ©sie? Qui dâautre pour raconter la filiation, lâhĂ©ritage et lâamour du pĂšre et lâhistoire de ces nombreux immigrĂ©s dont lâexil est une plaie inguĂ©rissable, dont les rĂȘves brisĂ©s perdurent, lĂ©gers nuages effilochĂ©s, au-delĂ de toutâŠ?đđ€Sami Boujila est un porte-parole prodigieux dont lâexceptionnelle performance bouleverse : impliquĂ©, il interprĂšte une partition dense avec beaucoup de profondeur; intense, il captive en Ă©vitant toute dĂ©monstration; sensible sans basculer dans un pathos inutile, il touche au cĆur du public qui reste, longtemps aprĂšs la piĂšce, habitĂ© par son jeu et par ce personnage đđ€ Merci Sami Boujila pour ce texte important que vous dĂ©fendez si bien, pour cet Ă©change hors du temps, ce clichĂ© souvenir, ce sourire et cette main, si bienveillante, posĂ©e sur mon Ă©paule tremblanteâŠJâai rarement vu un comĂ©dien aussi grand, aussi accessible et aussi gentil dans le mĂȘme tempsâŠđ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #rencontre #samibouajila #unprince @bouajila_sami
đ€đ Un prince dâĂmilie FrĂšche au ThĂ©Ăątre de lâOeuvre: seul en scĂšne saisissant magnifiquement portĂ© par Sami Boujila, ce monologue Ă deux voix sensible et engagĂ©, raconte le dĂ©racinement, le pouvoir infini de la poĂ©sie et la puissance des racines, Ă travers le rĂ©cit entremĂȘlĂ© des parcours contrariĂ©s dâun pĂšre et de son fils, ouvriers dâorigine algĂ©rienne, dont lâindĂ©fectible lien trace, au grĂ© dâun labyrinthe temporel dĂ©chirant, la douloureuse trame : sur scĂšne, un homme, clown burlesque et philosophe, naĂŻf et contemplatif, sâextasie devant la beautĂ© dâun paysage idyllique et, comme hantĂ© par la mĂ©moire de son pĂšre, bĂ©quille autant que fardeau, il entame, juchĂ© sur un tas de sable isolĂ©, le rĂ©cit habilement dĂ©cousu de son histoire⊠đ€đ Bouleversant de bout en bout, le texte joue avec les voix narratives et les Ă©poques, entrelace les souvenirs, glisse subtilement dâun paysage Ă un autre et conjugue avec pertinence la dimension intime dâune filiation amĂšre, et, en toile de fond, la dimension sociale dâun double parcours, tĂ©moin dâune partie de lâhistoire de la France et de lâAlgĂ©rie depuis la dĂ©colonisation et la vague dâĂ©migration drainĂ©e par les Trente Glorieuses jusquâĂ la dĂ©localisation ⊠đ€ Mise en scĂšne avec intelligence et sobriĂ©tĂ© par Marie-Christine Orry et portĂ© par la finesse imparable du jeu de Sami Bouajila qui investit les personnages avec dĂ©licatesse, habillant la scĂšne dâarchives personnelles authentiques poignantes, cette fable moderne, cruelle et poĂ©tique, reconstitue lâhistoire tragique de deux travailleurs immigrĂ©s brisĂ©s par lâhistoire : lâĂ©pure de la scĂ©nographie (voilages en tulle magnifiques) et le jeu de lumiĂšres, (lumiĂšres chaudes, rattachĂ©es au rĂȘve dâun paysage rĂȘvĂ©, paradis perdu ou fantasmĂ©, froides rattachĂ©es Ă la brutalitĂ© crue de la rĂ©alitĂ©) permettent cette errance immobile et illusoire Ă laquelle nous convie la douce folie du personnage, prince dĂ©chu tout autant sublime que grotesque, qui, au cĆur de son no manâs land urbain, conjure la brutalitĂ© du monde par la poĂ©sie pour rester digne, libre, vivant⊠Premier et immense coup de coeur de la saison đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #unprince #samibouajila
đ€ Que jâaurais aimĂ© la rencontrer⊠lui parler⊠la connaĂźtreâŠ. Et comme elle manque⊠Sa voix, son sourire, son talent, sa beautĂ© et son Ă©nergie irremplaçables manquentâŠ. Je voulais mettre une photo en couleur, sur laquelle elle affiche son Ă©clatant sourire⊠mais ce portrait est aussi tellement beau⊠ValĂ©rie Benguigui est partie il y a 10 ans⊠mais elle ne sâest jamais vĂ©ritablement Ă©teinte đ€ PensĂ©es douces Ă ses proches et Ă ceux qui, comme moi, lâadmiraient et lâaimaient de loin, en silence đ€ #lecoeuretlaplume #actrice #valeriebenguigui Photo @studioharcourt
đ€ LâĂ©lĂ©gance et le courage : « Evidemment que je vais chanter ! »⊠Pour la premiĂšre fois de ma vie, les vibrato de cette voix que jâaime tant et qui mâaccompagne de loin depuis toujours, me dĂ©chirent le cĆurâŠBravant la douleur, dĂ©passant sa pudeur, lâArtiste a chantĂ© pour son frĂšre, Ă son frĂšre, conjurant Ă sa maniĂšre la cruautĂ© de la mort⊠đ€Â«Notre pĂšre avait un talent spĂ©cial, entre autres talents, pour les discours dans les rĂ©unions de famille, que la rĂ©union soit gaie ou triste, il trouvait toujours le moyen de faire un discours brillant. Des trois fils quâil a eus je ne suis certainement pas celui qui a hĂ©ritĂ© de ce talent. CâĂ©tait plutĂŽt GĂ©rard qui sây collait. Câest pour cela que jâai ce papier Ă la mainâŠpuisque je pense depuis deux jours Ă ce que je vais pouvoir vous dire ce soirâŠalors câest plus sĂ»r que jâaie ce papier» đ€Â«On mâa beaucoup demandĂ© depuis deux jours si jâallais chanter ce soir, si jâallais maintenir ce concert. Ăvidemment que je vais chanter. Vous savez, pour moi chanter -certains dâentre vous qui sont venus beaucoup me voir lâont compris- chanter, ce nâest pas un mĂ©tier, câest la façon que jâai trouvĂ©e pour traverser cette vie et câest ma façon Ă moi de dire Je tâaime aux gens. Câest en chantant. Câest un peu comme une deuxiĂšme façon de respirer.» đ€Â«Mon frĂšre mâavait donnĂ© rendez-vous ici ce soir et le destin en a dĂ©cidĂ© autrement. Je reçois depuis deux jours tellement de messages, de tĂ©moignages qui disent combien GĂ©rard Ă©tait aimĂ©, respectĂ© pour sa gentillesse, son empathie, mais aussi pour son intĂ©gritĂ©, sa rigueur morale et ses compĂ©tences Ă©videmment journalistiques, ça me fait chaud au cĆur et que ça attĂ©nue un peu la peine. Alors si il y a une chose dont je suis sĂ»r intimement ce soir, câest quâil aurait dĂ©testĂ© quâon soit triste, et quâil aurait dĂ©testĂ© surtout que je ne chante pas. Alors ce soir, je vais penser Ă sa femme Julie, Ă ses enfants Charlotte, Antoine, Mathieu , Ă leur famille, et puis si vous me permettez, je vais lui dĂ©dier ce concert, je vais chanter, chanter pour dire Ă mon frĂšre que je lâaime.» « Evidemment que je vais chanter » CrĂ©dit photo: @loicvenance AFP #lecoeuretlaplume #julienclerc #gerardleclerc
đ€ MalgrĂ© la mort brutale de son demi-frĂšre GĂ©rard Leclerc avant-hier, Julien Clerc a dĂ©cidĂ© de maintenir son concert ce soir Ă La Baule, concert auquel le journaliste devait assister⊠đ€ Jâavais beaucoup dâestime et de respect pour Gerard Leclerc, pour son intĂ©gritĂ© et son honnĂȘtetĂ© intellectuelle, pour sa grande pertinence, son implication, son dynamisme et sa maĂźtriseâŠ.et je voue Ă Julien Clerc une admiration telle que chaque fois ses concerts mâĂ©patent malgrĂ© ma parfaite connaissance et de son rĂ©pertoire et de son immense talent⊠Ce qui me frappe Ă chaque fois que je vais lâapplaudir, câest cet infini respect du public, quâon perçoit dans son exigence, sa technique et sa gĂ©nĂ©rosité⊠Tout est beau, incroyable, Ă©clatant dans ces concerts⊠Je me souviens dâune chanson dont il avait selon lui « raté » lâouverture Ă la Seine musicale et de la classe avec laquelle, stoppant les musiciens, il avait tenu Ă la recommencer (« Je vais vous la refaire, pardonnez-moi ») đ€ Les tours de chant de Julien Clerc sont pour moi, comme pour mes enfants -et jâen suis trĂšs fiĂšre - un rendez-vous incontournable pour ne pas dire immanquable⊠La dĂ©cision de lâartiste dâhonorer ce soir son engagement envers son public est bouleversante dâhumanitĂ©, dâamour pour son frĂšre pour qui, malgrĂ© tout il chantera, et de respect pour son travail et son public qui, jâen suis sĂ»re, saura soutenir cet immense artiste dans lâĂ©preuve vertigineuse quâil sâapprĂȘte Ă vivre⊠Chanter Melissa, Si on chantait, Ce nâest rien, Lily voulait aller danser⊠sourire, chanter avec le cĆur brisĂ©, tenir la voix, le texte, les notes⊠đ€ Ils sont si rares, aujourdâhui, les artistes et les hommes de cette trempe⊠Je serai Ă La Baule, ce soir, dans lâesprit et dans le cĆur et penserai aux proches de ce grand journaliste si joliment cĂ©lĂ©brĂ© đ€ #lecoeuretlaplume #julienclerc #gerardleclerc #artiste #concert @julienclercofficiel credit photo : AFP
đ€ Le capâtaine de mon adolescence⊠qui a changĂ© tant de choses⊠đ€ « Youâre only given a little sparkle of madness. You mustnât lose it» đ€ « La comĂ©die, câest mimer lâoptimisme »đ€ « If you are that depressed, reach out to someone . And remember, suicide is a permanent solution to a temporary problem »đ€ « I think the saddest people always try the hardest to make people happy because they know what it is like to feel absolutely worthless and they sonât want everyone else to feel like that. » đ€ « There is still a lot ro learn and there is always great stuff out there. Even mistakes can be wonderful »đ€ « The worst thing in life is not to end up all alone. The worst thing in life is to end up with people who make you feel alone. »đ€ « Everyone you meet is fighting a battle you know nothing about. Be kind. Always. » « No matter what people tell you, words and ideas can change the world. » đ€ « There are no rules. Just follow your heart.»đ€ #robinwilliams #lecoeuretlaplume #11aout #bestactor
đ€ Vous nous manquez, Madame⊠Mais je vous frĂ©quente souvent⊠et vous continuez Ă me nourrir, Ă me guider, Ă mâinspirer de loin ⊠Comme je vous admire, Madame⊠et comme je vous suis reconnaissante pour votre belle, farouche, immortelle lumiĂšreâŠđ€ #lecoeuretlaplume #giselehalimi #lumiere #feminisme #libertĂ©
đ€ Probablement ma chanson prĂ©fĂ©rĂ©e⊠je lâĂ©coute souvent, avec un plaisir intact⊠et je pense Ă son interprĂšte, irremplaçable, dont la voix et lâĂ©motion savent si bien mâenvoĂ»ter et qui me manque beaucoup depuis quâil a dĂ©cidĂ© dâarrĂȘter la scĂšne đ€ Souvenirs⊠Attention⊠Danger⊠J'ai trouvĂ© dans un cahier bleu d'Ă©colier Un vieux poĂšme Ă l'encre un peu dĂ©lavĂ©e Des mots d'amour couleur d'enfance et soudain Un prĂ©nom qui ne me dit rien Petite fille aux yeux si purs, mon amour Tablier rouge sur l'azur des beaux jours Le drapeau rouge sur la plage est levĂ© Souvenirs... Attention... Danger LĂ -bas, Marie-Louise coupe le bois LĂ -bas, la rĂ©sine embaume les toits LĂ -bas, le ciel est gris mais il fait beau quand mĂȘme LĂ -bas, l'Ă©cume des vagues joufflues LĂ -bas, traĂźne des prĂ©noms disparus LĂ -bas, le vent sur la dune a le cĆur Ă©mu Vieille plume Sergent-Major, mon amie Tes mots brillent comme de l'or dans la nuit Accrochant une balançoire au jardin Du prĂ©nom qui ne me dit rien Elle est tombĂ©e dans le fossĂ©, elle pleure Je lui donnerai un baiser tout Ă l'heure Dans le hangar, sous le camion, bien cachĂ©s Souvenirs... Attention... Danger LĂ -bas, Marie-Louise a les reins brisĂ©s LĂ -bas, la terre est dure Ă faire chanter LĂ -bas, les jours sont gris mais on est gai quand mĂȘme LĂ -bas, l'Ă©cume des vagues d'hier LĂ -bas, blanchit les cheveux de la mer LĂ -bas, le vent sur la dune a l'humeur amĂšre Une feuille de marronnier oubliĂ©e Entre deux feuilles de papier quadrillĂ© Un buvard, une tache d'encre et soudain Un prĂ©nom couleur de chagrin Petite fille aux yeux si purs, cheveux blonds Les annĂ©es ont dressĂ© un mur en bĂ©ton Sous le pont de tes jambes un autre est passĂ© Souvenirs... Attention... Danger LĂ -bas, Marie-Louise et le vieux cheval LĂ -bas, lisent mon nom dans le journal LĂ -bas, je vis loin d'eux mais je suis prĂšs quand mĂȘme LĂ -bas, de vagues vertes en vagues bleues LĂ -bas, l'ocĂ©an fait les gens heureux LĂ -bas, le vent sur la dune a les larmes aux yeux Dans ce cahier bleu j'ai puisĂ© l'Ă©motion Qui m'a aidĂ© Ă composer ma chanson DĂ©sormais je serai partout Ă©tranger Souvenirs... Attention... Danger #lecoeuretlaplume #sergelama #souvenirsattentiondanger #masterpiece
đ€ Il y a vingt ans, dans la nuit du 26 au 27 juillet, Bertrand Cantat, laissant dĂ©border sa violence possessive extrĂȘme, dĂ©figurait sa compagne Marie Trintignant et, aprĂšs lui avoir infligĂ© une pluie de coups mortels dâune Ă©pouvantable force, la laissait dans un coma profond, rendu irrĂ©versible par une absence de soins de plusieurs heures⊠Marie Trintignant sâest Ă©teinte quelques jours plus tard, laissant sa mĂšre dĂ©vastĂ©e, son pĂšre Ă jamais anĂ©anti, ses quatre enfants et le peuple français orphelins dâune Ă©toile đ€ Je me souviens du choc, avant une canicule historique, mais aussi du traitement indĂ©cent de ce quâon qualifiait encore de « crime passionnel »⊠je me souviens des mots «destin tragique», «coup de folie», «geste malheureux ayant entraĂźnĂ© une chute»⊠et du portrait si complaisant que certains journalistes ou artistes avaient dressĂ© alors du chanteur de Noir DĂ©sir dont on admirait, moi la premiĂšre, lâĂ©criture torturĂ©e, le chant sauvage, la prĂ©sence scĂ©nique⊠et celui, si indĂ©cent, quâon dressait dâune victime pas si blanche que ça, prĂ©tendument hystĂ©rique et humiliant son compagnonâŠĂ la fois trop fragile psychologiquement mais assez forte pour rendre un homme fou au point de la tuer⊠Il faut rĂ©Ă©couter les archives, Ă©difiantes, et rĂ©pugnantes đ€ Quand nous accepterons de quitter un si confortable dĂ©ni, de nommer correctement les choses et de les regarder en face, le monde, sortant dâun aveuglement suicidaire, ira un peu mieux: il nây avait rien de tragique dans cette nuit du 26 au 27 juillet 2003, puisque cette mort, ces coups, cette violence nâĂ©taient Ă©videmment pas inĂ©vitables ; il nây avait aucun destin, aucune fatalitĂ©, aucune histoire dĂ©jĂ Ă©crite mais un terrible corps Ă corps effroyablement dĂ©sĂ©quilibrĂ© qui a coĂ»tĂ© la vie Ă une femme dont le seul crime est dâavoir Ă©tĂ© libre, sĂ©duisante et talentueuse ; il nâexiste aucun crime passionnel, seulement des meurtres de pouvoir, de domination et de possession quâaucune romantisation nâattĂ©nuera jamais đ€ Marie Trintignant manque cruellement, douloureusement; son absence est intolĂ©rable ; je pense Ă elle souvent et Ă sa famille, aux siens, quâelle a tant Ă©blouisđ€ #lecoeuretlaplume #marietrintignant
đ€đ Ces deux-lĂ âŠ. Quand, il y a quelques annĂ©es dĂ©jĂ , je me dĂ©cidai Ă aborder Jean-Philippe Daguerre devant La Scala pour lui parler dâHaffmann, et quâil mâannonça quâil travaillait avec Pierre-Olivier Scotto sur une nouvelle piĂšce autour de MoliĂšre, jâavoue que jâai eu du mal Ă y croire tellement câĂ©tait fou pour moi⊠mais Le voyage de MoliĂšre existe, fruit de leur gĂ©nĂ©reuse et brillante collaboration, de leur plume si belle, si forte, si inventive qui puise directement dans leur cĆur les mots justes⊠Je tĂąche de rester objective, rĂ©ellement, indĂ©pendamment des liens affectifs qui me lient Ă ces deux-là ⊠et je ne le suis pas du tout, objective: je dois reconnaĂźtre que, bien malgrĂ© moi, je suis terriblement plus exigeante quand il sâagit de leur travail⊠je les aime trop, je les admire trop, je ne veux pas quâils me déçoivent⊠đđ€ Le voyage de MoliĂšre, je lâai fait cinq fois⊠pour vĂ©rifier et par plaisir ⊠et Ă chaque fois ce spectacle, ces mots, portĂ©s par ces comĂ©diens uniques, sublimĂ©s par une mise en scĂšne brillante, mâont doucement attrapĂ©e par le cĆur, sincĂšrement, profondĂ©ment bouleversĂ©e⊠ce dĂ©licieux tourbillon temporel, Ă©rudit et accessible, joyeux et tendre, virevoltant et dĂ©bordant dâhumanitĂ© me saisit et me dĂ©sarme Ă chaque voyage đ€đ Je me souviens de cette premiĂšre parisienne, le 22 octobre dernier, au Lucernaire⊠je me souviens de la dĂ©couverte de ce texte, dĂ©claration dâamour si humble et si touchante, au thĂ©Ăątre de troupe, Ă lâesprit du thĂ©Ăątre dont MoliĂšre Ă©tait le si fervent reprĂ©sentant⊠je me souviens du visage des acteurs (Charlotte, StĂ©phane, Teddy, VioletteâŠ) rayonnants de fatigue et de bonheur partagĂ© aprĂšs la reprĂ©sentation et je me souviens de lâheureuse rencontre familiale qui y est si joliment attachĂ©e ⊠Et toutes ces images, sur scĂšne et hors scĂšne, magnifiques dâhumanitĂ©, tous ces jolis souvenirs, je les dois Ă ces deux-lĂ , ces deux complices que jâaime et que jâadmire Ă©perdument, en toute objectivitĂ© đđ€ Le voyage de MoliĂšre est au thĂ©Ăątre du Chien qui fume Ă 12h35⊠câest beau, câest fort, câest immanquable đ€đ #lecoeuretlaplume #auteurs #theatre #pierreolivierscotto #jeanphilippedaguerre #levoyagedemoliere
đ€ Denise Bombardier est partie⊠et avec elle une plume combattante, juste, sincĂšre, et une voix forte, engagĂ©e et pertinente qui dĂ©fiaient lâhypocrisie, la bĂȘtise et la violence du monde et contribuaient Ă le rendre meilleur, du moins moins injuste, plus vrai, plus lumineux đ€ Si je nâĂ©tais pas toujours dâaccord avec toutes ses prises de positions, jâĂ©coutais et je lisais cette femme avec la mĂȘme admiration et le mĂȘme bonheur, partageant son amour farouche de la langue française, sa foi en la culture, son combat fĂ©ministe audacieux, sans concession, si pertinent et lâindĂ©pendance sans faille de ses convictions quâelle savait faire passer avant ses intĂ©rĂȘts propres, comme lors de cette intervention, certainement la plus cĂ©lĂšbre en France, sur le plateau dâApostrophe oĂč, portant la voix muselĂ©e de milliers de victimes face Ă celle, encensĂ©e, dâun prĂ©dateur intouchable, elle osa braver lâarrogance dâun Matzneff tout-puissant et la complaisance moqueuse de lâassemblĂ©e⊠Bousculant avec fermetĂ© et intĂ©gritĂ© lâomerta criminelle si confortable quâelle a dĂ©noncĂ©e sans vaciller, elle a fait preuve alors dâune sagesse et dâune maĂźtrise exemplaires qui, quand on sait son parcours personnel, forcent le plus grand respect et la plus grande reconnaissance đ€ ModĂšle dâengagement et de dĂ©termination, cette polĂ©miste redoutable au franc-parler intransigeant, constructif et courageux manquera⊠Son goĂ»t revendiquĂ© pour la controverse, pour le dĂ©bat intelligent et lâaudace remarquable de nombre de ses interventions, rĂ©flĂ©chies autant que courageuses, son tempĂ©rament fort, son verbe brillant, son humour, sa force, inspireront longtemps, jâespĂšre, celles et ceux Ă qui elle a ouvert avec tant de lumiĂšre la longue voie⊠pour mener comme elle « une vie sans peur et sans regret » đ€ #lecoeuretlaplume #denisebombardier #culture #feminisme #lumiere #pionniere #combat #languefrançaise
đ€đ Le bonheur est-il affaire de raison? Câest sur ce sujet quâont planchĂ© mes Ă©lĂšves, hier matin, pour leur Ă©preuve de philo⊠Le soir, comme une illustration de cette interrogation existentielle, Alex Lutz Ă©tait au ThĂ©Ăątre du ChĂątelet pour la 1ere des derniĂšres (pour de vrai) de son fabuleux 2eme spectacleâŠđđ€Inclassable, le seul en scĂšne est Ă lâimage, fascinante, de lâartiste: drĂŽle, intelligent, gĂ©nĂ©reux, fin, formidablement pertinent⊠en un mot phĂ©nomĂ©nal ! Ăvidemment la performance scĂ©nique est impressionnante: croquant les hommes et surtout les femmes comme personne, sans artifice aucun, remarquablement mis en scĂšne par Tom Dingler, Alex Lutz est tout Ă la fois un clown, un mime, un caricaturiste hors pair⊠Ăvidemment le pari fou de ponctuer ce spectacle dâintermĂšdes suspendus, Ă cheval, merveilleux surgissements poĂ©tiques dans cette folle comĂ©die humaine, (entrĂ©e en scĂšne imparableâŠ) participe au charme de cette proposition diablement originaleâŠđ€đ Ode Ă la vulnĂ©rabilitĂ©, le spectacle est surtout un hommage tendrement amusĂ© aux gens qui doutent, qui se dĂ©battent tant bien que mal avec le culte de la performance, de la rĂ©ussite et de la dĂ©monstration que lâĂ©poque impose: par sa galerie de portraits bouleversants de justesse et dâhumanitĂ©, il sâinscrit, dans son art de la caricature et de la nuance, dans sa clairvoyance et sa verve rĂ©solument comique, dans la lignĂ©e des comĂ©dies classiques : ne mĂ©nageant personne, surtout pas lui, Alex Lutz tend au public quâil bouscule gentiment un miroir Ă peine dĂ©formant de lâair du temps, de ses attachantes faiblesses et de ses dĂ©lirantes contradictions et, comme un certain Jean-Baptiste, lâinvite Ă rire de ses travers, de ses folies, de ses absurditĂ©s⊠pour mieux vivre et mieux se rĂ©concilier đđ€ Le bonheur est-il affaire de raison? Si jâĂ©coute ceux qui, me voyant retourner voir les spectacles que jâaime, me trouvent «franchement pas raisonnable», il faut croire que non⊠encore que la vĂ©ritable folie, Ă mon humble avis, serait de manquer ce spectacle⊠Affaire de raison? Affaire de cĆur? Le bonheur, hier soir, Ă©tait surtout affaire dâartiste, façon trĂšs grand Alex Lutz, đđ€ #lecoeuretlaplume #spectacle #alexlutz
đ€đ Hier soir, Ă lâespace Carpeaux de Courbevoie, on jouait La dĂ©licatesse de David Foenkinos : jâai soulignĂ© dĂ©jĂ la qualitĂ© prodigieuse de cette adaptation, par Thierry Surace, dâun roman ici sublimĂ© par lâincarnation si juste de ses personnages, par lâingĂ©niositĂ© et la poĂ©sie de sa mise en espace, par le soin et la subtilitĂ© de sa mise en scĂšne et lâinventivitĂ© des costumes et des dĂ©cors, par lâinterprĂ©tation lumineuse de ce trio de comĂ©diens inspirĂ©s, complices, dâune si Ă©vidente gĂ©nĂ©rositĂ©âŠ. Jâai dit lâimmense bonheur que ce fut de retrouver la pertinence de cette si jolie distribution⊠dâadmirer, dâĂ©couter lâirrĂ©sistible SĂ©lĂšne Assaf, fil conducteur de cette comĂ©die romantique dĂ©licieusement atypique quâon suivrait jusquâau bout du monde⊠jusquâĂ Uppsala mĂȘme⊠de guetter les interventions cocasses de JĂ©rĂŽme Schoof, formidable personnification de la voix off du livre (une des trouvailles gĂ©niales de la piĂšce), qui, tel un Jiminy Criquet facĂ©tieux , conscience bienveillante de lâhĂ©roĂŻne, ponctue lâhistoire de ses remarques complices avec le public⊠et dâapprĂ©cier le jeu unique de Jean Franco qui jongle avec les personnages et les pull-overs comme personne⊠đđ€ Je profite de lâoccasion pour poster ce clichĂ© souvenir du 30 avril dernier⊠CâĂ©tait pour la derniĂšre de la piĂšce au ThĂ©Ăątre de lâOeuvre⊠Jean le magnifique, qui mâavait dĂ©jĂ permis de re-re-re-revoir ce bijou et de le faire dĂ©couvrir Ă mon amie Marylene (qui a gentiment pris la photo) mâa Ă©galement fait le cadeau de ce souvenir amical ⊠Jâaime beaucoup le flou un peu onirique de cette photo et le souvenir chaleureux de la rencontre auquel elle est associĂ©e⊠Merci Jean ! đ€đ Au-delĂ de ses qualitĂ©s artistiques indĂ©niables, La dĂ©licatesse offre une parenthĂšse dâune douceur, dâune lĂ©gĂšretĂ© et dâune sensibilitĂ© si rassĂ©rĂ©nante⊠un moment de grĂące, dâhumour et de beautĂ© rares dont je ne me lasse dĂ©cidĂ©ment pas⊠Vivement la tournĂ©e ! đ€đ #lecoeuretlaplume #theatre #rencontre #ladelicatesse @jean.franco.714 @seleneassaf @jeromeschoof @s.thierry
đ€đ La pensĂ©e, la poĂ©sie et le politique, singulis passionnant, dâune rare pertinence, conçu dâaprĂšs les entretiens de Jack Ralite avec Karelle Menine; portĂ© au cĆur intime et dĂ©licat du Studio thĂ©Ăątre de la ComĂ©die Française par un Christian Gonon captivant, ce seul en scĂšne, au-delĂ de lâhommage trĂšs touchant fait Ă cet homme dâaction et de mots, se mue en un manifeste sobre et dense, point du tout austĂšre, pour la dĂ©fense de la culture, source de cohĂ©sion sociale si elle nâest ni Ă©litiste ni mercantile đ€đ Se glissant dans sa pensĂ©e «comme dans un habit de lumiĂšre», Christian Gonon, au centre dâune scĂšne presque vide, incarne et cĂ©lĂšbre, sans lâimiter, lâancien maire dâAubervilliers, dĂ©fenseur fervent, « enragé », des arts, proche dâAragon et de Vitez, qui sâest toujours appuyĂ© sur sa connaissance sensible des poĂštes pour enrichir et fonder son combat politique : dans un monologue qui , tel une prosopopĂ©e sans emphase, sâapparente Ă une conversation avec le public, il porte avec finesse, subtilitĂ© et conviction, les propos forts, puissants de cet homme passionnĂ© par la « chose publique » autant que par le thĂ©Ăątre et la poĂ©sie đđ€ PoncuĂ© de textes de Baudelaire, Saint-John Perse, PrĂ©vert ou Aragon, le singulis, magnifique portrait en creux, est dâune finesse absolument admirable, interrogeant et soulignant sans cesse le lien inextricable qui unit lâart et la sociĂ©tĂ©; au-delĂ de lâhommage Ă cet homme dâengagement dont le spectacle rappelle lâexigence intellectuelle et culturelle, câest la cĂ©lĂ©bration dâune certaine forme de pensĂ©e, en perpĂ©tuel mouvement, qui a lieu sur la scĂšne: la rĂ©flexion, dĂ©bat permanent avec soi et avec les autres, prend des allures de confession intime et gĂ©nĂ©reuse, viscĂ©ralement tournĂ©e vers lâautre et vers lâaction : « JâĂ©cris le mot âcommunisthmeâ avec âthâ, comme un isthme, parce que câest exactement ça»đđ€ Un bijou dâintelligence et dâhumanitĂ© conçu en collaboration avec Alain Lenglet, et qui se clot avec un point dâorgue collectif Ă©difiant, dont lâenjeu, proprement crucial, est « une rĂ©sistance puissante, entiĂšre et gĂ©nĂ©reuse » : indispensable đđ€ #lecoeuretlaplume #theatre #lapenseelapoesieetlepolitique @christiangonon
đ€The Queen is dead⊠Simply the best đ€ #lecoeuretlaplume #tinaturner #simplythebest #queen #legende
đ€ Le visage de la resistance et de la libertĂ© ⊠SALMAN RUSHDIE⊠đ€ « Les anges, quand il sâagit de volontĂ©, ils nâen ont pas beaucoup. La volontĂ©, câest de ne pas ĂȘtre dâaccord, de ne pas se soumettre , sâopposer » Versets sataniques đ€ «La seule maniĂšre de vivre dans une sociĂ©tĂ© libre, c'est d'avoir le sentiment d'avoir le droit de dire les choses.» đ€ « Ce quâil avait besoin de savoir prĂ©cisĂ©ment maintenant, câĂ©tait pourquoi il se battait. La libertĂ© de parole, la libertĂ© dâimagination, la fin de la peur et cet art ancien et magnifique quâil avait le privilĂšge de pratiquer. Mais aussi le scepticisme, lâirrĂ©vĂ©rence, le doute, la satire, la comĂ©die et la jubilation profane. Il ne flĂ©chirait jamais dans plus dans la dĂ©fense de toutes ces choses. » Joseph Anton, une autobiographie « Le terrorisme ne doit pas nous terroriser. La violence ne doit pas nous dissuader. La lutte continue. » DĂ©claration de Salman Rushdie au gala du PEN America le 18 mai 2023 « La littĂ©rature est incroyablement puissante ; les Ă©crivains sont faibles et ont besoin dâĂȘtre protĂ©gĂ©s » Interview de Salman Rushdie dans La Grande Librairie Photo Bryan Bedder / Gerry images / AFP #lecoeuretlaplume #salmanrushdie #liberte #courage #resistance #lumiere
đŹđŠLancement fort rĂ©ussi, Ă lâUGC Parly, du Cineclub, animĂ© par Dominique Legrand avec, pour dĂ©buter ce cycle sur la peur, Jaws, de Steven Spielberg ⊠Immense plaisir de replonger dans ce chef-dâĆuvre trĂšs librement inspirĂ© du roman de Peter Benchley, qui cosigne le scenario avec Carl Gottlieb, de revoir sur grand Ă©cran le 2Ăšme long-mĂ©trage du maĂźtre et de trembler Ă nouveau sur lâinoubliable thĂšme de sa bande-son emblĂ©matique signĂ©e John Williams (oscar de la meilleure partition originale pour ce film) ⊠đŠđŹ Intelligemment construit en diptyque, le film, sorti en 1975, tĂ©moigne dĂ©jĂ de lâincroyable maĂźtrise de Spielberg tant dans son langage cinĂ©matographique (cĂ©lĂšbre travelling compensĂ© entre autres) que dans sa direction dâacteurs⊠Dâabord axĂ© sur la citĂ© balnĂ©aire, le film bascule ensuite dans un huis clos maritime palpitant Ă bord de lâOrca⊠đŹđŠFilm de genre empruntant aux codes de la sĂ©rie B, du film dâaventure (la chasse au requin, Ă©pique, rappelle les grandes quĂȘtes mythologiques) du film dâhorreur (le monstre est dâabord suggĂ©rĂ© par une camĂ©ra subjective ; son surgissement est savamment prĂ©parĂ© par une mise en scĂšne de la peur proprement magistrale) et au film catastrophe (audacieuses trouvailles de mise en scĂšne, maitrise du rythme et justesse des personnages contribuant au rĂ©alisme saisissant de ce film tournĂ© en dĂ©cors naturels)đŹđŠPersonnage Ă part entiĂšre, la musique, quâon a tord de rĂ©duire Ă lâostinato cultissime, leitmotiv angoissant signalant la prĂ©sence invisible du requin, joue Ă©galement sur les silences ⊠à lâimage de ce thĂšme obsĂ©dant dâune simplicitĂ© redoutable, le film continue de fasciner par sa maĂźtrise et son efficacitĂ© đŹđŠĂ lâissue de la projection, Dominique Legrand est restĂ© pour contextualiser le film et raconter les conditions de tournage si Ă©prouvantes qui contribuent au mythe de ce film fondateur considĂ©rĂ© comme le premier blockbuster, tĂ©moin de lâimpressionnante crĂ©ativitĂ©, de la tĂ©nacitĂ© sans borne et du gĂ©nie de SpielbergâŠUn grand merci Ă lui pour cet Ă©change, Ă lâUGC Parly pour cette initiative passionnante et son chaleureux accueil, et Ă Alexis pour sa compagnie si rassurante đŠđŹ #lecoeuretlaplume #cinema #jaws