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« À la fin de l’enfance, voilà longtemps, vers l’âge de douze, treize ans, ça lui était tombé dessus : la sensation, impalpable et qui devait ne jamais plus le quitter, d’être banni de l’existence, pour être relégué non pas dans le néant ou dans l’au-delà, mais dans une sorte de retrait où il ne lui était offert de mener qu’une vie diminuée. »<br />- - - -<br />L’Autriche ne serait plus qu’une terre de silence. Taiseuse sur son passé, inquiète de son avenir, elle s’enfouit sous une bonhomie rurale ou une bourgeoisie rustaude, jusqu’à l’explosion. Oscillation, sans doute, après les rébellions trash façon Bernhard et Jelinek, elle semble vivre dans un nouvel étouffement ; elle a remis le couvercle sur une eau encore bouillante. Robert Seehalter fait parler les morts d’outre-tombe, Reinhard Kaiser-Mühlecker opte lui pour un mort en sursis : depuis l’adolescence, son personnage de Jakob tente chaque soir la roulette russe. Il perd, évidemment, ou gagne, question de point du vue. Vivant qu’il reste, il continue à labourer les arpents d’une ferme familiale en Haute-Autriche. <br />Tout est résigné et éteint, chiche, dans l’univers restreint à une vallée, « Il se tenait à la fenêtre de l’existence, et il attendait. » Jusqu’à l’arrivée de Katja, artiste en devenir, mais en rien paumée, pragmatique, qui remet d’aplomb des relations familiales distendues. Père, grand-mère, frère, sœur, et même un enfant, on se permet enfin de liquider les héritages, et d’avancer. Mais on avance à l’autrichienne, en laissant se remplir les nappes souterraines. On n’a pansé que la surface, dans un texte dont la force est de ne faire qu’effleurer les silences, ceux qui pèsent sur les générations d’après XXe siècle, de ne rien creuser de ce que les protagonistes eux-mêmes ont renoncé à creuser, de laisser gonfler les doutes, les manques, sur 350 pages à la hauteur d’un homme dont le récit semble poreux, instable. Anatomie d’un délitement, l’amour mal dit s’enferre, s’enferme, se mure : on est vraiment en Autriche.<br />- - - -<br />#litterature #litteratureautrichienne #gallimard #reinhardkaisermuehlecker #lecture #librairie #bibliotheque #instabook #bookstagram

« À la fin de l’enfance, voilà longtemps, vers l’âge de douze, treize ans, ça lui était tombé dessus : la sensation, impalpable et qui devait ne jamais plus le quitter, d’être banni de l’existence, pour être relégué non pas dans le néant ou dans l’au-delà, mais dans une sorte de retrait où il ne lui était offert de mener qu’une vie diminuée. »
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L’Autriche ne serait plus qu’une terre de silence. Taiseuse sur son passé, inquiète de son avenir, elle s’enfouit sous une bonhomie rurale ou une bourgeoisie rustaude, jusqu’à l’explosion. Oscillation, sans doute, après les rébellions trash façon Bernhard et Jelinek, elle semble vivre dans un nouvel étouffement ; elle a remis le couvercle sur une eau encore bouillante. Robert Seehalter fait parler les morts d’outre-tombe, Reinhard Kaiser-Mühlecker opte lui pour un mort en sursis : depuis l’adolescence, son personnage de Jakob tente chaque soir la roulette russe. Il perd, évidemment, ou gagne, question de point du vue. Vivant qu’il reste, il continue à labourer les arpents d’une ferme familiale en Haute-Autriche.
Tout est résigné et éteint, chiche, dans l’univers restreint à une vallée, « Il se tenait à la fenêtre de l’existence, et il attendait. » Jusqu’à l’arrivée de Katja, artiste en devenir, mais en rien paumée, pragmatique, qui remet d’aplomb des relations familiales distendues. Père, grand-mère, frère, sœur, et même un enfant, on se permet enfin de liquider les héritages, et d’avancer. Mais on avance à l’autrichienne, en laissant se remplir les nappes souterraines. On n’a pansé que la surface, dans un texte dont la force est de ne faire qu’effleurer les silences, ceux qui pèsent sur les générations d’après XXe siècle, de ne rien creuser de ce que les protagonistes eux-mêmes ont renoncé à creuser, de laisser gonfler les doutes, les manques, sur 350 pages à la hauteur d’un homme dont le récit semble poreux, instable. Anatomie d’un délitement, l’amour mal dit s’enferre, s’enferme, se mure : on est vraiment en Autriche.
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#litterature #litteratureautrichienne #gallimard #reinhardkaisermuehlecker #lecture #librairie #bibliotheque #instabook #bookstagram

4/28/2024, 9:56:00 AM